CONSTANCE NOUVEL

Dans mon travail, la photographie pourrait se résumer à cette phrase : un monde, une histoire, un jeu. Si je commence à faire résonner l’idée d’un monde, d’une spatialité, l’idée d’une histoire, émerge immédiatement la question du spectateur amenant avec lui une forme de temporalité, une narration et un récit…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Je remets toujours en question le spectateur et la manière dont il se projette dans les images. La sémantique est comme une forme de troisième dimension qui aide la photographie à prendre forme.” Prenant pour point de départ l’analyse critique des caractéristiques de la photographie, ses oeuvres s’appuient sur des sujets pouvant réunir par analogie différents espaces : le photographié, la photographie et le photographique. Douées d’une qualité performative, elles dévoilent les éléments mimétiques de l’image dans un questionnement renvoyant à la non-reproductabilité technique. En effet, la démarche artistique de Constance Nouvel (Photo ci-dessous Crédit@DR) interroge les mécanismes d’assimilation du réel en “conscientisant” le regard. Elle révèle également cette opération saisissante faisant passer la photographie d’une forme de signification à une opération de transition vers l’imagination. Le spectateur appréciera ces superpositions des plans troublantes qui multiplient les échelles pour les rendre complémentaires et perdre finalement les repères. On aime tout particulièrement ces travaux marqués par la préparation préalable d’un terrain lexical et ces prises de vues qui arrivent généralement dès que l’artiste peut sortir du quotidien et avoir un oeil neuf sur ce qui l’entoure. Et qui nous disent en substance que la fresque ou l’art du trompe l’oeil - dans leur approche de la réalité - sont un peu la même chose que la photographie !