LÉO DORFNER
“Ce qui m’intéresse, c’est la peau. J’aime aussi que les choses s’affrontent, marier l’humour, la poésie et le trash, allier l’hyper technique à la technique…” a-t-il confié un jour. Et d’ajouter : “Je suis né dans le 13ème arrondissement un 25 décembre, comme Jésus. J’ai été conçu dans l’immeuble même où l’on se trouve, vers Maison Blanche : comme Barack Obama. Je suis un pur urbain, la nature ça me fait paniquer et les animaux sont faits pour être mangés”. Marquées par une belle impertinence du regard, ses oeuvres évoquent autant le risque de la tabula rasa que celui de la désillusion du sens dans une narration éclatée et une économie anarchique des images. Renvoyant à des divinités d’un autre temps, elles s’approprient de manière saisissante le spectre des sources iconographiques dans des leitmotivs accompagnant - sans vains bavardages - l’ impénétrable question de la métamorphose des identités et celle - tout aussi insondable - de l’impermanence des destinées humaines. En effet, la démarche artistique de Léo Dorfner (Photo ci-dessous Crédit@RenaudMonfourny) nous parle d’une esthétique du fragment et d’une authenticité du désir où le jugement n’existe pas et où seul est peint le réel. Elle nous dit aussi que la performance est très souvent empreinte de vacuité et de vanité. Le regardeur peut apprécier dans la gestuelle du plasticien ce refus à faire croire qu’il existe un arrière-monde, une métaphysique qui sous-tendrait inéluctablement une oeuvre. On aime tout particulièrement cette pratique protéiforme nous rappelant que l’art qui ne fait pas usage de concept n’est pas forcément faible. Et qu’il n’est pas toujours obligatoire de se montrer réactionnaire pour se soustraire à la règle et être subversif. Rockn’Roll !