CLÉMENT RODZIELSKI

Dans les vitrines : l’allongé secret. Le modèle vient d'abord qui invite à peindre. Corps au travail, mais tourné en lui-même, il se retire simultanément hors de la photographie. Il gouverne, invente la méthode, les manières de l’œil et dicte mes façons. Dans cette obscurité, la main devine. Ce dépôt de couleurs figurant : peu, une abstraction qui feint l’indifférence, la rêverie du modèle dont je suis le conduit, la caresse du papier... Les rapports s'inversent et dans le va-et- vient que ce dépôt produit : un portrait” a-t-il lu à haute voix commentant l’exposition. Et d’ajouter ceci en poursuivant la visite : “Sur les murs : des peintures sont sorties des écrans. Fonds orphelins, inhabités, abandonnés par l’industrie du divertissement. Ciels et sols, intérieurs jours, nuits, monochromes... autonomes, sans récit, sur eux tout s’agite. C'est mon pinceau qui fuit. Mises à jour, frémissements, démangeaisons : une peinture s'est posée sur une autre. Les traces qui s’inventent, qui effleurent ou pressent, sont le dessin animé que je projette devant moi”. Ses oeuvres nous parlent du sens tactile se substituant au sens de la vue qui manque dans une image de la vie intérieure du modèle dont l’artiste serait le conduit. En effet, la démarche artistique de Clément Rodzielski (Photo Ci-Dessous Crédit@Florian Kleinefenn) nous parle d’espaces laissés vides puis investis avec une peinture dont le fond se rêve ou se pense lui-même. Le regardeur appréciera ces peintures saisissantes faites sur des pages de magazines ou réalisées sur d’autres peintures ayant servi de fond de dessins animés japonais des années 1980-1990. On aime particulièrement cette pratique où la peinture est comme glissée dans un objet du quotidien à la manière d’un dépôt coloré faisant toujours face dans une double page qui est une publicité avec une figure aux yeux fermés. Et où, l’artiste mimant le modèle, a à son tour fermé les yeux. Avant de peindre avec les doigts !

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