GAËL DAVRINCHE

J’ai souvent une quinzaine de pinceaux dans les mains, un pour chaque couleur, ça me permet de jouer un maximum sur le mélange des couleurs. Car ce qui m’intéresse, c’est la texture de la peinture, le grain. C’est vraiment un travail de teintes assez riche…” a-t-il expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “La peinture doit être efficace de loin et on doit pouvoir prendre un vrai plaisir à la saveur du toucher, de la touche de près. J’aime quand le regard ne s’arrête jamais. Il y a donc toujours des allers-retours qui se font entre le sujet - qui est finalement le portrait, qui est l’essentiel même - et cette lutte simultanée avec l’accessoire. L’oeil est attiré par le fond et par un détail du vêtement contrairement à ce qui a pu se faire dans l’Histoire de l’Art classique du genre du portrait où le fond était très sombre et où on regardait juste la figure”. Résidant dans les états transitoires liés à l’idée d’éducation et à la recherche du guide, ses oeuvres nous parlent autant d’exemplarité que d’émancipation. Elles nous disent aussi que peindre ses proches revient peut-être à se peindre soi et que la pudeur s’amenuise à mesure que les images de soi se multiplient et se diffusent. En effet, la démarche artistique de Gaël Davrinche (Photo ci-dessous Crédit@FannyGiniès) porte cette idée qu’un artiste qui touche par son oeuvre ne peut que provoquer une nostalgie future. Le regardeur appréciera ces toiles saisissantes questionnant l’auto-fondation du sujet, l’abolition du discours de la limite et la destitution des figures séparatrices de l’Autorité. Et nous révélant que trop de patience emmène l’artiste vers une gestualité brutale qui à son tour l’épuise et lui impose un retour au calme. On aime tout particulièrement cette pratique libérant des portraits jonchés d’attributs incongrus - entre dérision et accusation - prenant une étrange tournure. Où l’oeil est traversé de ces images ruisselant dans un mouvement à la fois vertical et oblique. Telles ces fleurs épuisées et bousculées - restées dignes - qui semblent avoir été mises à rude épreuve. Et dont les pétales - encore accrochés à la calice - se dirigent inéluctablement vers leurs fin !