FLORENCE OBRECHT
“Je fais les choses que je dois faire, que cela ait l’air féminin ou pas. Mon travail me permet de construire un monde où l’humain et la mémoire sont au centre…” a-t-elle confié dernièrement. Et d’ajouter : “Sans nier ma féminité, je me méfie des cloisonnements qui peuvent mettre en boîte des artistes plutôt que de les mettre en valeur”. Marquées par l’idée de survivance et de réenchantement, ses oeuvres - faisant souvent appel au registre religieux dans des décalages saisissants - nous parlent autant de mutisme que de frontalité. Tournées vers un monde d’innocence et ses méandres, elles font fréquemment acte de parade dans un travestissement émotionnel nourri d’histoires singulières. En effet, la démarche artistique de Florence Obrecht (Photo ci-dessous Crédit@AxelPahlavi) nous renvoie à une “hyperaffectivité” faite de récits incongrus et intrigants dans une absence volontaire de recul et de distance avec la forme inspirée par l’art brut et sa logique d’accumulation. Le regardeur, irrémédiablement submergé par ces narrations, appréciera ce plongeon dans les affects lui montrant que l’artiste n’a pas peur du mauvais goût sans jamais être pour autant à la recherche du kitsch. Mais aussi cette exagération bouleversante constante révélant à la fois le grotesque et la souffrance via une peinture engageant le soleil de minuit de jours polaires marqués par une transparence aux notes angéliques irradiantes. On aime tout particulièrement cette pratique animée par une gestuelle délibérément “borderline” où se déploient des flots de sentiments témoignant d’une horreur du vide. Tel un rideau noir ne demandant qu’à être écarté !