ANNE-CHARLOTTE FINEL

J’ai filmé, il y a quelques années, avec l’artiste Marie Sommer une centrale nucléaire inactive, éclairée par le passage des voitures, les faisceaux du phare mitoyen ainsi que des lamparo. L’ironie, c’est qu’elle n’a jamais produit de l’électricité et doit être malgré tout protégée par les rondes de nuit des gardiens. Cela m’évoque le spleen, une mélancolie inquiète, que je n’arrive à mettre à distance qu’à travers la caméra. Je cherche à créer des images s’éloignant d’une réalité qui serait trop crue, trop définie…” a-t-elle confié récemment. Et d’ajouter ceci : “Je réalise mes vidéos la nuit, à l’aube, au crépuscule ou à l’heure bleue. Car l’obscurité permet de mieux voir. Je pars à la chasse de ces moments entre chien et loup avec trois quarts d’heure pour filmer au lever du soleil et à la tombée de la nuit, au-delà même du moment où il n’y a plus de lumière.” Profitant de l’état atténué des choses, ses oeuvres capturent des paysages liquides bleutés ainsi que la trace de constructions dans une expérience autant physique que romantique. En effet, la démarche artistique d”Anne-Charlotte Finel (Photo ci-dessous Crédit@PhoebeMeyer) nous parle d’un monde en péril et de panoramas porteurs de menaces et de traces tangibles d’infrastructures tenues éloignées du regard. Le regardeur appréciera cette pratique célébrant des architectures saisissantes filmées d’un point de vue de la nature n’offrant aucune indication sur le lieu du tournage. On aime tout particulièrement ces travaux de la plasticienne préférant l’anonymat à l’ego-trip et nous rappelant avec clairvoyance que les images sont des endroits différents du monde !