MYRIAM MECHITA
“Quand je dessine je pense à de la sculpture, à de l’espace, à du volume et à des choses dans l’espace. Et quand je fais de la sculpture, je pense au dessin. C’est à dire que l’un est toujours en relation avec l’autre. Dans une sorte de complémentarité, je dirais…” a-t-elle expliqué l’année dernière. Et d’ajouter ceci après avoir marqué un court silence : “Je crois que je n’ai aucune limite, si je pouvais couler de la porcelaine ou fondre de l’or, tailler des rubis je le ferai, tout est utilisable, tout est matière”. Ses oeuvres révèlent une tendresse pour la céramique et un amour pour sa douceur. Elles nous parlent d’oeuvres non coulées mais venant directement d’une main “ayant les doigts dedans” et éveillant des gestes, des mouvements ou des intuitions très enfantines. L’artiste nous dit alors que le geste est celui qui définit le vocabulaire, permettant qu’une chose apparaisse. Ce dernier peut se transformer en fonction des besoins, résister, se refuser aussi. En effet, la démarche artistique de Myriam Mechita (Photo ci-dessous Crédit@DR) témoigne d’un travail qui commence longtemps en amont comme une sorte de récolte d’informations jusqu’au jour où “ça” arrive, comme une nécessité. Ses pièces sont de l’ordre de la vision. Il n’y a aucune discussion sur la forme ni le fond. La plasticienne ne cherche pas à modifier ce qui advient, ayant le sentiment de travailler à une pièce qui n’a pas de fin. Le regardeur appréciera ces dessins, ces sculptures, ces videos et ces pièces sonores saisissantes qui sont pensées comme une seule et même installation. Myriam y voit un corps en mille morceaux qu’elle aimerait idéalement rassembler. On aime tout particulièrement ces animaux présents dans les travaux comme des facettes sensées représenter tout ce que l’on rêverait d’être et symbolisant des moments de “super pouvoir” et de “super possible” comme des sortes d’autoportraits. Et ces obsessions à la fois mélancoliques et amoureuses - comme "Les Décapités” - permettant de “revenir à ce qui est dit en ajoutant un mot à la phrase”. Nous conduisant à l’endroit le plus tendu, le plus dessiné, le plus juste. Enfin “ce féminin” dans les gestes les plus bruts qui existent, dans des positionnements noirs, maltraités, violentés, réduits à des corps qui se contorsionnent . Afin de trouver la bonne et meilleure façon d’être au monde !