BRÛLER
A la Médiathèque du Carré d’Art au 2, rue des Bois 91230 Montgeron /// Jusqu’au 1er février 2020 /// Exposition : BRÛLER
“De plus en plus, je conçois une exposition comme un paysage mental. Ce paysage est lié à une période de ma vie ou de celles de mes aïeux ainsi qu’à un endroit : une maison, un appartement, un village. Cet endroit intime se rapportant à mes souvenirs se confond alors au public, à la cité, à la banlieue, à la ville, à la Pologne…” nous confie-t-elle. Et d’ajouter ceci : “Il se mêle alors aussi, par porosité, à la question politique, à la place d’un HLM dans une ville ou encore à la violence de l’Histoire polonaise”. Ses pièces et ses installations portent toutes en elles ces éléments disparates dans leur matière et leur densité narrative en évoquant régulièrement les énoncés de Bachelard dans sa “Poétique de l’espace”. En effet, la démarche artistique d’Alicia Zaton (Photo ci-dessous Crédit@MaximeMassare) nous parle d’une recherche constante de la justesse dans une multiplicité de médiums et de formes réunis dans un langage très personnel baigné d’histoires où l’artiste se projette. Son rapport empirique à la matière révèle des oeuvres hybrides fonctionnant comme des reliques. Le visiteur appréciera ici - au coeur de cette remarquable exposition - un “retour aux sources” avec le feu comme rite de passage et les flammes réminiscentes de l’amour adolescent. Mais aussi cette “porte des enfers” médiévale ou foraine renvoyant à la ville de l’enfance d’Alicia. Le paysage est d’un coté une ligne d’horizon brûlé et de l’autre une transparence abordée à travers les rideaux de fenêtres d’une tour d’habitation. On aime tout particulièrement ce traitement de la matière revenant comme des souvenirs ou des visages ; où la cire signifie quelque chose lié à l’intime et au mystique ; ou encore le plâtre qui dit la douceur tandis que le verre lui nous renvoie à l’ordre de la conservation, de la larme. La dureté du monde elle revenant au métal et au bois brûlé. Cependant que l’artiste nous glisse ceci au sujet de ses dites reliques : “Elles sont des matières, des textes, des objets dont les formes importent peu finalement. Elles incarnent un passé retrouvé, imaginé, voir fictif. Mes pièces permettent leur incarnation. Elles sont ‘l’âme’ de mes sculptures, ce qui signifie également dans le langage de ce médium : l’ossature !”
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