SOPHIE KITCHING
“En 2015, j’ai réalisé une grande installation dans un espace en sous-sol à New-York. L’absence de lumière naturelle m’avait alors incitée à transformer de différentes manières des stores suspendus qui se succédaient les uns derrière les autres comme autant de plans ou d’écrans devenus leur propre source de lumière…” expliquait-elle dernièrement. Et d’ajouter : “Dans la lignée des stores, des fenêtres et des flaques, l’élément structurel de la porte m’intéresse de plus en plus”. Entre liberté déconstruite assumée et altération par couches de l’objet en plans successifs, ses oeuvres sont portées par des processus de dénaturation et des récurrences offrant des interprétations conceptuelles composant une poésie visuelle saisissante. Envisagées souvent comme des ensembles, elles s’expriment par le prisme de l’expérience sensible. En effet, la démarche artistique de Sophie Kitching (Photo ci-dessous Crédit@AlexandreKitching) nous parle de situations d’hospitalité, de voyages immobiles mais aussi d’effets vibratiles rejouant la mécanique du souvenir. Le regardeur appréciera ses travaux s’appuyant sur les préceptes d’une phénoménologie de la perception lui faisant voir aussi bien le miroitement de l’onde que le crépitement des frondaisons. Mais aussi cette observation analytique de l'environnement débouchant sur des clairières de nuances et des rêveries translucides. On aime tout particulièrement cette pratique faisant souvent écho à une poétique bachelardienne guidant la rétine vers des profondeurs ambiguës et des ailleurs nous rappelant - selon les mots de Chateaubriand - que chaque homme porte en lui un monde composé de tout ce qu’il a vu et aimé et où il rentre sans cesse, alors même qu’il parcourt et semble habiter un monde étranger !