HERMANN NITSCH
“Le va-et-vient entre la réalité et la charge symbolique fait partie du jeu, de l’effet dramatique de mon théâtre” a-t-il expliqué un jour. Et d’ajouter : “Pour moi, l’art est une sorte de sacerdoce, depuis que les institutions religieuses traditionnelles ont perdu de leur envoûtement”. Avant de poursuivre : “Le concept de liberté est l’une des erreurs de la philosophie”. Consacrant un univers sacré, ensanglanté, coloré fait de la fascination pour la psychanalyse, les mythes antiques et la libération de l’individu, ses oeuvres nous parlent des corps comme des outils de création libérateurs des angoisses et des peurs inconscientes. Elles nous disent que le sang est un élément clé comme en témoignent, selon l’artiste, “les écrits d’Homère, de Virgile, dans la poésie des Grecs et des Romains, dans la tragédie grecque, dans l’Ancien et le Nouveau Testament, jusqu’aux époques modernes, dans l’expressionnisme, le surréalisme et, finalement, dans l’actionnisme.». En effet, la démarche artistique de Hermann Nitsch (Photo ci-dessous. Crédit@DR) livre un art de la contingence saisissant renforçant l’idée d’une relation picturale au sacré et aux formes qui l’entourent. Elle suggère les contours d’une violence symbolique marquée par la peinture religieuse avec sa cohorte de représentations de martyrs. Le regardeur appréciera ces travaux habités par une poésie lyrique et les grands mythes de l’Antiquité qui illustrent la tragédie humaine dans une réflexion existentialiste à l’essence profondément cathartique. On aime tout particulièrement cette démarche de nature dionysiaque transgressant les codes pour renouveler l’acte de création. Dans une combinaison de rituels et d’éléments liturgiques témoignant d’un axiome où l’art se veut unifié et composé de systèmes de valeurs intellectuelles, philosophiques, esthétiques et sociales !