ODONCHIMEG DAVAADORJ
“Je ne suis pas croyante ni pratiquante d’une religion, mais je crois aux relations entre les êtres et la nature auxquelles fait appel la pratique du chamanisme. Cela se retrouve dans mes dessins parce que je montre des relations entre des êtres et la nature, entre des corps humains et la nature…” a-t-elle déclaré récemment. Et d’ajouter : “J’ai toujours dessiné. J’ai grandi dans un environnement sans écran ni musée, ni galerie mais entourée par des animaux et de beaux paysages. J’ai commencé toute jeune à dessiner tous ces animaux, et plus tard, à l’adolescence, à créer des vêtements. Ma mère était couturière, j’étais curieuse.” Construit autour d’une mémoire affective, ses oeuvres nous parlent de terres natales et de tentatives d’enracinements mais aussi de figures maternelles fusionnantes, charnelles et dévorantes. Elles se déploient sur toutes sortes de supports et livrent les flux inextinguibles d’idées qui affluent dans l’esprit de l’artiste. En effet, la démarche artistique d’Odonchimeg Davaadorj (Photo ci-dessous Crédit@DR) se déploie sur une palette volontairement restreinte de rouges, de bleus et de noirs et où la nudité des corps canalise le regard sur l’essence des choses et du vivant. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants - s’étendant du dessin, à la peinture, à la video mais aussi à la performance - où des fils de coton relient souvent les oeuvres entre elles en nous renvoyant aux traditions mongoles. On aime tout particulièrement cette pratique nous révélant des corps sans tête dont on voit le coeur et les artères orientant la pensée vers les questions de l’exil et des racines. Et ce recours permanent à une poésie épousant la gestuelle de la broderie pour mieux dire ces dualités entre la force et la fragilité, entre la blessure et la mémoire. Celles nous renvoyant à la rage existentielle d’une Louis Bourgeois et à l’engagement littéraire de l’écrivain François Bon. A ce sujet, l’artiste livrera ceci : « Je pense qu'au bout d'un moment, on sent qu'une œuvre doit sortir. Si c'est un poème, il faut que je l'écrive. Si je n'arrive pas à écrire, il faut que je bouge, que je danse ou que je dessine ».