CYNTHIA CHARPENTREAU

Je ne me considère pas comme photographe, je suis jamais vraiment à l’aise lorsque je prends des photographies, mais c’est mon médium, mon moyen d’expression. Je ne me sens moi-même que dans le laboratoire, dans la chambre noire, avec la lumière rouge et ces ombres qui surgissent sur le papier photosensible…” a-t-elle confié récemment. Et d’ajouter : “Je ne suis pas passionnée par le réel, ni la question de la vérité. Ni les histoires, ni les scènes, ni les corps, ni les visages… Ce qui me touche c’est ce qui ressort de la lumière, des ombres et de leurs mélanges.” Ne cherchant pas à diriger l’oeil du spectateur mais plutôt à l’interroger, ses oeuvres se penchent sur des trajectoires et des corps dans des jeux de substances et de matériaux entre eux. Elles épuisent l’image en quelque sorte pour faire sortir son essence. En effet la démarche artistique de Cynthia Charpentreau (Photo ci-dessous Crédit@MarieSophieLeturcq) rend palpable ce sentiment d’impossible déjà réalisé via le pouvoir magnétique des images renvoyant à notre propre fragilité. Mais aussi ce trouble naturel face au réel évoquant la permanence de la pierre et ce rapport de l’Homme à ce qui l’entoure. Le regardeur appréciera ce vocabulaire racontant la lente construction du monde, rendant hommage aux textes de Roger Caillois et nous montrant un espace qui se creuse, s’excave et se vide. On aime tout particulièrement cette approche et ces travaux saisissants - se présentant sous la forme de subtiles tirages uniques argentiques sur papier Ilford Baryté - témoignant d’un amour des carrières, des strates géologiques et des roches indivisibles où la poussière de marbre se fait actrice silencieuse des opérations !