CASANOVA

A la galerie Christophe Gaillard au 5, rue Chapon 75003 Paris /// Du 20 juin au 25 juillet 2020 /// Exposition : CASANOVA

Les remèdes aux plus grandes maladies ne se trouvent pas toujours dans la pharmacie (…) il n’y a jamais eu au monde des sorciers; mais leur pouvoir a toujours existé par rapport à ceux auxquels ils ont eu le talent de se faire croire tels…” a-t-il déclaré dernièrement citant Giacomo Casanova. Exprimant une réalité intangible et une gestuelle composite, ses oeuvres consacrent l’énigme et l’élucidation dans un entrelacement aux limites de l’absurde. Elles traitent de l’équivoque née de couches et de dissimulations dans un infra-mince qui dit autant l’oblitération que cette représentation dérisoire du réel où naissent ces oppositions vertigineuses des perspectives. Un effet, la démarche artistique de Thibault Hazelzet (Photo ci-dessous Crédit@MichelLunardelli) nous parle de ce mouvement saisissant d’inclusion dans une logique tautologique bercée de traces lacunaires et de troublantes réverbérations sémantiques. Mais aussi de paraphes en eaux troubles nous renvoyant à la parabole des aveugles et à l’idée de l’implosion. Le visiteur appréciera ici ces travaux tournés vers des phénomènes de distorsions déséquilibrant le moment et provoquant des réactions en chaîne construites sur l’éventualité d’un hasard. On aime tout particulièrement cette pratique au pouvoir énergétique croisant subrepticement la photographie, la peinture et la sculpture démultipliant - de manière presque orgiaque - les niveaux de lecture en conférant aux images une épaisseur mentale et conceptuelle sensible. Et ces interventions tumultueuses provisoires de l’artiste au bâton d’huile rappelant la présence virulente de corps et de fantômes. Se détachant lentement dans l’espace venant définir l’endroit !

T-Hazelzet-Portrait-Photo-Michel-Lunardelli-03-150.jpg

ANNIE LEIBOVITZ

Contrairement à ce que l’on peut croire, je suis très timide, pas du tout autoritaire. La photographie a été pour moi un outil de socialisation, qui m’a permis de découvrir l’autre et de garder une part d’imprévu….” a-t-elle confié il y a quelques années. Et d’ajouter : “La réalité abrupte est parfois plus étrange que la fiction, et mon travail est un mélange entre la mise en scène et des éléments de la vie réelle. Mes photos de reportage et celles de célébrités constituent un tout. Je ne fais que chroniquer ce que je vois - le pouvoir, la beauté, l’authenticité, le superficiel…d’une façon aussi conceptuelle qu’instinctive”. Avant de poursuivre ainsi : “La photo est un produit dérivé de la réalité; elle vous tient à distance des choses. Je n’ai pas deux vies distinctes. J’ai une vie, et les photos personnelles en font partie au même titre que les oeuvres de commande ”. Explorant l’importance de notre sentiment d’appartenance, ses dernières compositions inédites prises durant la période de confinement combinent de manière saisissante l’art du portrait et le photojournalisme. En effet, la démarche artistique d’Annie Leibovitz (Photo ci-dessous Crédit@AnnieLeibovitzNewYorkCity2017CoutesyThe artistandHauser&Wirth) nous parle de ce don de ”mettre quelque chose de la personne dans l’image” en immortalisant non seulement l’individu mais l’esprit de toute une époque. Mais aussi de démontrer l’ampleur du regard que l’artiste porte sur le monde. Le regardeur appréciera ces travaux démontrant cette aura obtenant de ses sujets qu’ils se plient à ses visions mais aussi cet étrange mélange entre jusqu’au-boutisme et simplicité rendant une image que personne d’autre n’arrive à réaliser. On aime tout particulièrement cette pratique et ce style intransigeants hors norme - racontant toujours des insatisfactions, des osmoses et des doutes - nous faisant nous remémorer curieusement ce cliché troublant de l’hélicoptère décollant de Richard Nixon venant de démissionner. Et laissant au sol trois gardes en train de plier le tapis rouge sous les remous pesant des pales. Exprimant cette métaphysique frontale des images - telles des traces indélébiles - ayant fait oublier parfois sa propre vie à l’artiste. Mais en mesure de dire tout, absolument tout !

image0.jpeg

CLÉMENT RODZIELSKI

Dans les vitrines : l’allongé secret. Le modèle vient d'abord qui invite à peindre. Corps au travail, mais tourné en lui-même, il se retire simultanément hors de la photographie. Il gouverne, invente la méthode, les manières de l’œil et dicte mes façons. Dans cette obscurité, la main devine. Ce dépôt de couleurs figurant : peu, une abstraction qui feint l’indifférence, la rêverie du modèle dont je suis le conduit, la caresse du papier... Les rapports s'inversent et dans le va-et- vient que ce dépôt produit : un portrait” a-t-il lu à haute voix commentant l’exposition. Et d’ajouter ceci en poursuivant la visite : “Sur les murs : des peintures sont sorties des écrans. Fonds orphelins, inhabités, abandonnés par l’industrie du divertissement. Ciels et sols, intérieurs jours, nuits, monochromes... autonomes, sans récit, sur eux tout s’agite. C'est mon pinceau qui fuit. Mises à jour, frémissements, démangeaisons : une peinture s'est posée sur une autre. Les traces qui s’inventent, qui effleurent ou pressent, sont le dessin animé que je projette devant moi”. Ses oeuvres nous parlent du sens tactile se substituant au sens de la vue qui manque dans une image de la vie intérieure du modèle dont l’artiste serait le conduit. En effet, la démarche artistique de Clément Rodzielski (Photo Ci-Dessous Crédit@Florian Kleinefenn) nous parle d’espaces laissés vides puis investis avec une peinture dont le fond se rêve ou se pense lui-même. Le regardeur appréciera ces peintures saisissantes faites sur des pages de magazines ou réalisées sur d’autres peintures ayant servi de fond de dessins animés japonais des années 1980-1990. On aime particulièrement cette pratique où la peinture est comme glissée dans un objet du quotidien à la manière d’un dépôt coloré faisant toujours face dans une double page qui est une publicité avec une figure aux yeux fermés. Et où, l’artiste mimant le modèle, a à son tour fermé les yeux. Avant de peindre avec les doigts !

PORTR_081814_ClementRodzielski_011.jpg

MARIE LELOUCHE

A travers toutes mes pièces, il y a quelque chose de l’ordre d’une fragilité, quelque chose qui va rester assez précaire, cela peut être la forme qui peut être une forme assez instable, ça peut être la matière comme la craie ou le carton pour parler de sculpture qui va être aussi assez précaire car dans la tradition sculpturale on est sur des formes qui passent les âges qui subissent les affres du temps et qui restent, quelque chose qui est de l’ordre du monument finalement…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter ceci : “Je m’intéresse à des choses qui parlent d’une précarité du monde, d’une précarité de notre conception des choses et souvent les matières que j’utilise parlent de ça”. Avant de poursuivre ainsi : “L’espace et le volume… C’est comme si j’avais cette affinité particulière et que je pouvais pas l’expliquer. Quand je pense, c’est toujours lié à ça, même si je fais un dessin les questionnements restent quand même autour de ces deux choses. C’est aussi de l’ordre de l’expérience. Car dans un espace on circule, quelque chose se passe dans la rencontre. Une part du spectateur est aussi importante. Ce que l’on retrouve dans les objets qui suscitent une manipulation et cela fait partie de ces choses que l’on oublie”. Ses oeuvres révèlent ces formes qui nous parlent directement, participant du fait qu’on les oublie et qu’on les pratique en même temps. En effet la démarche artistique de Marie Lelouche (Photo ci-dessous. Crédit@DR ) dévoile ces volumes et ces lignes à la fois si présents mais également absents. Le regardeur appréciera cet intérêt pour cette activation des choses dans une interaction constante et saisissante avec les oeuvres via une interrogation préalable du champ théorique. On aime particulièrement cette pratique tournée vers ces questions abstraites développant l’imaginaire dans un processus de création établi en plusieurs passages via une logique de recomposition. Mais aussi ces champs de références se situant du coté de la musique, de l’architecture, de l’ingénierie, des méthodologies dans une volonté d’enrichissement et une conception des choses toujours en mouvement !

Marie Lelouche.jpg

LESLIE SMITH III

Il existe de nombreuses façons dont les artistes arrivent à l’abstraction et j’ai toujours envié ceux qui y étaient dès le départ. Mon scénario a cependant beaucoup à voir avec une fuite de la figuration et une lente recherche de l’abstraction. L’abstraction était comme une maison où j’étais supposé être tout le temps. Elle m’offrait et continue de m’offrir une liberté que la peinture figurative ne pouvait pas me donner” a-t-il expliqué un jour. Et d’ajouter ceci : ”Cela étant dit, j’ai toujours attribué cette évolution à devenir plus sensible au rôle de la perception dans notre capacité à ressentir et à identifier quelque chose de réel. En ce sens, je considère le potentiel des abstractions dans le fonctionnement à la fois de manière figurative et abstraite”. Et de poursuivre ainsi : “Peut-être que ces parties individuelles peuvent être considérées comme traitant des traditions de l’abstraction, mais la somme de ces parties doit évoquer une expérience qui nous convie à éprouver quelque chose de réel, quelque chose que nous aurions déjà ressenti auparavant. Un sentiment que nous avons partagé inconsciemment avec quelqu’un d’autre”. Utilisant des titres aidant à les contextualiser, ses oeuvres - établies souvent en séries - engagent un dialogue avec le regardeur confronté à une expérience visuelle révélant la question du doute soumise aux injonctions des circonstances. En effet, la démarche artistique de Leslie Smith III (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous parle d’échanges bilatéraux et de la confrontation de vides adjacents. Le spectateur appréciera ici ces peintures évoquant une déstigmatisation de l’altérité. On aime tout particulièrement cette pratique livrant des espaces distinctifs ne dépendant pas des perspectives tridimensionnelles traditionnelles. Et ces plis linéaires saisissants reflétant une intention de politiser l’abstraction dans un intérêt de placer la perception comme facteur déterminant de notre relation culturelle et d’une forme d’acception historique !

Leslie_Smith_III_H2.jpg

SARAH SZE

La sculpture déborde de son champ dans le monde d’une manière très complexe qui n’est pas lié à son cadre. En peinture, le monde se déverse dans le cadre et parfois, nous confondons ce cadre avec le monde...” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Chaque œuvre est comme un site témoignant d’un certain comportement – un effort visant à donner une signification, à acquérir des connaissances ou à créer un sentiment d’intimité à travers le monde matériel… C’est un modèle en perpétuelle évolution, au point qu’un site donne l’impression d’être vivant.” Interrogeant le degré de complexité de leur production, ses oeuvres soulèvent des questions sur les rapports d’échelles et semblent commenter notre rapport au monde. Derrière leur caractère mouvant et chaotique, se profile une métaphore de la ville dans un tissu urbain où opère une litanie d’objets étourdissante. En effet, la démarche artistique de Sarah Sze (Photo ci-dessous Crédit@CourtesySarahSze&Gagosian) développe des systèmes labyrinthiques mêlant petite pacotille et quincaillerie dans une perspective macroscopique de l’infini. Le regardeur appréciera ces constructions texturales et installations saisissantes recourant à l’huile, au polymère acrylique, au papier d’archives, aux punaises, à la ficelle, au graphite et au bois. On aime tout particulièrement cette pratique immersive s’emparant de morceaux de photographies déchirés dans des montages bricolés d’actions et un processus d’accumulation sculpturale révélant une approche biologique et transitoire. Dans des touts interrompus non finis ouvrant sur des espaces de vies et des topographies investies de nouveaux sens !

2_SZE_Portrait of Sarah (In Studio)_First-video.jpg

PHILIP-LORCA DICORCIA

Je ne cherche pas à prendre un cliché sur le vif ni à créer des mises en scène cinématographiques comme sur un plateau de tournage. Je cherche à éliminer les clichés. Je cherche à savoir comment on peut comprendre les gens. Dans mes photographies, les gens ne sont pas eux-mêmes, ils sont représentatifs d'un état du genre humain” a-t-il- confié un jour. Et d’ajouter ceci : “Quand j'arrive dans un lieu, je détermine l'angle de vue. A partir de là, je place une batterie de flashs sur des lampadaires ou des façades d'immeubles. Ils sont synchronisés avec mon appareil photo par un radio-transmetteur. Je teste un instant les lumières avec un Polaroid. Puis je photographie tout ce qui se passe”. Avant de poursuivre ainsi : “Je capture les moments où rien ne se passe, je ne m'intéresse pas aux événements”. Dans une attention aigüe portée aux détails, ses oeuvres expriment une narration se traduisant par des images instables et non fixées qui pointent dans certaines directions mais ne fournissent jamais une carte définitive. Elles associent une impression d’immobilité totale au sentiment apparemment contradictoire d’être témoin d’un moment fugace. En effet, la démarche artistique de Philip-Lorca diCorcia (Photo ci-dessous Crédit@NorbertMigulet-SchirnKunsthalleFrankfurt2013) nous parle d’une photographie qui n’est pas nécessairement un artefact documentant une tranche de temps spécifique. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants nous informant qu’une photographie doit plutôt résulter d’une planification et d’une orchestration minutieuses. Sans avoir à propager une vérité morale ou susciter un changement social. On aime tout particulièrement cette pratique revigorant le genre et cet aspect cinématique dénonçant - via le regard triste d’une passante dans la foule ou la posture désabusée d’un gigolo pris dans une bousculade - les mensonges d’un rêve américain prostitué !

Philip-Lorca diCorcia  Photo: Norbert Miguletz    © Schirn Kunsthalle Frankfurt 2013 .jpg

JOACHIM BANDAU

Ses dessins au graphite hachurés répétitifs, ses aquarelles noires et ses mers de plomb révèlent des séances de travail herculéennes s’écoulant parfois sur plusieurs mois ou de longues années. Nous tenant à distance d’un état de conscience éloigné, ses sculptures récréent des murs, des ombres, des sols et des fenêtres, gris sur gris, évoquant cette idée de collision visuelle en cours et à venir. Chargées de symbolismes, ses oeuvres nous invitent, dans leur fragilité et leur troublante liquidité - à un décodage à l’envers. Se soumettant à la somme focale d’un champ noir uni, chacune des couches de ses peintures livre des balayages profonds se chevauchant dans une inégale irrégularité. En effet, la démarche artistique de Joachim Bandau (Photo ci-dessous Crédit@DR) mêle des divisions d’espaces et des interruptions sculpturales dans l’addition constante de lavis rectilignes transparents de gris sur un autre. Elle nous parle, dans les creux d’une fausse opacité, de “photographies” accidentelles en accéléré. Le regardeur appréciera, ces travaux marqués par la forme du contour impliquant l’oeil dans des types de détails très disparates faisant du profil extérieur de chaque pièce un ingrédient actif. Mais aussi cet effort inouï consacré aux sculptures dans des variations abstraites comme dans un exercice permanent de reconstruction exagérée. On aime tout particulièrement ces éclats de grisailles, ces cocons en acier, ces empilements sombres saisissants - dans une utilisation de l’uniformité accrue - nous confrontant à des concepts structurels et spatiaux parcourus d’indices noyés dans des paysages apparemment vides. Et cette densité née de la conception de plans aléatoires faisant par moment autant écho aux compositions suprématistes de Malévitch qu’à de vaines tentatives d’orchestration d’idéaux s’exprimant dans des jaunes diaphanes bercés de décalages infimes !

IMG_0620.JPG

NIELE TORONI

Depuis 1966, je me sers de pinceaux plats, larges de 5 cm, que j’applique sur une surface donnée à intervalles réguliers de 30 centimètres. » a-t-il confié récemment. Et d’ajouter ceci : “Je suis bêtement peintre. Je ne visualise pas des idées : j’applique un pinceau, des empreintes de pinceau deviennent visibles et cela peut donner des idées. Ce n’est pas moi qui laisse une empreinte, c’est un pinceau n°50…” Entreprise de démystification de l’art dans un refus de déroger à ce système infiniment répété, ses oeuvres affirment l’existence de la peinture en tant que telle. Déterminant sa peinture comme un geste de non-recouvrement d’une surface, l’artiste définit littéralement ce qui est donné à voir. En effet, la démarche artiste de Niele Toroni (Photo ci-dessous Crédit@SwissInstitutNewYork) nous dit que la peinture ne délivre aucun message et n’est rien d’autre que ce qu’elle est matériellement. Elle cherche à établir son autonomie et à l’affranchir de toute représentation. Le regardeur appréciera cette méthode immuable saisissante appliquée sur tout type de supports qui souligne que l’oeuvre doit être vue du premier coup d’oeil. On aime tout particulièrement cette pratique radicale donnant à voir la peinture dans son essence, son essentialité et livrant les symboles d’un temps qui passe. Et ces alignements hypnothiques de points monochromes ou polychromes nous disant qu’une empreinte n’est jamais seule. Et que l’illusion n’est finalement qu’une interprétation fallacieuse de ce que l’on perçoit !

Niele Toroni_copyright Swiss Institute New York.png

MIRIAM CAHN

Ce qui me fascine dans la peinture, c’est vraiment ce mélange entre naturalisme, réalisme et ce que je n’appelle pas abstrait mais primitivité. C’est simple comme un enfant qui fait une tête ronde et c’est pourtant très expressif. Dans mes tableaux j’aimerais représenter ce qui nous intrigue, ce qui nous met mal à l’aise. Lorsque je suis à hauteur d’yeux, suis-je un personnage primitif ou suis-je un personnage plus développé avec tout ce que cela implique ? Et comment reconnaître une femme d’un homme… ?” a-t-elle confié il y a quelques années. Et d’ajouter : “Ce que je trouve intéressant dans l’art, c’est de pouvoir témoigner de sa solidarité sans sombrer dans le kitsch politique. Je crois que l’espace joue un rôle très important. Aujourd’hui on a pu voir les gens s’enfuir et errer le long de la route des Balkans avec leurs bagages. Là on découvre leur espace, la longueur sans fin que ça implique…” Et de poursuivre ainsi : J’aime beaucoup la littérature française, Marguerite Duras, Michel Houellebecq… Mais j’ai très peu de livres d’art. L’art, je ne le lis pas, je le fais !”. Livrant dans un trait énergique des portraits et des figures humaines d’une troublante intensité, ses oeuvres imposantes s’emparent de sujets politiques mais aussi d’architectures menaçantes, du droit des réfugiés. En effet, la démarche artistique de Miriam Cahn (Photo ci-dessous Crédit@DR) porte un regard féministe sur un monde habité par des image de guerre ou l’histoire de sa famille via des peintures à l’huile aux couleurs envoûtantes, des sculptures, des travaux expressifs sur papier qui placent l’autodéterminaltion en principe absolu. Le regardeur appréciera cette pratique qui dévoile l’implication de l’artiste dans des mouvements pacifistes et qui figure l’individu aux prises avec l’histoire. On aime particulièrement cette gestuelle où le trait est sûr et fort et les formes parfois éruptives qu’elle suscite. Mais également ce réseau insatiable de lignes qui rendent visible la tension entre geste libéré et conditionné !

_Y9S5639.jpg

ERNEST BRELEUR

Les questions que je me pose sont certes philosophiques, mais elles concernent aussi et surtout une certaine approche de la sculpture. Je donne corps à mon projet sculptural. Une ambition, donner forme au vide. Mes sculptures donnent à voir le moins de matière possible… “ a-t-il confié dernièrement. Et d’ajouter : “Je me plais à imaginer le champ des possibles ouverts par ces velléités et tentatives de vie menées par ces cellules anonymes, dans leur élan à se transformer en espèces, en entités différentes”. Avant de poursuivre ainsi : “Il me semble qu’une poétique singulière tout comme une poÏétique habite la terre dans ces moments de la genèse du vivant. La Lumière se combine avec je ne sais trop quoi dans ces diverses accessions à la vie”. Au carrefour de la vie, du végétal, de l’animal, ses oeuvres se métissent et se croisent pour engendrer des êtres au monde. Elles sous-tendent dans leur élaboration, le processus de “laméllisation” où surgit la question du vide tant du point de vue sculptural que du point de vue philosophique. En effet, la démarche artistique d’Ernest Breleur (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous dit qu’il n’est point question de mimer ou encore de trouver une explication au surgissement de l’être au monde mais de mettre en évidence une poétique du monde se peuplant. Le regardeur appréciera ces travaux dévoilant une métaphorisation de la génèse et cette frénésie de l’accès à la vie en même temps que la différenciation de chaque candidat à la vie. On aime particulièrement cette pratique livrant un univers étrange dans une profusion de formes saisissantes et sans contrainte de représentation. Mais aussi et surtout cette légère sculpture irisée sans titre de la série Féminin combinant collages, radiographies, duplicatas de radiographies colorés, plastiques colorés et agrafes. Nous suggérant cette terreur venue de l’impensable, ce vertige de l’en-dehors et ces mémento mori nous invitant vers de lointaines contrées !

Breleur16_20160115_174 JLDL.jpg

HERMANN NITSCH

Le va-et-vient entre la réalité et la charge symbolique fait partie du jeu, de l’effet dramatique de mon théâtre” a-t-il expliqué un jour. Et d’ajouter : “Pour moi, l’art est une sorte de sacerdoce, depuis que les institutions religieuses traditionnelles ont perdu de leur envoûtement”. Avant de poursuivre : “Le concept de liberté est l’une des erreurs de la philosophie”. Consacrant un univers sacré, ensanglanté, coloré fait de la fascination pour la psychanalyse, les mythes antiques et la libération de l’individu, ses oeuvres nous parlent des corps comme des outils de création libérateurs des angoisses et des peurs inconscientes. Elles nous disent que le sang est un élément clé comme en témoignent, selon l’artiste, “les écrits d’Homère, de Virgile, dans la poésie des Grecs et des Romains, dans la tragédie grecque, dans l’Ancien et le Nouveau Testament, jusqu’aux époques modernes, dans l’expressionnisme, le surréalisme et, finalement, dans l’actionnisme.». En effet, la démarche artistique de Hermann Nitsch (Photo ci-dessous. Crédit@DR) livre un art de la contingence saisissant renforçant l’idée d’une relation picturale au sacré et aux formes qui l’entourent. Elle suggère les contours d’une violence symbolique marquée par la peinture religieuse avec sa cohorte de représentations de martyrs. Le regardeur appréciera ces travaux habités par une poésie lyrique et les grands mythes de l’Antiquité qui illustrent la tragédie humaine dans une réflexion existentialiste à l’essence profondément cathartique. On aime tout particulièrement cette démarche de nature dionysiaque transgressant les codes pour renouveler l’acte de création. Dans une combinaison de rituels et d’éléments liturgiques témoignant d’un axiome où l’art se veut unifié et composé de systèmes de valeurs intellectuelles, philosophiques, esthétiques et sociales !

portrait_Nitsch.jpg

MOUNIR FATMI

Mon travail concerne avant tout le langage, l’écrit, les écritures que ce soit la philosophie, les textes religieux ou autres. Ce qui m’intéresse quand je travaille avec le Coran, c’est qu’il peut être aussi un livre d’histoire. Peut-être aussi un livre d’archives. Il n’y a pas que les religieux qui ont le droit de l’utiliser. Les historiens, les artistes, les journalistes peuvent le faire aussi…” a-t-il déclaré récemment. Et d’ajouter : “Ma démarche est liée à plusieurs sujets mais si je résume on peut dire que c’est un travail sur trois éléments : le langage, l’architecture et la machine. La machine représente beaucoup de choses, ce n’est pas seulement l’industriel, c’est aussi la politique, la religion et tous les systèmes qui s’installent et qui font en sorte de nous contrôler”. Avant de poursuivre ainsi : “On est artiste mais aussi citoyen, aussi père de famille et aussi critique. Le changement ne vient que dans la mesure où il y a une pensée critique qui repoussera les limites que l’on a posées nous-mêmes”. Questionnant les mécanismes illusoires qui nous lient à la technologie et aux idéologies, ses oeuvres saisissantes interrogent le statut de l’oeuvre d’art entre archive et archéologie. Elles s’appuient sur les matériaux en cours d’obsolescence ou à l’avenir incertain. En effet, la démarche artistique de Mounir Fatmi (Photo ci-dessous Crédit@CéciliaGarroniParisi) remet en question le transfert des connaissances et relève un intérêt pour la fabrication d’images-messages ainsi que les notions de perte et de transmission. Le regardeur appréciera ces travaux épris de liberté traitant de la désacralisation de l’objet religieux et de la fin des dogmes. On aime tout particulièrement cette pratique tournée vers l’exploration des rapports entre l’individu et le groupe. Et cet éveil artistique marqué par la gestuelle de Brion Gysin sur la calligraphie ou encore le regard de Paul Bowles. A ce titre, l’artiste confiera ceci : “Je suis quelqu’un en déplacement permanent, même mental. Je n’ai pas de nostalgie, pas de lien avec un lieu, je peux être ici aujourd’hui et ailleurs demain, je sais que tout est fragile, rien ne peux résister au temps et aux changements qui arrivent autour de nous. Je me présente toujours comme un travailleur immigré. Je travaille, je voyage, j’expose là où on m’invite” !

mounir fatmi-©Cecilia Garroni Parisi-2015.jpg

BENJAMIN SABATIER

Il est important que dans le trajet de la création, j’ai la possibilité de changer de schéma, de bifurquer, qu’il y ait des déplacements dans les formes. Je ne cherche pas à appréhender une pièce de manière empirique…” a-t-il déclaré dernièrement. Et d’ajouter : “ Pour moi une œuvre "fonctionne" quand elle arrive à parler avec simplicité de choses compliquées. On pourrait définir cela par le terme de "fulgurance", par quelque chose qui s'impose à soi comme une chose de "naturel". Une œuvre est réussie quand tout ce qui la compose se retrouve nécessaire en son sein. En fait c'est peut-être ce mot de "nécessité" qui est le plus récurrent dans mon travail”. Et de poursuivre ainsi : “J’aime comprendre la nature d’une œuvre d’art produite selon les modèles économiques et commerciaux d’aujourd’hui. Les matériaux et les objets que j'utilise, qui sont toujours issus de notre univers immédiat, que ce soient des résidus issus de la surproduction ou de la consommation de masse. Mon travail plastique permet de me situer dans le monde. Les objets que je fabrique sont autant des pistes pour comprendre notre environnement. Grâce à eux je parviens à me positionner, à prendre parti”. Fondées sur une expérimentation sans relâche, ses sculptures permettent de pointer la valeur-travail et la valeur-marchande de l’oeuvre. Conservant un moment donné et gardant la trace d’une mémoire, elles portent en elles un aspect critique saisissant. En effet, la démarche artistique de Benjamin Sabatier (Photo ci-dessous Crédit@DR) questionne l’oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique et interroge de manière récurrente le concept de travail. Le regardeur appréciera ces variations concrètes - via des assemblages au sol, des collages, des sculptures murales - associant le béton, le bois brûlé, l’encre de Chine, des billes et des papiers collés sur toiles. On aime tout particulièrement cette pratique révélant ces fragments déchirés de papier coloré industriellement que l’artiste a marouflé sur toile avec de la colle à tapisserie, puis recouvert d’encre de Chine à l’éponge. Mais aussi cette éthique du Do It Yourself fondée sur l’idée d’une autosuffisance économique !

IMG_0244.jpg

TONY MATELLI

La mauvaise herbe est un triomphe et un échec à la fois. Les mauvaises herbes persistent ; vous ne pouvez pas les tuer. Elles célèbrent les indésirables. Elles sont déchets et vie à la fois” a-t-il déclaré récemment. Et d’ajouter ceci : “Je ne pense pas les trois dimensions, je me considère moins comme un sculpteur que comme un faiseur d’image, que je colle et déplace.” Avant de poursuivre ainsi : “Une mauvaise herbe ne serait pas une mauvaise herbe, si elle était au bon endroit”. Destinées à être perçues en tant que telles puis en tant qu’oeuvres d’art, ses oeuvres fonctionnent par-delà la critique institutionnelle. Elles agissent comme des métaphores pour les classifications générales de l’intérêt, de la hiérarchie, de la valeur et de la dignité. En effet, la démarche artistique de Tony Matelli (Photo ci-dessus Crédit@DR) nous parle en quelque sorte de productions “résistant à la décoration” dans la mesure où elle offre une friction entre l’espace et nos corps. Quand l’artiste installe ses oeuvres qui se répètent dans le temps avec de petites différences, il y a comme une stratégie de minimalisme soulignant que ce que l’on voit est ce que l’on voit. Le regardeur appréciera ces sculptures saisissantes de Weeds - sous forme d’installation - représentant dans les moindres détails et à l’échelle originale ce que le titre implique. On aime tout particulièrement cette pratique montrant ces reproductions en bronze de plantes indésirables et envahissantes qui persévèrent et poussent en marge d’un espace sans discipline. Evoquant également non seulement la vanité, des spécimens doués de vertus didactiques mais surtout des expériences situationnellement orientées. Ou davantage encore, des instants de vie faits d’interactions silencieuses marquées par le parti pris d’un hyperréaliste étourdissant. Nous rapprochant des aspects les plus absurdes de la vie dans un sentiment de déconnexion, de retrait puis d’isolement !

Capture d’écran 2020-05-15 à 15.14.52.png

ODONCHIMEG DAVAADORJ

Je ne suis pas croyante ni pratiquante d’une religion, mais je crois aux relations entre les êtres et la nature auxquelles fait appel la pratique du chamanisme. Cela se retrouve dans mes dessins parce que je montre des relations entre des êtres et la nature, entre des corps humains et la nature…” a-t-elle déclaré récemment. Et d’ajouter : “J’ai toujours dessiné. J’ai grandi dans un environnement sans écran ni musée, ni galerie mais entourée par des animaux et de beaux paysages. J’ai commencé toute jeune à dessiner tous ces animaux, et plus tard, à l’adolescence, à créer des vêtements. Ma mère était couturière, j’étais curieuse.” Construit autour d’une mémoire affective, ses oeuvres nous parlent de terres natales et de tentatives d’enracinements mais aussi de figures maternelles fusionnantes, charnelles et dévorantes. Elles se déploient sur toutes sortes de supports et livrent les flux inextinguibles d’idées qui affluent dans l’esprit de l’artiste. En effet, la démarche artistique d’Odonchimeg Davaadorj (Photo ci-dessous Crédit@DR) se déploie sur une palette volontairement restreinte de rouges, de bleus et de noirs et où la nudité des corps canalise le regard sur l’essence des choses et du vivant. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants - s’étendant du dessin, à la peinture, à la video mais aussi à la performance - où des fils de coton relient souvent les oeuvres entre elles en nous renvoyant aux traditions mongoles. On aime tout particulièrement cette pratique nous révélant des corps sans tête dont on voit le coeur et les artères orientant la pensée vers les questions de l’exil et des racines. Et ce recours permanent à une poésie épousant la gestuelle de la broderie pour mieux dire ces dualités entre la force et la fragilité, entre la blessure et la mémoire. Celles nous renvoyant à la rage existentielle d’une Louis Bourgeois et à l’engagement littéraire de l’écrivain François Bon. A ce sujet, l’artiste livrera ceci : « Je pense qu'au bout d'un moment, on sent qu'une œuvre doit sortir. Si c'est un poème, il faut que je l'écrive. Si je n'arrive pas à écrire, il faut que je bouge, que je danse ou que je dessine ».

img2 (1).jpg

MIN JUNG-YEON



L’oiseau est ici posé quelque part dans la forêt. On ne peut en voir que le détail du plumage, car l’animal est trop grand pour être appréhendé d’un seul regard…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Je me souviens avoir été marquée, enfant, par un rituel conduit par un chaman. Tout au long de la cérémonie, qui avait duré une journée entière, il dansait, habillé de blanc et les bras prolongés de longues plumes faites de rubans de papier : il symbolisait l’oiseau montrant le chemin au mort vers l’au-delà “. Avant de poursuivre ainsi : “J’ai voulu introduire dans la nature quelque chose d’industriel, venant d’ailleurs. C’est aussi une façon d’évoquer la différence, de mélanger bon et mauvais souvenir, mais dans une volonté de créer une forme d’harmonie entre les différents éléments”. Portées par une dynamique organique sans fin, ses oeuvres abordent les notions de réconciliation et des considérations sur le temps saisissantes. Elles révèlent des visitions en strates et des univers parallèles animés par une fluidité livrant des compositions en plans multiples. En effet, la démarche artistique de Min Jung-Yeon (Photo ci-dessous Crédit@DavidAymon Coutoisie@MinYungYeon&GalerieMariaLund) nous parle de mousses destructrices, de masses infinies et de mondes animaux qui s’imbriquent. Le regardeur appréciera ces peintures et dessins à l’encre de Chine qui selon les mots de l’artiste nous rappellent que dans son univers il n’y pas d’ordre, pas de limite puisque que pour elle la frontière entre la réalité et la fiction est inutile car il est possible de vivre pleinement dans un monde irréel. On aime tout particulièrement cette pratique qui nous renvoie à des lumières frêles mais aussi à l’aube suivant la nuit dans une force sans bornes nous conduisant au bord de la falaise. Mais aussi vers les travaux autour de la physique quantique de Carlo Rovelli !


mail_13_Min Jung Yeon dans son atelier  Ti ssage en cours d élaboration_aout 2019.jpg



SÉBASTIEN REUZÉ

La vue narrative, en plongée, d’une tasse de café, sur laquelle sont posées des tasses est imprimée en sets de table. Par cette mise en abîme, l’image fait office de trompe -l’oeil. Elle est aussi utile, manipulable sans soin particulier, gratuite, consommable et jetable, étant reproduite en très grand nombre…” a-t-il déclaré un jour. Et d’ajouter : “Depuis 2016, je développe une réflexion sur la tradition du coucher de soleil dans le champs de la représentation photographique”. Ses oeuvres constituent une recherche sur la sémantique de la couleur et sur le statut d’un objet figuré lorsque le protocole de prise de vue ou l’’image se répète. Tournées vers les possibles du tirage analogique, elles traitent de la fascination et des croyances religieuses pour le soleil comme origine de tout. En effet, la démarche artistique de Sébastien Reuzé (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous parle de la contemplation du phénomène céleste et de sa récupération par les codes de la communication synonymes d’exotisme et d’extase. Elle invite à élargir les usages qui sont faits de la photographie en nous rappelant que le grand soin apporté généralement aux photographies est dû à la fragilité, à la vulnérabilité des supports avec des marchés qui nous habituent à un nombre réduit d’exemplaires. Le regardeur appréciera ces retouches saisissantes opérées sur des prises de vues troublant le réalisme apparent des images. On aime tout particulièrement cette pratique nous montrant autrement la base aérienne américaine d’Indian Springs dans le Nevada et ce quotient fonctionnel des images dans leur capacité à orienter la lecture, la pensée, la réaction vers une histoire, une fiction ou une transformation intellectuelle du réel. Nous renvoyant dans le Surrey, à coté de Webridge. Cette banlieue qui avait inspiré en son temps quelques étonnants récits du grand J.G. Ballard !

Se?bastien Reuze? 11 mai  2020 (©Romain Reuzé).jpg

EDOUARD WOLTON

Mes tableaux sont, dans la majorité, entièrement construits et inventés. Je ne travaille quasiment jamais directement d’après photographie. Ce double sens de “vision” est en effet en relation directe avec la manière dont j’envisage ma peinture…” a-t-il confié récemment. Et d’ajouter : “Mon univers artistique se présente dans un premier temps comme une expérience visuelle qui s’ouvre vers un univers plus théorisé”. Prise comme une forme de “véhicule”, sa peinture - accompagnée d’autres médiums pour illustrer son propos - livre un ensemble parfaitement construit autour d’idées et d’imaginaires offrant en quelque sorte un ailleurs. Reflet d’une réalité en soi, elle témoigne de multiples réalités spatio-temporelles à l’oeuvre qui semblent fonctionner dans une logique de perméabilité. En effet, la démarche artistique d’Edouard Wolton (Photo ci-dessous. Crédit@HenriCoutant) croise tout type d’iconographies en faisant disparaître les frontières entre espaces et territoires dans des juxtapositions de temps et d’espaces différentes. Piochant dans l’histoires des sciences et techniques, elle établit des dialogues entre poétique et rationalité, entre mystique et forces du romanesque. Le regardeur appréciera ces dualités saisissantes faisant se côtoyer la forme, le présage et l’impalpable. Mais aussi ces confins du rêve où se mêlent les terreurs hallucinées et des mythologies inatteignables. On aime tout particulièrement cette pratique attentive à l’univers des mathématiques et aux mouvements des fluides nous offrant - via un glissement subtil du regard et une imprégnation mentale - la perception fugace et singulière de Thulé : cette île décrite pour la première fois par Pythéas au IVème siècle avant notre ère. Semblant définir le point le plus extrême du monde connu !

copyright Henri Coutant.jpg