MATHIEU BONARDET

Des paysages de mes débuts, ne sont restées, comme par un effet de concentration, que des lignes : celles de l’horizon, celles qui délimitent des formes ou encore qui scindent et fragmentent. La représentation de l’horizon s’est dissipée dans une pensée de l’inatteignable…” a-t-il déclaré dernièrement. Et d’ajouter : “ Cette expérience des limites s’est faite dans une exploration du geste et de l’espace, à travers des dessins-actions et des dessins-volumes”. Suivant un processus protocolaire où la ligne se fait surface et où le sujet se fige couche sur couche, ses oeuvres troublantes nous parlent autant de la souplesse des textures que de la vibrance des effets conjugués. Se rapportant à des forces régulièrement contraires, elles dressent le dessin au-delà de ses limites propres. En effet, la démarche artistique de Mathieu Bonardet (Photo ci-dessous Crédit@DR) évoque des corps heurtant des murs mais également des failles abruptes faites de ruptures et de scissions radicales. Dans une conscience absolue du poids et de l’équilibre, elle explore l’amplitude fragile du bras porteur de la mine du crayon. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants nous renvoyant à la bordure de la feuille dans un déploiement subtil du corps investi de sentiments. Mais aussi soulignant des clivages irrémédiables dans la linéarité d’un itinéraire parcouru par la frénésie, l’effort et l’endurance. On aime tout particulièrement cette pratique où les dilutions s’emparent de la profondeur de la feuille. Dans des mouvements extrêmement précis, quasi chorégraphiques, que l’on retrouve dans la fascinante vidéo Lign(e)s livrant une série de 25 photographies numériques où le corps trace son passage à l’aide d’une mine graphite. Alors qu’il accélère progressivement et qu’il perd de plus en plus le contrôle de la ligne. Semblant être en expansion sur une surface sans limite !