AURÉLIE DE HEINZELIN

Dans mes tableaux, je vis une autre vie, libre de toute morale et affranchie de la réalité. Si je suis bien élevée dans la vraie vie, je suis peintre dé-polie ou dé-policée. Mon père spirituel est Otto Dix. Ma mère spirituelle, Paula Rego. Peindre pour moi, c ‘est pouvoir être à la fois une bonne soeur et une mère maquerelle sans que cela ne pose problème…” a-t-elle déclaré récemment. Et d’ajouter : “C’est créer des êtres hybrides, un homme qui a des seins, une femme qui a trois jambes. C’est escalader à mains nues une montagne infranchissable sans être alpiniste. C’est avoir tranché une tête et se balader avec un bout de bras sans risquer la prison”. Réconciliant la dichotomie de l’existence humaine, ses oeuvres nous parlent - dans des agissements carnavalesques - des états de la psyché révélant un territoire caricatura. Elles percent la sphère de l’intime habituellement tenue secrète. En effet, la démarche artistique d’Aurélie de Heinzelin (Photo ci-dessous Crédit@DR) évoque des vies à deux, le monstre-siamois, l’homme-cheval mais aussi le répertoire de la métamorphose via des titres sombres saisissants. L’artiste livre des visages grimaçants dans une violence et un effroi contenus dans un temps revêtant une forme sauvage. Le regardeur appréciera ces toiles gorgées de vices, de maladresses, de honte et de postures cocasses. Mais aussi ces hypothétiques au-delà grouillants comme des boyaux et ces couples perdus s’enlaçant comme pour la toute dernière fois. On aime tout particulièrement cette pratique où la force tellurique côtoie la grâce céleste et une juvénilité à la force guerrière nous renvoyant régulièrement à Faust. A la vision de petits singes souriants sur une branche ou encore plus concrètement à des portraits plus terrifiants de Cranach l’Ancien !