MIRIAM CAHN
“Ce qui me fascine dans la peinture, c’est vraiment ce mélange entre naturalisme, réalisme et ce que je n’appelle pas abstrait mais primitivité. C’est simple comme un enfant qui fait une tête ronde et c’est pourtant très expressif. Dans mes tableaux j’aimerais représenter ce qui nous intrigue, ce qui nous met mal à l’aise. Lorsque je suis à hauteur d’yeux, suis-je un personnage primitif ou suis-je un personnage plus développé avec tout ce que cela implique ? Et comment reconnaître une femme d’un homme… ?” a-t-elle confié il y a quelques années. Et d’ajouter : “Ce que je trouve intéressant dans l’art, c’est de pouvoir témoigner de sa solidarité sans sombrer dans le kitsch politique. Je crois que l’espace joue un rôle très important. Aujourd’hui on a pu voir les gens s’enfuir et errer le long de la route des Balkans avec leurs bagages. Là on découvre leur espace, la longueur sans fin que ça implique…” Et de poursuivre ainsi : “ J’aime beaucoup la littérature française, Marguerite Duras, Michel Houellebecq… Mais j’ai très peu de livres d’art. L’art, je ne le lis pas, je le fais !”. Livrant dans un trait énergique des portraits et des figures humaines d’une troublante intensité, ses oeuvres imposantes s’emparent de sujets politiques mais aussi d’architectures menaçantes, du droit des réfugiés. En effet, la démarche artistique de Miriam Cahn (Photo ci-dessous Crédit@DR) porte un regard féministe sur un monde habité par des image de guerre ou l’histoire de sa famille via des peintures à l’huile aux couleurs envoûtantes, des sculptures, des travaux expressifs sur papier qui placent l’autodéterminaltion en principe absolu. Le regardeur appréciera cette pratique qui dévoile l’implication de l’artiste dans des mouvements pacifistes et qui figure l’individu aux prises avec l’histoire. On aime particulièrement cette gestuelle où le trait est sûr et fort et les formes parfois éruptives qu’elle suscite. Mais également ce réseau insatiable de lignes qui rendent visible la tension entre geste libéré et conditionné !