MATHIEU DUFOIS

La trace d’un individu absent de l’image est une obsession récurrente dans mon travail. Souhaitant réactiver l’implicite tapi dans des images récupérées, je leur donne une nouvelle dimension, une substance régénérée par le langage du dessin…” a-t-il déclaré un jour. Et d’ajouter : “Tel un archéologue, je ne cesse de chercher des images-reliques, qu’elles soient issues d’oeuvres cinématographiques, de films Super 8, d’archives ou de mes propres photographies prises lors d’errances nocturnes dans des lieux inhabités”. Considérant que le dessin figé sur le papier n’est qu’un corps restreint, ses oeuvres nous parlent de traits, de traces et d’empreintes mais aussi de clair-obscur inscrits dans un continuum relevant de l’instant. En effet, la démarche artistique de Mathieu Dufois (Photo ci-dessous Crédit@BenjaminJuhel) s’empare de la force rémanente de la mémoire pour dire l’irréversibilité d’un temps porté tantôt par des terrains vagues, des murs recouverts d’affiches, des sites dévastés ou encore des décors urbains faits de dédales saisissants. Le regardeur appréciera ces travaux puissants à la pierre noire livrant des points de vues habités par l’altération et la prospérité. Mais également ces procédés de réalisation plastiques et cinématographiques où les bribes d’un dialecte nouveau puisent leur subjectivité dans des arrêts sur image troublants. On aime tout particulièrement ces matières sonores complexes et ces unités filmiques nous offrant des saynètes mentales - qui traitent avec subtilité du dessein des ombres - aptes à nous faire entrevoir d’énigmatiques fenêtres dont les rideaux sont balayés par le vent mais aussi cette mystérieuse silhouette de femme dansant seule sur fond lugubre de drive in !