ANNE BOURSE
“Ce sont des affinités électives, avant tout, qui fabriquent la communauté fictive dans laquelle je travaille. Cela peut aussi bien être des références artistiques ou littéraires que ce qui m’entoure et ce qui me plaît, des dédicaces secrètes et sauvages. A travers un journal de neurologie imaginaire, des lettres d’amour de Jack Spicer à un amant qui semble s’être enfui, un livre de Jimmie Durham décoré et réimprimé sur mon imprimante défaillante… ” expliquait-elle dernièrement. Et d’ajouter : “C’est la manière dont les choses s’accouplent et se ramifient. Disons que je suis interspéciste du langage et aussi un peu perverse. Je m’adresse à quelqu’un par le biais de quelque chose, pour en fait, secrètement parler à quelqu’un d’autre”. Ses oeuvres saisissantes et solitaires dans leur construction - nous parlent de la façon dont les choses se connectent et s'étalent, se contredisent et dissonent dans toutes les contrariétés stylistiques que cela produit. En effet, la démarche artistique d’ Anne Bourse (Photo ci-dessous Crédit@ThierryChassepoux) révèle des avatars fictionnels délaissant une certaine logique et un besoin de théorie dans un plaisir physique et sensuel des appropriations. Le regardeur appréciera ses installations et ses dessins maintenant l’ambiguïté et l’étrangeté de ses objets faits-main faisant figure de reliques. On aime tout particulièrement cette pratique avec force détails et ce dépouillement quasi conceptualiste parfois faisant dire à Anne : “Ne pas être clair est important. J'ai la sensation que le seul endroit où on est libre, c’est un angle mort minuscule, un coin dans le cerveau, et peut-être dans l'art - quand on le décide - et justement pas dans les discours politiques et moraux que certaines œuvres produisent. Alors j'essaie d'être libre dans ma manière d'être là, genre Do your thing et Do it yourself ”.