MIN JUNG-YEON
“L’oiseau est ici posé quelque part dans la forêt. On ne peut en voir que le détail du plumage, car l’animal est trop grand pour être appréhendé d’un seul regard…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Je me souviens avoir été marquée, enfant, par un rituel conduit par un chaman. Tout au long de la cérémonie, qui avait duré une journée entière, il dansait, habillé de blanc et les bras prolongés de longues plumes faites de rubans de papier : il symbolisait l’oiseau montrant le chemin au mort vers l’au-delà “. Avant de poursuivre ainsi : “J’ai voulu introduire dans la nature quelque chose d’industriel, venant d’ailleurs. C’est aussi une façon d’évoquer la différence, de mélanger bon et mauvais souvenir, mais dans une volonté de créer une forme d’harmonie entre les différents éléments”. Portées par une dynamique organique sans fin, ses oeuvres abordent les notions de réconciliation et des considérations sur le temps saisissantes. Elles révèlent des visitions en strates et des univers parallèles animés par une fluidité livrant des compositions en plans multiples. En effet, la démarche artistique de Min Jung-Yeon (Photo ci-dessous Crédit@DavidAymon Coutoisie@MinYungYeon&GalerieMariaLund) nous parle de mousses destructrices, de masses infinies et de mondes animaux qui s’imbriquent. Le regardeur appréciera ces peintures et dessins à l’encre de Chine qui selon les mots de l’artiste nous rappellent que dans son univers il n’y pas d’ordre, pas de limite puisque que pour elle la frontière entre la réalité et la fiction est inutile car il est possible de vivre pleinement dans un monde irréel. On aime tout particulièrement cette pratique qui nous renvoie à des lumières frêles mais aussi à l’aube suivant la nuit dans une force sans bornes nous conduisant au bord de la falaise. Mais aussi vers les travaux autour de la physique quantique de Carlo Rovelli !