TEXTURE

A MANIFESTA-LYON au 1, rue Pizay 69001 Lyon /// Jusqu’au 31 octobre 2019 /// Exposition : TEXTURE

L”oeuvre nait de diverses manipulations qui me conduisent au résultat final. Quand je monte une installation, je n’imagine pas sa finalité. Je connais les éléments qui la composent mais c’est dans l’instant où je les mets en place que je redécouvre quelque chose. Et c’est là que l’oeuvre prend son sens…” explique t-il. Réalisées à partir de textile, de papier, de bois, de minéraux ou d’objets inattendus, les créations de Joël Andrianomearisoa (Photo ci-dessous Crédit@DR) enveloppe le visiteur d’un esprit lumineux dans lequel jaillit une “émotion esthétique” sensible et fragile. Présente sous forme écrite ou sonore, la littérature habite profondément ses oeuvres - dont ses superbes “sculptures plan” - où s’exprime une géométrie du plaisir. Sollicitant de nombreux supports, elles sont marquées par un rapport au verbe et au corps où se mêlent l’encre, des labyrinthes faits de papier de soie, des contes populaires et la nuit. Le visiteur appréciera ici cette démarche que l’artiste associe à “cette justesse de pouvoir coudre et d’en découdre de temps en temps, de pouvoir filer, tisser, tendre des choses..”. On aime, au coeur de ce beau collective show, la générosité de cet artiste à l’écoute des palpitements de la vie en cultivant cette manière si particulière d’être présent au monde dans le ”nu de la vie”. Une approche à la lisère des choses reposant sur des situation décalées où les images surviennent et surprennent sans cesse. Et qui fait dire à Joël : “Je suis un peu contre cette idée de comprendre l’art. Je pense qu’il faut juste s’émouvoir de temps en temps…

www.manifesta-lyon.fr

VESSELS

A la galerie Almine RECH au 64, rue de Turenne 75003 Paris /// Jusqu’au 5 octobre 2019 /// exposition : VESSELS

L’opposition ou le conflit entre la manière dont les choses doivent être classées, entre l’art et le design par exemple, est pour moi un discours daté…”explique t-il. Et d’ajouter : “Mon travail consiste à briser l’idée de ce que doit être une sculpture. Je veux dépasser les catégories académiques et les classifications pour libérer le regard de l’art”. Ses recherches sculpturales et conceptuelles autour du corps, de la matière et de la perception se jouent des convenances dans une énergie cinétique saisissante. Perturbant les repères visuels, ses paysages sonores bouleversent notre manière d’appréhender le monde. En effet, la pratique artistique aux inspirations multiples de Tarik Kiswanson (Photo ci-dessous Crédit@CharlotteKrieger) sont comme une polyphonie d’expériences polymorphes et de sensations venues de l’enfance et de réflexions autour du pardon , de premiers amours, de la haine et de la sexualité. Dans une mécanique très précise, ses performances renversent allègrement la frontière entre le théâtre et l’art contemporain. Le visiteur, submergé par la matière, appréciera ici ses oeuvres jouant avec l’espace et le public. Sous une double culture arabe et occidentale, les pièces à l’essence abstraite de Tarik nous parlent de disfraction et d’aliénation sociale mais aussi de questions d’appartenance. On aime cette démarche intuitive recourant à des photographies d’archives et à des formes fantomatiques proches du cocon. A ce sujet, Tarik glisse ceci : “Mes sculptures déconstruisent le spectateur qui les regarde autant qu’elles déconstruisent l’architecture qui les entoure. C’est un peu comme si mon monde personnel transformait le monde extérieur...

www.alminerech.com

PANORAMA 21 - LES REVENANTS

Au FRESNOY - Studio national des arts contemporains au 22, rue du Fresnoy 59200 Tourcoing /// Exposition : PANAORAMA 21 - LES REVENANTS /// Jusqu’au 29 décembre 2019 /// curateur : Jean-Hubert Martin

J’entends plonger le spectateur dans une rêverie divinatoire interrogeant les origines du vivant. Mes oeuvres immersives et mon désir de formes sont abordés de manière subjective et dans une portée symbolique” note-t-il absorbé par ses pensées. Son oeuvre engage la perception du spectateur, sa pensée et son imagination. Elle est à la croisée de ces deux territoires où se mêlent l’origine de la vie et son oubli. S’appuyant sur des enquêtes singulières et récupérant des pistes abandonnées par les scientifiques, sa démarche artistique dessine des instants situés dans de nouvelles ères géologiques et épousant une perspective du temps long. En effet, les travaux de Yan Tomaszewski (Photo ci-dessous Crédit@WilliamBeaucaret) nous parlent régulièrement des corps célestes, d’instruments scientifiques et du fantasme de l’inconnu. Ses sculptures aux formes partiellement humaines mutées et cristallisées - contenant cette idée de recréation mystique rattachée à des molécules primitives, des fragments de corps et une machinerie ultramoderne - révèlent un attrait pour l’art terrestre. Le visiteur appréciera ici - au coeur d’une cinquantaine d’oeuvres fascinantes - les associations de matières de Yan, ses anatomies transparentes et ses distorsions dans un art du contrepoint aussi maîtrisé qu’entêtant. On aime cette pratique marquée par le moteur de la narration et des catalyseurs sémantiques - ouverte sur la video, le dessin et la performance - qui tissent des liens entre des domaines a priori sans rapport immédiat. Au sein desquels un évènement historique dialogue avec une situation hypothétique futuriste ou un fait divers s’étant déroulé dans une architecture moderniste californienne de Richard Neutra !

www.lefresnoy.net

SOME OF US, AN OVERVIEW...

Au Centre d’Art Nord’Art, au Vorwerksallee 24782 Büdelsdorf, Allemagne /// Jusqu’au 13 octobre 2019 /// Exposition : SOME OF US, AN OVERVIEW OF THE FRENCH SCENE /// Curateurs : Jérôme Cotinet-Alphaize et Marianne Derrien

Je m’intéresse à la transformation de la matière et aux sciences occultes..” explique-t-elle. Et d’ajouter : “Ce qui est important, pour moi, c’est la notion d’évolution dans mes installation, mes sculptures ou mes peintures sans peinture…” Ses écosystèmes en perpétuelle mutation sont comme des biotopes révèlant une temporalité intrigante et des éclosions de formes inscrites dans une écologie spectrale saisissante. Tourné vers les proto-sciences, son travail développe - dans un mariage de rituels et de pratiques dures - une mécanique sensible liée à l’espace. Il en appelle souvent au sel car celui-ci “purifie, préserve et nettoie”. Liée à l’animisme et à ce “monde des esprits” - comme elle l’appelle - l’approche artistique de Bianca Bondi (Photo ci-dessous Crédit@BlaiseAdilon) nous parle de ces émulsions et de de ces poudres soignantes vendues sur le bord des routes d’Afrique du Sud. L’artiste collecte des informations de manière maniaque et obsessionnelle qu’elle transforme par la suite. Le visiteur appréciera ici, ces oeuvres faites de fragments de poèmes, de cuivre et de latex à l’écoute des vibrations et des coïncidences du monde environnant. Et inscrites dans un long processus de développement où la légèreté n’est jamais absente. On aime cette logique citant Roberto Bolaño mais aussi Carl Jung et son spiritisme contenu que l’on retrouve dans des petits autels ou des dessins à l’énergie brute sous forme d’”Automatic Schémas” rationnels. Face à ses derniers, Bianca nous dit : “Si je devais choisir un super pouvoir ce serait celui de la régénération pour donner vie à des choses organiques”…

www.nordart.de

HOW TO BUILD A LAGOON...

Biennale de Lagos à Lagos island - Nigeria /// Du 26 octobre au 30 novembre 2019 /// Exposition : HOW TO BUILD A LAGOON WITH A BOTTLE OF WINE

L’humain n’est pas un élément central mais une partie d’un écosystème cherchant l’équilibre entre fantômes, pollution et ruines contemporaines” expliquent-ils. Les voyages lointains qu’ils entreprennent aux quatre coins de la planète nourrissent une démarche fondée sur une interaction avec les lieux chargés d’histoire. Leurs oeuvres décrivent des “fictions climatiques” dévoilant leur attention portée aux détails et aux ressources. En s’inspirant du contexte géographique et topographique, ils confrontent environnement et urbanisme. En effet, Marie Ouazzani & Nicolas Carrier (Photo ci-dessous Crédit@DR) recourent aux collages, à la vidéo et à des installations pour défendre des “formes de résistance” qui repensent nos modes de vie. De ce laboratoire artistique, naît une réflexion sur la relation entre la nature et la culture. Le visiteur appréciera au coeur de cette biennale ces images recontextualisées et cette pratique tournée vers une réappropriation des espaces. Mais aussi cette mise en tension des enjeux économiques et écologiques de notre époque. On aime cette mise en lumière par le duo de paysages en mutation, ces périphéries et ces interstices urbains à travers lesquels le changement climatique est envisagé comme un élément concret. Et où est questionné le potentiel spirituel et fantasmagorique des objets culturels.

www.lagos-biennial.org

BEFORE SOMETHING NEW

A la galerie Christophe GAILLARD au 5, rue Chapon 75003 Paris /// Jusqu’au 12 octobre 2019 /// Exposition : BEFORE SOMETHING NEW

A travers son travail polysémique, elle interroge la nature de l’image en jouant avec les codes culturels. En multipliant les oeuvres archivistes renvoyant à la matérialité de la photographie, elle s’amuse des mots et des signes dans une veine conceptuelle soulevant la question de l’essence du médium. L’artiste porte ici une réflexion sur les mécanismes de construction de l’image dans une pratique formellement diversifiée. En effet, Isabelle Le Minh (Photo ci-dessous Crédit@DR) remet en jeu les théories instituées de la photographie dans une logique réflexive tournée vers le statut de l’artiste face aux nouveaux supports technologiques. Le visiteur appréciera ici ce processus artistique de l’artiste qui explore dans un principe de renversement les mythes fondateurs de l’image. On aime, au sein de ce superbe solo show, cette façon de sonder les objets, les usages et les techniques dans une exploration rendant hommage aux théoriciens de l’art. Qui pourrait se résumer par cette photographie de 2013 - Intitulée “Les Adorateurs du soleil, after Charles Baudelaire&Jacques-André Boiffard”- représentant une pellicule suspendue recouverte de mouches collées sur le mode de l’analogie. Car c’est aussi cela l’oeuvre d’Isabelle : du détournement, des procédés chimiques, du phrasé et de l’humour !

www.galeriegaillard.com

AVALON

A la galerie PERROTIN au Piramide Building, 1F, 6-6-9 Roppongi, MINATO-KU, Tokyo 106-0032 JAPON /// Jusqu’au 6 novembre 2019 /// Exposition : AVALON

Pour ce que je cherchais, il n’y avait pas de scène établie…” confie-t-elle. Ses oeuvres pimpantes établissent un pont entre le Pop Art, le surréalisme et l’Art nouveau dans une veine symbolique qui révèle un univers où se croise humour et mélancolie. Sa peinture figurative fait valser les préjugés avec des oeuvres narratives au caractère satirique explorant le corps féminin dans le regard de la gente masculine. En effet, la démarche artistique d’Emily Mae Smith (Photo ci-dessous crédit@SteveBenisty) s’empare de la question de la corporalité tout en échappant aux mouvements actuels. Le visiteur appréciera ici cette fantaisie illimitée faisant écho parfois à Chicago Imagists mais aussi à cette iconographie où la question du genre est sous-jacente. Les objets inattendus qui peuplent ses travaux, au coeur de cette exposition réjouissante, établissent des dialogues incertains. On retrouve dans les toiles fantasques de la plasticienne texane - ne nageant pas dans le sens du courant -un vocabulaire fait de moustaches, de la figure symbolique du balai, des bougies munies de lunettes, de talons aiguilles s’exprimant sous forme de petites fables ayant l’effet d’une grande bouffée d’oxygène. On aime la force évocatrice de ces oeuvres qui s’emparent avec glamour des représentations phallocrates. Et reposant sur cette curiosité sans limite cultivée par Emily qui nous dit : “Je suis prête à puiser n’importe où dans l’histoire de la culture visuelle…

www.perrotin.com

PELOUSE INTERDITE

A la TRANSVERSALE - Lycée Alain-Fournier au 50, rue Stéphane Mallarmé 18028 Bourges /// Du 25 septembre au 21 novembre 2019 /// Exposition : PELOUSE INTERDITE /// Curateur : Emmanuel Ygouf

Regard porté sur les puissantes ambivalences de la perception du monde de l’enfance par les adultes, leur travail en duo aborde l’enfance comme un sujet d’étude à déconstruire. Le binôme traite avec sensibilité et justesse de la situation d’étrangeté éprouvée enfant face au langage de l’injonction, du plausible ou (au contraire) de l’interdit. Le théâtre de l’enfance est présenté ici comme un endroit interrogeant les impossibilités physiques et matérielles, les déterminations sexuelles, les normes et les codes. En effet, le tandem formé par Camille Cathudal et David Supper Magnou (Photo ci-dessous Crédit@DR) s’empare de ces rapports de force - bien qu’aucune figure de l’autorité ne soient représentée - dans le contre espace imaginatif de l’enfance. Le visiteur appréciera ici cet élément récurrent du jeu dans une logique joyeusement transgressive face à une vison inhibée de l’âge adulte. On aime cet espace de projection des archétypes établi par les deux artistes - au coeur de ce troisième opus du cycle “l’Inquiétante enfanceté” - qui nous citent ces quelques pensées d’un certain Michel Foucault, extraites des Hétérotopies : “ Ces contre-espaces, ces utopies localisées, les enfants les connaissent parfaitement…”

http://lyc-fournier-bourges.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/

LE RÊVE D'ÊTRE ARTISTE

Au Palais des Beaux-Arts de Lille Place de la République 59000 Lille /// Du 20 septembre 2019 au 6 janvier 2020 /// Exposition : LE RÊVE D’ÊTRE ARTISTE /// Commissariat : Bruno Girveau, Delphine Rousseau, Régis Cotentin.

Il construit son cadre, enclenche la caméra et le temps s’installe. “La différence entre le film et la photographie est le son. L’image n’a pas besoin de temps pour apparaître à notre oeil et sa perception est totale” explique-t-il. Son processus artistique est une mise à plat de l’atelier, une cartographie de l’espace créatif. En effet, les clichés panoramiques de Gautier Deblonde (Photo ci-dessous Crédit@JeanMarieDautel) révèlent - comme ceux d’aucun autre - les ateliers des plus grands artistes internationaux. Cette réflexion autour de l’atelier, sans son occupant, s’inscrit dans le droit fil de son travail de portraitiste s’étendant à la réalisation de films. Le visiteur appréciera ici aussi au sein de cette superbe exposition lilloise cette notion d’imprévu qui transparait dans ces travaux laissant le spectateur regarder de ses propres yeux. Mais aussi la très grande netteté des photographies permettant de se décaler un peu, sous plusieurs combinaisons, du point de vue de l’artiste. On aime le choix des pièces présentées sous la forme d’un roman d’une irrésistible ascension, semée d’embûches permettant de comprendre la lente émancipation de l’artiste. Et nous rappelant ces mots de Gautier : “Je pense que le temps de création n’est pas un temps réel…

www.pba-lille.fr

LES CHEMISES DE MON PÈRE

Au Centre d’Art Contemporain de Nîmes (CACN) au 25, rue Saint-Rémy 30900 Nîmes /// Du 8 octobre au 30 novembre 2019 /// Exposition : LES CHEMISES DE MON PÈRE /// Curateur : Christophe Arcos

Son travail est un ensemble de sensations et d’impressions. Son discours, lui, est construit par l’utilisation d’outils et de protocoles de fabrication complexes : “J’aime me laisser porter par l’étrangeté des choses, être saisi par une vision, une sensation qui me sort de ma perception habituelle” explique-t-il. Ses images mêlent l’argentique et le numérique en accolant des matériaux du quotidien qu’il ramasse au gré de ses recherches plastiques en sillonnant la ville. En effet, Baptiste Rabichon (Photo ci-dessous Crédit@FrédériqueFer) manipule la lumière et les pixels en révélant “une autre réalité” photographique. Le visiteur appréciera ici ses séries figuratives et abstraites révélant ces menus détails échappant à l’oeil. Ici, chaque zone de l’image est intrinsèquement différente de la suivante en créant une atmosphère de songe troublante. Cette écriture photographique s’appuie sur une immense matériautèque d’images constituée par Baptiste qui nous confie ceci : “Mes images sont comme des tableaux qui auraient enregistré quelque chose du monde…” On aime ces notes photographiques - avec ses éléments créés had oc - qui révèlent des espaces tentaculaires s’appuyant sur des couleurs négatives jouant avec les secrets d’une pratique bouleversant notre rapport à la photographie. Et portée par des secrets nous disant que le hasard a toujours quelque chose à dire.

www.cacncentredart.com

FREE

A BOZAR - Palais des Beaux-Arts au 23, rue Ravenstein 1000 Bruxelles /// Du 26 septembre 2019 au 12 janvier 2020 /// Exposition : FREE

J’ai des périodes de pochoir et des périodes de gestes. J’aime la structure dans le chaos avec la présence du papier dans ses matières monotypes. Et la musique m’accompagne. Les vibrations font partie de mon jeu ” explique-t-il. Et d’ajouter : “J’aime la peinture à l’huile car elle répond à un temps lent avec un recul dans l’atelier. C’est le silence dans la musique…” Trois espaces-temps condensés apparaissent dans ses travaux : l’intrigue, le développement de l’action et le dénouement dans un seul et même présent. Toujours en mouvement, l’oeuvre passionnante d’Yves Zurstrassen (Photo ci-dessous crédit@FrédéricRaevens) navigue entre abstraction lyrique et expressionnisme abstrait. Son processus de création traduit une volonté d’aller au-delà de la temporalité. Le visiteur appréciera ici - dans un parcours cyclique tourbillonnant - comment la peinture de l’artiste, dans une forme monumentale presque architecturale, se confond avec l’espace lui-même. Loin de tout formalisme, Yves promène notre regard dans une succession effrénée d’apports et de retraits. On aime cette pratique du décollage de formes prédécoupées, intégrées à la peinture et, in fine, arrachées à celle-ci. Que l’artiste éclaire par ces mots : “Ma manière de fonctionner est très similaire au free jazz avec sa part liée à l’improvisation et également une très grande liberté de hasards et de maîtrise.

www.bozar.be

J'AIME LE ROSE PÂLE ET…

Au Crédac - Manufacture des Oeillets au 1, place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine /// Jusqu’au 15 décembre 2019 /// Exposition : J’AIME LE ROSE PÂLE ET LES FEMMES INGRATES

Sa méthode de travail évoque - au-delà de sa pratique personnelle de “la copie non conforme” - une sensibilité proche de celle du collectionneur. Elle relie sans complexe deux formes de plaisirs distincts alliés et inséparables : celui proprement érotique du glamour et celui du plaisir cognitif de la grammaire. Les oeuvres fertiles de ses dernières productions qu’elle réunit ici échangent librement avec des pièces d’art brut donnant à voir la construction d’un cheminement mental. En effet, Sarah Tritz ( Photo ci-dessous Crédit@DR) joue avec des données conceptuelles attestant de la force infinie du langage. Le visiteur appréciera ici, ce fil conducteur subtil qu’a choisi l’artiste du corps pris comme contenant et qui évoque une “boîte” dont le langage serait l’un des principaux outils. A coté de cela, il découvrira - parmi les oeuvres d’une trentaine d’artistes invités - ces séries de dessins à vertu cathartique caractérisées par la symétrie, l’écriture, la clarté du contour des formes figurées nous renvoyant à l’approche au corpus éclectique sans cloisonnement de Sarah. On aime tout particulièrement cet intrigant buffet aux atours anthropomorphes donnant accès à un certain théâtre intérieur. Aussi insaisissable que jubilatoire !

www.credac.fr

ORPHEUS HOT / ORPHEUS COLD

A la galerie Laurent GODIN au 36 bis, rue Eugène Oudiné 75013 Paris /// Jusqu’au 19 octobre 2019 /// Exposition : ORPHEUS HOT / ORPHEUS COLD

Initialement, je souhaitais que ces peintures de suie et de feuilles soient de petits poèmes, mais elles sont devenues picturales également…” explique-t-il à la façon d’un conteur. Son oeuvre composite s’appuie sur une iconographie reposant sur la transformation d’objets du quotidien et nous parle en filigrane de l’histoire du territoire américain et de ses contradictions. Inscrit dans un “cycle biologique”, sa démarche artistique nous parle d’une “esthétique des ressources” dans laquelle chaque oeuvre appelle la suivante. Sa poétique de l’ordinaire donne à son travail la structure d’un récit onirique. En effet, Scoli Acosta (Photo ci-dessous Crédit@CélineBertin) crée des correspondances improbables mettant en lumière le caractère interdépendant des situations. Le visiteur appréciera ici le mobile “Night” qui a été réalisé à partir d’images agrandies de skateboarders en plein vol. Mais aussi ces nombreuses dichotomies traversant cette superbe exposition dans laquelle apparaît “Hearth Spring” : une boite dorée hérissée de pailles et de filtres de cigarettes… Synthétisant - à coté de ce masque mortuaire du 19ème “L’inconnue de la Seine” vu comme le substitut d’Eurydice - les éléments du feu et de l’eau.

www.laurentgodin.com

L'OREILLE, L'ARBRE ET LE BOXEUR

A la galerie Patricia DORFMANN au 61, rue de la Verrerie 75004 Paris /// Du 12 octobre au 16 novembre 2019 /// Exposition : L’OREILLE, L’ARBRE ET LE BOXEUR

Semblable à un flux continu, son processus créatif est attaché à la forme du tableau mais aussi à la sculpture et il déploie des univers cosmiques et désorbités. Un monde insoupçonné - où les récits fertiles se croisent - se découvre progressivement dans un lent pèlerinage de l’oeil. Il révèle des coïncidences à travers des images mentales évoluant dans des territoires complexes où l’architecture, la nature et le cinéma élaborent des “histoires en volume”. En effet, Delphine Sales Montebello (Photo ci-dessous Crédit@DR) parvient à synthétiser sa relation au non-dit et à l’absence en sondant continuellement la matière. Le visiteur éclairé appréciera ici, au sein de cette exposition construite sous la forme d’un échange et d’un dialogue autour du médium de la sculpture, les sujets intrigants et la part d’anachronismes qui habitent l’oeuvre foisonnante de cette artiste qui invente le concept de la “poésie chantée photographique sous condition”. On aime cette sensibilité révélant l’intensité et l’immédiateté d’une oeuvre portée par un geste vital ne remettant pas en question la puissance irrationnelle de l’instinct !

www.patriciadorfmann.com

CINÉMATISSE

Au Musée Matisse au 164, avenue des Arènes de Cimiez 06000 Nice /// Du 19 septembre 2019 au 5 janvier 2020 /// Exposition : CINÉMATISSE - DIALOGUES D’UN PEINTRE AVEC LE CINÉMA

Il y a dans ma peinture, un va et vient qui me plait entre distanciation et submersion” explique-telle. Avant d’ajouter ceci : “Lorsque la sensation m’envahit, elle me hante puis doit exister hors de moi.” Ses jeux lumineux d’assemblages qui maltraitent la toile - pour l’affranchir de l’image peinte et en faire surgir la dualité d’un palimpseste - se nourrissent d’un amoncellement d’idées. Son travail, s’affranchissant du cadre, offre une réflexion profonde sur la consommation des choses et des chaires. Intime et cathartique, sa peinture rend compte d’évènements ressentis et ne répond à aucun système. En effet, la démarche artistique de Madeleine Roger-Lacan (Photo ci-dessous Crédit@IsabellaHin) réagit à sa propre vie et renvoie constamment à la question de la narration et de l’image en faisant cohabiter et se heurter la multitude d’éléments présents dans l’atelier. Le visiteur appréciera ici au sein de cette belle exposition collective la peinture figurative de Madeleine possédant cette fronde et cet esprit de révolte que l’artiste cultive au moyen d’un travail de sape et de détournement subtil. On aime la capacité de Madeleine à inister sur la matérialité du support en remettant en question l’acte de peindre lui-même. Et lui faisant dire en guise de conclusion : “Tout ce qui est physiquement présent peut s’exprimer…”.

www.musee-matisse-nice.org

ISIKHALA

A la galerie Andréhn-Schiptjenko au 10, rue Sainte-Anastase 75003 Paris /// Du 7 septembre au 5 octobre 2019 /// Exposition : ISIKHALA

Je cherche à découvrir cet état binaire, cet espace d’entre-deux que l’on ne peut pas toujours localiser ou exprimer…” confie-t-elle avec un grand sourire. Les concepts du Doppelgänger (traduit comme le sosie ou le double d’une personne vivante) et de la reconnaissance de son double sombre sont au coeur de son oeuvre pluridisciplinaire rapprochant la peinture du médium de la sculpture. De plus, l’exploration du rapport attraction-répulsion s’exprime dans sa démarche tournée vers la question de l’espace. Plus précisément un périmètre vu comme une étendue physique réelle ou une idée plus éphémère de l’espace. Les pièces de cette artiste sud-africaine née en 1982 dans le Swaziland - s’exprimant également par les disciplines de la vidéo, de la performance et de la photographie - mettent souvent l’accent sur le corps de la femme et sur le thème de l’identité. En effet, Nandipha Mntambo (Photo ci-dessous Crédit@DR) explore plusieurs dualités et n’hésite pas à se servir de son propre corps pour mouler des formes qu’elle recherche en questionnant notre capacité à façonner le monde. Le visiteur appréciera ici la façon dont l’artiste parvient à mettre en lumière les puissances qui nous constituent à travers les notions de race, d’identités sexuelles et d’histoire. On aime tout particulièrement dans ce solo show les pièces sur papier utilisant de l’encre et du poil de vache. Célébrant de manière tangible la quête sans relâche de Nandipha d’une simplification de la forme humaine !

www.andrehn-schiptjenko.com

DAISY

A la galerie de MULTIPLES au 17, rue Saint-Gilles 75003 Paris /// Du 7 septembre au 26 octobre 2019 /// Exposition : DAISY

Toujours titrés, ses tableaux sont des amorces d’histoires s’inspirant de l’imagerie contemporaine que véhiculent aussi bien la publicité, les logos, le cinéma que les photos de vacances. L’artiste initie un face-à-face silencieux dans lequel l’absence d’artifice définit une peinture juxtaposant scènettes navrantes et des personnes souvent désespérés. Son travail extrêmement coloré révèle un artefact de la fiction sans narration. En effet l’oeuvre de Régine Kolle (Photo ci-dessous Crédit@DR) livre une vision grinçante de candeur dans laquelle les portraits de personnages déguinganés aux poses rebelles croisent des expressions boudeuses dans des rapports pas toujours chaleureux. Néanmoins une grâce franche et sympathique émanent des toiles de l’artiste portées par ce flot d’histoires qui peuplent l’existence. Le visiteur appréciera cette peinture qui se joue dans l’instant - comme dans un fil d’animation -avec ses personnages qui semblent nous regarder avec surprise et défiance. Ici les connivences et les complicités s’aiguisent en faisant aller et venir la couleur. On aime ce sentiment de joie de peindre - où tout semble possible - qu’exhale le travail de Régine. Mais aussi cette absence de hiérarchie dans le choix des formats qui réunit et résout - sans inventorier l’héritage historique - une somme de paradoxes irrésolus !

galeriedemultiples.com

TELLURIS

Au Musée des beaux-arts du LOCLE au 6, Marie-Anne-Calame 2400 Le Locle /// Jusqu’au 13 octobre 2019 /// Exposition : TELLURIS

Dès le début je voulais que le scotch et les lignes de séparation entre les feuilles de papier restent visibles. Un simple collage informatique serait trop lisse, le spectateur ne rentrerait pas dans l’image. Là, il est face à quelque chose qui a existé. C’est ce qui provoque le trouble…” explique-t-elle avec entrain. Ses pièces nous parlent d’architectures utopiques sans notions d’époque ou d’espaces spécifiques et sont axées sur des images photographiques résultant de conceptions volumiques. Elle révèle des territoires isolés à travers un processus de jeux de construction jouant à l’intérieur d’emplacements. Ses sculptures photographiques - créées par imposition dans des paysages naturels - nous placent dans des décors immersifs dans lesquels elle a laissé volontairement des indices. En effet, les obsessions d’assemblages variables de Noémie Goudal (Photo ci-dessous Crédit@DR) induisent - sans recours à la retouche ni un traitement d’image - de longues recherches documentaires. Le visiteur appréciera ici dans ce sublime solo show, cette obstination à apprivoiser le milieu et l’espace scopique en se jouant de toute spéculation. Le regard décèle ces imperfections et ces artifices au coeur d’étendues désertes à la beauté énigmatique. On aime ces atmosphères irréelles à la réalité palpable qui viennent provoquer une forme d’égarement. Un sentiment que Noémie appuie par ces quelques mots : “Il n’y a jamais de personnage dans mes photos car je veux que le spectateur lui-même devienne le protagoniste de l’histoire…

www.mbal.ch

PERSISTENT IMAGE

A la galerie MOR CHARPENTIER au 61, rue de Bretagne 75003 Paris /// Du 7 septembre au 5 octobre 2019 /// Exposition : PERSISTENT IMAGE

Son travail nous parle des “résidus de mémoire” et de ce lien complexe entre l’histoire et l’image photographique à travers les chamboulements technologiques depuis les premiers procédés photographiques jusqu’à la disparition de l’appareil analogique. Elle revient sur l’histoire de la photographie et la représentation de la mémoire dans un discours critique et politique appelant à une compréhension de notre temps. En effet, la démarche artistique de Rosângela Rennó (Photo ci-dessous Crédit@DR) se présente sous la forme d’une métaphore de la dérive institutionnelle et sociale que traverse actuellement le Brésil. Le visiteur appréciera ici ces images vidées de leur sens premier et traitant de cet épuisement sémantique placé sous le spectre du marketing, de l’autopromotion et de la législation. L’artiste met sa vie privée en première ligne pour créer une oeuvre multiple - avec pour outil la mémoire comme catharsis collective - portée sur une investigation de la vie sociale. On aime cette intertextualité et ce pouvoir des images activé par le texte via des visionneuses télescopiques. Ainsi que cette collecte par Rosângela de clichés et d’objets éclairant des faits souvent plongés dans l’oubli. Dont elle refuse la disparition.

www.mor-charpentier.com

LE RÊVEUR DE LA FORÊT

Au Musée ZADKINE au 100 bis, rue d’Assas 75006 Paris /// Du 27 septembre 2019 au 23 février 2020 /// Exposition : LE RÊVEUR DE LA FORÊT

J’ai beaucoup regardé les jardins de la Renaissance maniériste…” nous confie-t-elle. Passage entre des mondes intérieurs mystérieux et des espaces architecturaux variés, ses oeuvres se jouent de la matérialité, de la représentation et de l’illusion. Ses tableaux et sculptures révèlent le temps géologique de la sédimentation et des projections narratives à fleur de roche. La ruine qu’elle dévoile à travers des strates - juxtaposées et poncées - s’empare du carton sculpté pour nous plonger dans des voyages initiatiques. En effet, la démarche artistique d’Eva Jospin (Photo ci-dessous Crédit@RaphaëlLugassy) se présente comme une mise en abyme à la lisère entre rêverie et réalisme sous la forme du fantasme d’une nature rêvée. Le visiteur appréciera ici, au sein de cette grande exposition collective, le déploiement de l’imaginaire de cette plasticienne qui taille et cisèle les futaies dans d’ensorcelantes forêts et armées de végétaux. On aime ces bas-reliefs, ces panoramas et ces perspectives propices à la création d’installations nous projetant au loin dans la vie cachée des choses. En nous enveloppant, ses paysages mentaux nous invitent à promener notre oeil dans des entrelacs de lianes en chanvre par l’intermédiaire des hautes cimes de ses forêts qui lui font dire ceci : “ Mes forêts reflètent des préoccupations humaines : l’idée de se perdre ou de se retrouver, notre rapport à l’enfance, aux peurs archaïques” On ne peut s’empêcher alors de penser à Macbeth, seul, au coeur de la forêt de Birnam…

www.zadkine.paris.fr