SARAH JÉRÔME
“Le corps est aujourd’hui une forme de territoire qui est à la fois un objet intime et un support de communication, d’auto-célébration. Nous sommes dans une ère de la surveillance où l’on montre ce qu’on fait, ce qu’on est sous forme d’avatar, et en même temps, on a besoin d’intimité, de se recentrer dans une cellule restreinte. Je trouve intéressante cette dichotomie qui caractérise l’homme…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter ceci : “Dans mon travail, j’ai tendance à vouloir réparer, rassembler, faire cohabiter des choses qui ne sont pas faites pour cohabiter ensemble. J’utilise des matières qui sont contradictoires, illogiques : je peux juxtaposer de la céramique avec de la cire ou de l’huile avec du calque”. Suspendant le temps de l’action, ses oeuvres évoquent, telles des saillies pointées vers nous des perceptions distendues du sujet mais aussi des relations humaines prenant forme autour de la danse et de la chorégraphie. Elles dressent des identités réduites souvent à des archétypes saisissants. En effet, la démarche artistique de Sarah Jérôme (Photo ci-dessous Crédit@DR) est portée par des filiations nées de dessins et de peintures sur papier calque mais également de travaux autour de la céramique qui revisitent le registre symboliste. A partir desquelles opèrent des compositions erratiques ambigües et complexes révélant la force du geste pictural. Le regardeur appréciera ces histoires visuelles et ces ramifications où échangent allègrement les médiums protéiformes de la sculpture, de la peinture ou de l’installation pour mieux exprimer ces zones grises tapissées de dissonances. On aime tout particulièrement cette pratique conduite par une réflexion plastique troublante questionnant la dimension montueuse du corps autour de l’idée de privation, de guérison, de cicatrices fossiles et de doutes meurtris. Et cette beauté crépusculaire, aux paupières closes, engagée dans une course effrénée contre le temps. Ce fameux Tempus Fugit taillant à vif dans les chairs et les âmes !