GEORGIA RUSSELL - PAINTINGS

A la galerie KARSTEN GREVE au 5, rue Debelleyme 75003 Paris /// Du 14 septembre au 26 octobre 2019 /// Exposition : GEORGIA RUSSELL - PAINTINGS

Je suis de nature impatiente…” Finit-elle pas lâcher ponctuant sa confession d’un rire charmant. Pour elle la rationalité de l’être humain est impuissante face à la magnificence des phénomènes naturels. Son oeuvre nous berce par la gestualité rythmique du pinceau et du scalpel. Cette dernière nous évoque aussi - de manière plus lointaine - ses travaux antérieurs de découpe de photographies qui créaient alors une image dans l’image. L’artiste revient ici sur les atmosphères de sa terre natale. En effet Georgia Russell (Photo ci-dessous Crédit@GillesMazzufferi) se trouve à un nouveau chapitre de son aventure picturale avec une peinture devenant presque monochrome. Les tonalités majeures de vert, de bleu et de gris dévoilent une chorégraphie de la main virtuose. Le visiteur sera très vite conquis par ces toiles exacerbées par une valeur symbolique démultipliant les surfaces et les profondeurs. Et qui déjouent nos facultés visuelles pour mieux les perdre dans un entremêlement de lignes animées d’un ressac intérieur. On aime l’opération d’évidage de la matière au coeur de l’approche plastique de Georgia animée des mouvements rapides de sa main bercée régulièrement - on l’apprendra plus tard - par la musique entrainante du groupe Future Islands. Qui l’inspire toujours et qui lui permet de canaliser son énergie créatrice débordante !

www.galerie-karsten-greve.com

SOUS LA PEAU

A la galerie DOUBLE V au 28, rue Saint-Jacques 13006 Marseille /// Du 30 août au 30 septembre 2019 /// Exposition : SOUS LA PEAU

Il nous implique, corps et esprit, dans une approche redonnant vie à des rebuts via une poésie brute décalée où le temps nous paraît presque condensé. Thomas pointe, en effet, les arcanes désenchantées de notre société dans l’envers du décor d’un “paysage-recyclage” où les ruines contemporaines se profilent comme des reliques de nouveaux espaces sans qualité. Cette altérité venue de matériaux zombies trouve écho dans le modus operandi de son acolyte Ugo dont les pièces sculpturales - évoquant un crash ou un champs de bataille entre l’antique et l’actuel - s’articulent sur des fragments prélevés dans un monde parcouru d’images. D’une même voix, Thomas Teurlai et Ugo Schiavi (Photo ci-dessous Crédit@NicolasVeidig-Favarel) transforment - le temps de cette exposition collective à Marseille - le White Cube en entrepôt clandestin ou encore en lieu de recel de pans de murs griffés savamment prélevés dans l’espace public. Le visiteur se laissera éconduire par une forme de romantisme du 21ème siècle née de décombres urbains où ce glanage à quatre mains nous parle aussi en filigrane d’obsolescence programmée. Mais aussi de fragments relevant du vivant et non de l’accidentel. On aime cette puissante installation du duo qui convoque - comme par effraction - l’idée de seconde vie en dénonçant le fonctionnement d’une société à la dérive. Avec une percutante immédiateté qui vous prend aux tripes comme à la lecture d’un bon roman d’anticipation !

www.double-v-gallery.com

" LA MORALE DE L'HISTOIRE "

A la galerie Kamel MENNOUR au 6, rue du Pont de Lodi 75006 Paris /// Du 5 septembre au 5 octobre 2019 /// Exposition : “ LA MORALE DE L’HISTOIRE “

Jouant sur les postures et les impostures en remettant en cause les perspectives et les significations, son oeuvre combine de manière innée les dichotomies avec une rythmique laissant le visiteur toujours libre de son affect et de sa pensée. A la fois récit fictif, objet littéraire et allégorie, le projet de Neil Beloufa (Photo ci-dessous Crédit@PollyThomas) au coeur de cette superbe exposition personnelle prend à rebours les logiques dans lesquelles les pratiques contemporaines s’inscrivent. Il demande en quelque sorte au spectateur de changer le paradigme qui le rapporte aux oeuvres. On retrouve l’approche protéiforme de l’artiste qui nous invite dans un univers aux multiples entrées où discours et esthétiques cohabitent dans une logique à l’essence participative. Neil questionne, dans une prise de risques assumée ses propres conditions de production et de construction de l’exposition fonctionnant en circuit fermé. On aime cette proposition faite d’entités autogénératrices testant la porosité des frontières entre le sujet et l’objet. Fondée sur une déhiérarchisation des sources au sein de laquelle les images parasites et les alliances contre-nature s’appuient sur une matérialité décomplexée. Et révélant cet esprit critique du “Post-internet” à son zénith !

www.kamelmennour.com

AILLEURS ET DANS UN AUTRE TEMPS

A la galerie Suzanne TARASIEVE au 7, rue Pastourelle 75003 Paris /// Du 7 septembre au 5 octobre 2019 /// Exposition : AILLEURS ET DANS UN AUTRE TEMPS

Je ne pense pas qu’avec la peinture, l’artiste puisse s’approprier quelque chose. Peut-être peut-il tout juste la comprendre davantage…” explique-t-il avec circonspection avant d’ajouter ceci " : “Un tableau n’est pas un projet que l’on fait aboutir de façon linéaire mais plutôt un cheminement avec sa part mystérieuse de hasards et d’accidents”… Les figures suspendues, les contrées lointaines, les métissages ou encore l’ailleurs font partie de ses sujets et de ses thèmes de prédilection. Quand il ne livre pas de personnages affublés de masques, il nous parle de rites ancestraux dans une confrontation des mondes poussant le regard à la marge de l’image. Dans sa définition d’un artiste, Romain Bernini (Photo ci-dessous Crédit@DR) voit notamment un guérisseur en mesure de réaliser un tour de force : renverser et éclairer en l’occurence les paradoxes propres à la peinture figurative. En effet, ses arrières-plans abstraits supportants des signes figuratifs sont - selon lui - une manière d’affirmer le principe de différenciation entre les formes et les contenus; entre le sens lisible et les affects illisibles. Au coeur de cette remarquable exposition de septembre à Paris, le visiteur savourera les jeux habiles de distanciations intrinsèques à cette peinture soulevant de nombreux questionnements sur la créolité, la cohésion sociale, les cultures exogènes. On aime passionnément - il faut le reconnaître - ces oeuvres qui viennent à nous en levant leur voile comme un surgissement renversant l’ordre linéaire du temps. Et confirmant ce “retour en force” tonitruant et tant attendu de la peinture !

www.suzanne-tarasieve.com

" STOP, LOOK AND LISTEN "

A la galerie DANYSZ au 78 rue Amelot 75011 Paris // Du 7 septembre au 12 octobre 2019 /// Exposition : “STOP, LOOK AND LISTEN”


Que les âmes chagrines ou fragiles s’abstiennent... Son parcours hors du commun n’est pas pour rien dans la force de son oeuvre traduisant autant la puissance de l’environnement urbain que la folie des conflits armés du temps où il était soldat pendant l’opération “Tempête du Désert”. Lits de son imagination, les paysages ardents post-apocalyptiques qu’il révèle traduisent un parcours d’artiste comme il s’en fait peu ou de plus en plus rarement. S’établissant entre l’abstrait et le figuratif, les pièces sans concession de Marcus Jansen (Photo ci-dessous Crédit@DR) se font l’écho d’épisodes souvent difficiles se passant sur les trottoirs de Soho mais aussi de moments beaucoup plus lumineux passés aux cotés d’un certain Jérôme Donson : cet ami, ce passeur et ce commissaire d’exposition bienfaisant qui changera le cours agité et sinueux de son histoire personnelle. Face aux oeuvres baptisées “Dreams Between War and Beach” ou encore “Faceless”, le visiteur éprouvera des moments de compassion mais aussi de grande stupeur car Marcus se livre sans voile avec une grandeur d’âme aussi poignante que meurtrie. On aime, le choix des oeuvres opéré par la galerie Danysz qui accompagne avec élégance et justesse le parcours de cet ambassadeur de “l’Expressionnisme Urbain” qui nous fait partager ici cette énergie vitale exceptionnelle. Puisée aux Etats-Unis mais aussi en Allemagne… Du coté paternel !


www.danyszgallery.com

ON NE DEMANDE PAS…

Au Festival ManifestO - Place Saint-Pierre 31000 Toulouse /// Du 13 au 28 septembre 2019 /// Exposition : ON NE DEMANDE PAS DES COMPTES A UN ORAGE

Une ambiance de séduction est quelque chose de beau et de banal mais c’est la façon de l’aborder qui compte…” explique l’artiste qui nous dit bien aimer que le flash vienne figer, de temps en temps, une situation pour donner corps à l’objet et conférer un aspect sculptural idéal propice à d’intrigantes analogies visuelles. Associant sa photo à de l’érotisme et à du fantasme, Melissa Boucher (Photo ci-dessous Crédit@ClarisseGuichard) capte un dialogue des corps marqués par une gestuelle à la fois pudique et extrêmement sensuelle. Tel un agrandissement ou une entrée dans la matière photographique, son geste vient traduire ici la porosité existante entre l’espace public et l’espace privé des villes d’Hanoï et de Saigon au Vietnam en célébrant la confusion et la beauté du rapport qu’entretiennent les gens avec l’extérieur. Le visiteur sera saisi par cette projection mentale et cette idée d’ensemble primant sur l’individualité - au coeur d’un container tenant lieu de salle d’exposition - qui dictent l’approche de Melissa et qui mettent en exergue des détails fascinants : plis de tissus, postures, échanges tactiles etc.. On aime ce jeu avec les images sur le mode d’une enquête quasi anthropologique bâtie sur un voyeurisme assumé et empruntant parfois aux codes du cinéma. Pour Melissa les “petites obsessions” deviennent des collections avec lesquelles elle compose par la suite des ensembles et des pièces : “Ma pratique photographique n’est pas figée, elle est à mi-chemin entre des moments saisis sur le vif et une construction après-coup. Mes compositions agissent comme une exploration de la mémoire interrogeant notre rapport à l’espace, au temps”. Mais aussi au récit !

www.festival-manifesto.org

PINK DUSTS

A la galerie Antoine LEVI au 44, rue Ramponeau 75020 Paris /// Du 5 septembre au 11 octobre 2019 /// Exposition : PINK DUSTS

C’est au coeur du labyrinthique et bouillonnant centre commercial Polvos Rosados de Lima que l’artiste élabore cette fois-ci ce projet inédit prenant forme dans une série de pièces découpées dans du médium et vernies dans une variété de couleurs aux rayonnements pastels. Sous l’accompagnement de la bande son vitaminée du compositeur Charlie Usher, il explore ici les techniques créatives qu’utilisent des centaines de petites boutiques indépendantes péruviennes pour commercialiser ces “petites choses” les plus demandées du quotidien : DVD, articles ménagers, confiseries, sous-vêtements… Face à cette oeuvre totale réunissant des créations interlopes effilées et multiples, le visiteur se remémorera très probablement la délicieuse série de sculptures de Daniel Jacoby (Photo ci-dessous Crédit@DR) sous une scénographie rythmée par des lumières clignotantes parfois aveuglantes. L’un des intérêts que fait partager cet artiste “de terrain” résidera ici dans l’effet particulier que les éléments décoratifs les moins chers - assujettis à des biens de première nécessité - produisent en créant une sensation de puissante et floue modernité en dépit des conditions de précaire réalité que cela soulève. On aime ce contenu amené sans jugement paternaliste - tourné autour de cette destination shopping hors norme - valant vraiment le détour. Et qui soulève au sein de l’incontournable galerie parisienne Antoine Lévi, des questionnements étayant l’actualité la plus proche. Sans jamais brader l’essence artistique du geste !

www.antoinelevi.fr

OFF ART-O-RAMA

Les Trois Blockhaus de l’Escalette - Chemin des Goudes 13008 Marseille /// Le 1er septembre 2019 /// Exposition : OFF ART-O-RAMA

La peinture a cette capacité incroyable et sans limite de pouvoir absolument tout représenter” nous confesse-t-elle avec malice. Les jeux de langage dont elle se plaît à baptiser ses oeuvres, l’indéfinition des espaces et le sentiment de latence qui caractérisent ses oeuvres confèrent à son approche une signature unique. S’emparant des grands tournants humains mais aussi d’explosions d’affections, les peintures de Lise Stoufflet (Photo ci-dessous Crédit@DR) confortent l’oeil autant qu’elles le laissent perplexe lorsque la candeur prend des tournures inquiétantes. Celle qui considère que “le dessin, c’est la racine” nous parle de cette “coquette laideur” en liant l’intime à l’universel dans un “salement charmant” où l’inconscient collectif devient le seul juge de paix. La présence d’éléments prolongeant le motif peint hors de la surface plane, sur certaines de ses pièces, nous indique un certain attrait de l’artiste pour l’irrationnel rompant avec l’idée de frontière et d’espace délimité ou imparti. Au coeur de cette exposition-éclair - menée avec la fratrie d’artistes du Collective - le visiteur découvrira une oeuvre in situ qui exprimera cette propension à questionner la notion de normalité avec des protagonistes aussi ingénus que perturbateurs. On aime ces entités juvéniles plongées dans ces correspondances intérieures qui confirment ces mots de Lise : “Je peins pour permettre de faire comprendre sans comprendre”. En somme c’est un peu comme participer à un jeu envoûtant dont on ne souhaiterait pas connaître forcément toutes les règles…

www.lecollectiveee.com

L'OMBRE DE LA VAPEUR

A la Fondation d’Entreprise MARTELL au 16, avenue Paul Firino 16100 Cognac /// Jusqu’au 3 novembre 2019 /// Exposition : L’OMBRE DE LA VAPEUR

La technologie toute seule est un gadget. Ce qui nous fascine, c’est quand le corps rentre dans l’image, et que l’image devient un paysage avec lequel on peut jouer et que l’on peut modifier”. C’est ainsi que le tandem résume, le plus simplement du monde, ces formes mouvantes qu’il créé allant du spectacle aux installations dans le champ des arts numériques et des arts vivants. Et porteuses de questionnements sur le devenir numérique du monde. En effet, l’étonnant duo formé par Adrien Mondot et Claire Bardainne alias “Adrien M & Claire B” (Photo ci-dessous Crédit@RomainEtienne) parvient à réaliser des organismes sonores et contemplatifs portés par une fiction animiste hors du commun. A la fois oeuvre, espace, expérience et rencontre, leur dispositif numérique se propose comme une mémoire de l’éphémère. Le visiteur déambule et interagit ici parmi un ensemble de formes élaborées dans un fin voile de métal. Il communie avec des nuages suspendus dans lesquels sont projetés des particules blanches en mouvement. Il n’est pas évident de distinguer le virtuel du réel tant la temporalité ambiante se nourrit de nombreuses résonances. On aime ce duo insécable formé par un informaticien et une plasticienne-scénographe qui construisent une oeuvre jonglant avec des particules normalement imperceptibles à l’oeil nu et qui deviennent progressivement dans leurs mains des entités semblant mues par une intention manifeste. Dans un éloge à ce qui se consume et ce qui se perd !

www.fondationdentreprisemartell.com

VERSUCHE AUS DER LITERATUR UND MORAL II

A la galerie SATOR au 8, passage des Gravilliers 75003 Paris /// Du 12 septembre au 2 novembre 2019 /// Exposition : VERSUCHE AUS DER LITERATUR UND MORAL II

Sa série de tableaux faisant allusion aux chefs d’oeuvres accaparés durant la Seconde Guerre mondiale par le régime totalitaire nazi a autant marqué les esprits qu’elle nous a renseigné sur le lien indéfectible qu’il entretient avec l’Histoire de l’Art et l’Histoire tout court... Cette installation associée à un index papier contenant l’exhaustivité des fiches imprimées relatives aux spoliations, nous indique le travail de titan qui a présidé à ce projet contenant autant d’exaspération, de lassitude, de ténacité que de tristesse. En effet, les oeuvres aux allures de manifeste de Raphaël Denis (Photo Crédit@MaximeDufourPhotographies) mettent en relief les rôles respectifs des collectionneurs, des artistes mais aussi des marchands d’art avec une acuité soulignant les non-dits, les codes et les normes. Construit sur l’obsersation et la question de l’implicite, son travail interroge plus largement le statut de l’artiste d’hier et d’aujourd’hui. Au sein de cette superbe exposition de rentrée chez la galerie Sator - qui fera s’agiter on l’espère les méninges - le visiteur sera confronté à la problématique de la standardisation des formes et des concepts. On aime cette pratique nourrie avec discernement de citations choisies arrivant à bon escient dans un esprit critique et charnel qui nous fait “parler d’art” sans sarcasme avec du factuel, une direction morale et de la chronologie. Mais aussi avec une clairvoyance venue du coeur !

www.galeriesator.com

RHUM PERRIER MENTHE CITRON

A la Friche la Belle de Mai au 41, rue Jobin 13003 Marseille - Tour Panorama 4ème étage /// Jusqu’au 29 septembre 2019 /// Exposition : RHUM PERRIER MENTHE CITRON

Le concept freudien de “L’inquiétante étrangeté” - ce malaise dû à une rupture dans la rationalité rassurante de la vie quotidienne - est au coeur de ses peintures et de ses dessins. Ses propositions plastiques sont des détournements d’images vers des destinations n’apparaissant sur aucune carte. En effet, l’approche picturale de Marie-Pierre Brunel (Photo ci-dessous Crédit@AntoineJouguet) se nourrit d’une kyrielle de références telles que le chamanisme, l’art brut ou encore l’anthropomorphisme. Inlassablement, l’artiste boulimique collecte, compile et accumule toute sortes de documents et d’objets formant une bibliothèque débordante de matières premières qui donneront vie à un univers parcouru de personnages hybrides, ténébreux et parfois monstrueux. Face à une installation attrape-regards, signée avec le collectif SCPC, au coeur de la Friche de Belle de Mai, le visiteur percevra à n’en pas douter le monde aux traits singuliers de Marie-Pierre fait de jeux de masques, de rituels ancestraux, de croyances populaires oscillant entre des recherches expertes sur la gravure, la sérigraphie mais aussi l’illustration. On aime ces impressions soudaines qui surviennent face à cette oeuvre bercée d’accents doux-amers de cette jeune artiste à l’âme de dessinatrice-née. Faisant se juxtaposer des forces divinatoires aux portées discursives inattendues. Et déployant des récits complexes à forte charge symbolique et culturelle !

www.lafriche.org

STRANGE BEAUTIFUL

A la galerie PRAZ-DELAVALLADE au 5, rue des Haudriettes 75003 Paris /// Du 12 septembre au 2 novembre 2019 /// Exposition : STRANGE BEAUTIFUL

Ses oeuvres érudites nous évoquent la scène artistique néo conceptuelle californienne des années 80 explorant la partie obscure de la société américaine consumériste et standardisée. Ses derniers tableaux grouillent, eux, de figures acerbes et mythomanes incarnant l’histoire contemporaine des Etats-Unis. Agrégats de sources hétérogènes, l’univers de cet artiste marqué par la culture populaire du quotidien, est habité de personnages délicteux. En effet, les élans satiriques de Jim Shaw (Photo ci-dessous Crédit@ClaudioCarpi) sont au service d’une vision encyclopédique et singulière parcourue de symboles apocalyptiques. Le visiteur appréciera ici ce double onirique de l’artiste en prise avec une série d’éléments éclectiques colonisant la toile et nous transportant sans retenue dans la sphère de l’intime morcelée par une représentation de rêves à la façon d’un vaste puzzle. On aime ces oeuvres mêlant plusieurs langages visuels et témoignant de la fascination de Jim pour les mouvements millénaristes. Ici l’abstraction moderniste, l’hyperréalisme cinématographique et l’imagerie western dialoguent à bâtons rompus autour du mauvais rêve néo libéral de l’Oncle Sam. Sans aucune pudeur !

www.praz-delavallade.com

LIQUIDE LIQUIDE

A la Fondation François SCHNEIDER au 27, rue de la Première Armée 68700 Wattwiller /// Jusqu’au 22 septembre 2019 /// Exposition : LIQUIDE LIQUIDE

Mon travail, c’est que tout se passe comme dans la vraie vie…” commente l’artiste. A partir de matériaux, de situations ou d’objets les plus divers, il extrait un potentiel musical en créant des dispositifs décloisonnant la notion de partition. Fusion entre la science et la fiction, son oeuvre se présente résolument comme une mise en scène visuelle de l’espace. En effet, considérant que “trop de bruit visuel” sape l’expérience de l’écoute, Céleste Boursier-Mougenot façonne des pièces vivantes dont on accompagne les pulsations du coeur. Ici, l’artiste-compositeur inverse, de manière libre et alternative, la circulation du visiteur dans un parcours qui remonte des profondeurs du bâtiment. Déployé en relation avec les données architecturales et environnementales de la fondation, son dispositif aquatique XXL mêle couloirs inondés, bassins circulaires, roulement minéral, calcins de verre, légers courants contraires et cascade artificielle. Le visiteur se prêtera sans difficulté à un oubli de soi face à ces images et ces sons hypnotiques - à la mélodie douce - jouant la partition de rêves aux contours hallucinatoires. On aime l’immatérialité de ces paysages paramétrés au millimètre près évoquant l’univers immersif et vibrant de la performance. Mais sans performers pour le coup…

www.fondationfrancoisschneider.org

MIRABILIA

A l’Abbaye Royale 49590 Fontevraud /// Jusqu’au 22 septembre 2019 /// Exposition : MIRABILIA

Dans son dispositif plastique - placé dans le choeur même de l’Abbaye - c’est toute la saga des Plantagenêts qui filtre en faisant s’ancrer l’illustre dynastie dans le merveilleux. Son expérience et son traitement du paysage, alliant dessin et installation, nous plonge avec diligence et sans zèle dans la légende historique. En effet, le cycle des quatre saisons mis en place par François Réau ( Photo ci-dessous Crédit@DR) s’empare d’un espace immuable et joue sur les effets de mémoires avec une force incomparable. Le visiteur partage cette chevauchée fantastique où se mêlent licornes, visages au féminin de têtes couronnées et champs interminables de genêts. L’artiste nous invite ici “à regarder ce que le passé regardait” dans un médium transformé, selon ses voeux, en perception… Le dispositif devient le vecteur de sensations et de pensées empruntes de mystères et d’interrogations. Comme pour les mettre en attente de leur définition, les formes nées de ce projet semblent vacantes. On voyage à travers des paysages nus fonctionnant sur plusieurs niveaux avec des ouvertures sur nos vies propres. Le spectateur appréciera ces évasions fondées sur le déplacement du corps et de l’esprit dans une métaphore poétique où règne une part d’inconnu. On aime également cette place accordée à la nature qui fixe sa propre temporalité et ses lois tendant vers l’universel. Sans renoncer à une forme d’archaïsme dévoilant au regardeur, au fur-et-à mesure, ses nobles intentions !

www.fontevraud.fr


UNSUNG HEROES

A la SPEERSTRA Gallery au Chemin des Cerisiers 1 CH-1183 Bursins en Suisse /// Du 21 septembre au 9 novembre 2019 /// Exposition : UNSUNG HEROES

On ne rationalise pas devant l’art” nous confie t-elle en guise d’ouverture. Et d’ajouter : ”On est tous des êtres rationnels et analytiques qui avons notre langage propre…” Les nappes de couleurs étonnamment brillantes de ses compositions aux abords fantasques nous plongent vite dans une profondeur absorbante. Tournés en quelque sorte vers ses inspirations premières, les travaux d’Annina Roescheisen (Photo ci-dessous Crédit@ChristianGeisselmann) rendent un hommage appuyé aux écrits de l’écrivain Daniel B. Boorstin et célèbrent - au coeur de ce beau solo show - tous les héros de nos sociétés contemporaines qui se distinguent dans et par leur anonymat. En effet, l’univers pluriel de cet artiste multimédia, à l’approche pluridisciplinaire, s’appuie sur une direction artistique fondée sur trois axes majeurs : l’humanisme, la philanthropie et le social. Annina - qui s’est penchée assidûment sur l’histoire médiévale et qui a analysé un temps la portée des contes et l’histoire des jouets - aborde désormais loin de la pratique technique de ses débuts son oeuvre sur papier de façon moins émotionnelle mais davantage tournée vers une logique ethnologique. Le visiteur appréciera cette articulation qui convoque sans ménagement notre subconscient sans nous heurter pour autant. On aime cette vérité sans masque et cette mélancolie presque chantée tout en flottement. Nous susurrant l’origine de ce lien impalpable qui relie l’humanité au châssis de la toile !

www.speerstra.net

LES TERRES, MIROIR DU MONDE...

Aux Pavillon de la Culture et du Patrimoine de Saint-Gilles - Tours et remparts d’Aigues-Mortes - Maison du Grand Site de France de la Camargue Gardoise /// Jusqu’au 31 août 2019 /// Exposition : LES TERRES, MIROIR DU MONDE - UNE BIBLIOTHEQUE DES TERRES DE CAMARGUE ET AU-DELA

En prenant pour thème la diversité du monde, je vais continuer, à travers l’art, de transmettre la beauté sans fard et le prix inestimable de la terre qui se trouve là, sous nos pas…” affirme cet explorateur obsessionnel qui questionne ici notre rapport à la terre en nous demandant si elle fait paysage. Dans cette invitation renouvelée à la méditation, Kôichi Kurita (Photo ci-dessous Crédit@DR) présente des installations de plus de 35.000 extraits de terres venus du Japon et de régions françaises. L’artiste nous révèle, dans cet art modeste du sublime, les infinies nuances de terres qu’il a collectées. Le visiteur ne saura resté insensible à ces camaïeux d’ocres et de rouges feu flamboyants qui irradient ce projet bâti sur une quête quasi maladive. Les territoires traversés renaissent ici dans ces pigments composant l’édification d’une bibliothèque où la matière friable, fine ou granuleuse est magnifiée sous la forme d’un rituel célébrant la richesse inouïe des territoires. La performance tellurique de Kôichi - reposant sur ces myriades de poignées de terres - nous parle de la splendeur de l’insignifiant mais aussi de l’immuabilité d’un monde fragile à protéger. On aime cette palette minérale reposant sur un sentiment d’harmonie nous invitant à nous pencher - dans un acte presque politique - sur ces identités territoriales et ces écosystèmes témoins de la création du monde. Aussi omniprésents qu’inaliénables !

www.aigues-mortes-monuments.fr

LIGNES DE VIES - UNE EXPOSITION DE LEGENDES

Au MAC VAL Place de la Libération 94400 Vitry-sur-Seine /// Jusqu’au 25 août 2019 /// Exposition : LIGNES DE VIES - UNE EXPOSITION DE LEGENDES

Je développe des protocoles précis qui s’élaborent comme des expérimentations du cerveau humain” nous confie t-il. Que ce soit par le dessin, la peinture, la sculpture ou la recherche académique, sa démarche artistique consiste à élaborer des outils qui permettent de mettre en avant le mouvement perpétuel de la pensée : plus précisément ses paradoxes, ses connexions et la richesse de sa variabilité. En effet, Sepand Danesh (Photo ci-dessous Crédit@DR) fait apparaître au regard - au sein de cette grande exposition collective de 80 artistes internationaux - les méandres de la réflexion. Face à sa peinture, le visiteur se trouve propulsé à un coin du monde mystérieux “sans sol, ni plafond” et s’observe s’échapper par la pensée. Car l’artiste a créé au fil de longs développements et d’expérimentations - à travers ses collaborations avec des chercheurs et des scientifiques - ce qu’il appelle des “échappatoires salvatrices” : aptes à rendre visibles les structures de la pensée. On aime sa verve de conteur, son goût enjoué pour l’accumulation encyclopédiques des petites choses traduisant une curiosité incessante. Un trait de caractère que l’on retrouve ici détaillé : “Les artistes ont une responsabilité qui est de révéler à la société la relation des individus à leur environnement, et pourquoi pas proposer de nouvelles pistes pour nous révéler à nous-mêmes dans tout notre potentiel à l’heure de l’identité numérique et le big data”… Autant de questions que soulève avec brio Sepand concernant les prédictions que l’individu peut légitimement faire quant à l’évolution de la pensée à l’ère du numérique. Passionnant !

www.macval.fr

GET IN, GET OUT, NO FUCKING AROUND !

Fondation FERNET BRANCA au 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis /// Jusqu’au 29 septembre 2019 /// Exposition : GET IN, GET OUT, NO FUCKING AROUND !

Ses compositions - soulignant des préoccupations conceptuelles non dissimulées - frappent d’emblée par leur impact visuel en empruntant à la culture populaire mais aussi à des sources iconographiques les plus diverses. Ses larges coups de brosse nous libérant du sujet au figuré n’ont pas peur de flirter parfois avec l’outrance et nous rappellent que la peinture est une question d’espace mais encore plus de temps. En effet, les fulgurances chromatiques de Gregory Forstner (Photo ci-desous Crédit@DR) contiennent cette force expressive qui frappe par son style rétinal en illustrant une variété de postures et de situations humaines allant du satirique au grotesque mais aussi au tragique. Ses figures loufoques et ses caricatures animalières affichent à part égale l’ambivalence et l’ambiguïté. Les subterfuges du masque, du déguisement, de la transposition empruntent à des scènes de massacres mais aussi de fêtes ou de kermesses. Le visiteur ressentira parfois les marques d’une humanité inquiète derrière ces estampes, peintures et dessins jamais encore montrés ensemble. On aime cette puissance implacable qui dicte le travail de cet artiste né à Douala au Cameroun et faisant référence à une histoire familiale complexe. Grégory parvient avec l’amplitude et la bienveillance de son geste ludique et décomplexé à échapper au pathos. Ici, l’ironie et le sacarsme nous parlent à chaque coup de pinceau de la condition humaine dans une symbolique qui tourbillonne et où se rencontrent les références à la vanité, au pouvoir, au deuil mais aussi à des dieux antiques. Vifs et impulsifs !

www.fondationfernet-branca.org

LA BELLE ET LA BÊTE...

Au Musée Jean Cocteau Quai Napoléon III 06500 Menton /// Jusqu’au 20 octobre 2019 /// Exposition : LA BELLE ET LA BETE - REGARDS FANTASTIQUES

Elle se laisse bercer par le plaisir de l’incise dans un monde où la couleur est absente. Pas de scénario établi mais plutôt une légende à pénétrer. Dans son bestiaire énigmatique, empruntant à l’esthétique des premiers explorateurs, elle s’abandonne au flux serein des images en provenance des hauts fonds de son imaginaire. La litanie qui émane de cette genèse, sans complaisance, porte en elle l’énergie de la prédation fondamentale. En effet, la mystérieuse altérité qui anime le travail de Marie Boralevi (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous parle d’une intériorité toujours hors d’atteinte. Ses saynètes de vies bancales où les animaux rôdent et haranguent les peuples sont comme des perceptions d’un monde inversé. Le visiteur, plongé dans ces invasions de solitude et ces meutes des corps amassant la lumière - n’échappera pas à l’imprévu et à la connivences nés de ces signes votifs qui se déploient ici au coeur de cette exposition au sein de laquelle on s’oublie à la rémanence des rêves. On aime ces constellations de l’artiste qui s’épanouissent sous le ciel de la conscience et dans les eaux de l’éveil. Au sein de ce sillage parfois vacillant faisant éclore des sensations méconnues, une féminité de guipure croise une bestialité fauve sur papier japon opalin : “Ma main tente de convertir la substance et de rendre la chair présente pour l’oeil qui regarde”… Bouleversant, dites-vous ?

www.museecocteaumenton.fr

TIRER L' ADRESSE

ESPACE A VENDRE au 10, rue Assalit 06000 Nice /// Du 27 août au 28 septembre 2019 /// Exposition : TIRER L’ ADRESSE

La peinture de Tom se nourrit de processus chimiques prenant forme autour de savoir-faire détournés. Son approche plastique nous parle de la destination de l’oeuvre de l’artiste mais aussi de sa réception et de ses vies ultérieures. Tandis que le travail de Simon, lui traite ici du devenir de l'œuvre et d’une pensée au rebond rejoignant dans une logique singulière celle de son acolyte. En effet, le duo formé - le temps de cette exposition féconde et émancipatrice - par Tom Giampieri et Simon Bérard ( Photo ci-dessous Crédit@DR) confronte des pratiques animées par l’envie d’expérimenter tout en mettant en place une recherche élargie de la peinture de l’ordre de la syntaxe. Le visiteur appréciera ces tonalités croisées que parvient à mettre en place le tandem qui s’amuse du caractère multi disciplinaire des pratiques dans un champs lexical exprimant cette convergence autour de la question de la “rematérialisation” de l’oeuvre. Ici le mucus de murex brandaris de Tom croise le jus de choux rouge et les haricots secs de Simon. On aime ce partage du sensible dans une conception rhizomique du rapport à l’autre et à la pratique mais également dans un jeu d’instabilité plaçant la contradiction comme point d’ancrage. Et sous la forme de remises en question fondamentales s’affranchissant de la norme et du cadre : “On a voulu tendre l’accrochage comme on tend une toile” dixit le duo à l’unisson !

www.espace-avendre.com