ERNEST BRELEUR
“ Les questions que je me pose sont certes philosophiques, mais elles concernent aussi et surtout une certaine approche de la sculpture. Je donne corps à mon projet sculptural. Une ambition, donner forme au vide. Mes sculptures donnent à voir le moins de matière possible… “ a-t-il confié dernièrement. Et d’ajouter : “Je me plais à imaginer le champ des possibles ouverts par ces velléités et tentatives de vie menées par ces cellules anonymes, dans leur élan à se transformer en espèces, en entités différentes”. Avant de poursuivre ainsi : “Il me semble qu’une poétique singulière tout comme une poÏétique habite la terre dans ces moments de la genèse du vivant. La Lumière se combine avec je ne sais trop quoi dans ces diverses accessions à la vie”. Au carrefour de la vie, du végétal, de l’animal, ses oeuvres se métissent et se croisent pour engendrer des êtres au monde. Elles sous-tendent dans leur élaboration, le processus de “laméllisation” où surgit la question du vide tant du point de vue sculptural que du point de vue philosophique. En effet, la démarche artistique d’Ernest Breleur (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous dit qu’il n’est point question de mimer ou encore de trouver une explication au surgissement de l’être au monde mais de mettre en évidence une poétique du monde se peuplant. Le regardeur appréciera ces travaux dévoilant une métaphorisation de la génèse et cette frénésie de l’accès à la vie en même temps que la différenciation de chaque candidat à la vie. On aime particulièrement cette pratique livrant un univers étrange dans une profusion de formes saisissantes et sans contrainte de représentation. Mais aussi et surtout cette légère sculpture irisée sans titre de la série Féminin combinant collages, radiographies, duplicatas de radiographies colorés, plastiques colorés et agrafes. Nous suggérant cette terreur venue de l’impensable, ce vertige de l’en-dehors et ces mémento mori nous invitant vers de lointaines contrées !