ELINA BROTHERUS
“Mes photos n’existent pas tant qu’elles ne sont pas tirées et exposées. Je me considère comme une faiseuse d’images ou peut-être quelqu’un qui trouve des images. La trouvaille visuelle est très importante. Le travail vient après, dans le laboratoire…” a-t-elle confié récemment. Et d’ajouter : “Le public a souvent tendance à penser qu’une photo est quelque chose de donné. Les couleurs existent, sont déjà dedans, et il suffit de procéder au développement. Mais il y a, à ce stade, des milliers de possibilités. Je ne travaille qu’en argentique ; avec des filtres, on peut faire la même chose qu’avec Photoshop. C’est une question de choix. Je décide de faire de mon ciel un bleu, un jaune ou un gris neutre. Il reste une grande responsabilité dans le travail après la prise de vue”. Révélant un oeil distancié bercé par un jeu ambigu entre des êtres et des présences, des vies et des représentations, ses oeuvres nous parlent de la synthèse de lieux et de situations marquées par une saisissante intériorité. En effet, la démarche artistique d’Elina Brotherus (Photo ci-dessous Crédit@PaavoLehtonen) suit un déroulement à la temporalité musicale via des correspondances troublantes. Le regardeur appréciera ces travaux - sur les médiums de la photographie et de la video - qui nous rappellent que l’artiste doit avoir quelques lignes directrices et “choisir des règles qui lui conviennent et jouer avec”. Mais aussi ces motifs de la “Rückenfigur” faisant rayonner la mélancolie. On aime tout particulièrement cette pratique livrant une esthétique réduite où la figure du double opère face à une nature puissante. Nous faisant voir autrement la forêt d’Aïtone, le massif de Bavella et le cimetière corse de Piana et comprendre davantage les écrits d’un certain W.G. Sebald !