EMILIE PIERSON
“J’avais besoin de saisir et de déconstruire le fantasme et la nostalgie que je ressens vis-à-vis du passé de ma mère et de la Bulgarie. En entremêlant photographies de famille, recadrements d’éléments visuels du communisme présents dans le paysage urbain, livres, cartes, poèmes patriotiques et voix : un territoire et son héritage rouge se dessinent, une histoire à la fois individuelle et sensiblement collective…” Et d’ajouter : “Paradoxalement, je voulais m’en parer, la vivre et pouvoir revendiquer une appartenance à cette histoire. Je joue avec le vide et la saturation, l’absence et la récurrence ”. Mettant en scène des récits tissés de rares réminiscences autour des signes irrationnels de la passion, ses oeuvres soulignent la permanence cyclique des relations entre désirs inaliénables et peurs écrasantes. En effet, la démarche artistique d’Emilie Pierson (Photo ci-dessous Crédit@RomainGamba) nous parle du mysticisme de la vie mais aussi de l’archivage et de la conservation des mémoires. Elle aborde la question de ces souvenirs ne persistant que par les mots et nous renvoyant sur les notions de répétitions compulsives, de litanies, de rituels comblant les manques. Le regardeur appréciera ses travaux insistant sur les oublis, les lacunes et les faiblesses nécessaires pour construire les récits personnels et historiques. On aime tout particulièrement cette installation - en plaque de Plexiglas, masque en alginate, bandes de gaze et bandes de plâtre, texte en vynile adhésif blanc et pieds en plâtre - baptisée en 2018 “Je me souviens avoir été à la fois optimiste et angoissée” qui se présente comme une projection allégorique du passage de la vie à la mort. Et d’une mémoire exaltée - née d’un amour empressé - qui se serait évaporée, après des échanges épistolaires, autour de la station balnéaire de Slantchev Briag !