BENJAMIN SABATIER
“ Il est important que dans le trajet de la création, j’ai la possibilité de changer de schéma, de bifurquer, qu’il y ait des déplacements dans les formes. Je ne cherche pas à appréhender une pièce de manière empirique…” a-t-il déclaré dernièrement. Et d’ajouter : “ Pour moi une œuvre "fonctionne" quand elle arrive à parler avec simplicité de choses compliquées. On pourrait définir cela par le terme de "fulgurance", par quelque chose qui s'impose à soi comme une chose de "naturel". Une œuvre est réussie quand tout ce qui la compose se retrouve nécessaire en son sein. En fait c'est peut-être ce mot de "nécessité" qui est le plus récurrent dans mon travail”. Et de poursuivre ainsi : “J’aime comprendre la nature d’une œuvre d’art produite selon les modèles économiques et commerciaux d’aujourd’hui. Les matériaux et les objets que j'utilise, qui sont toujours issus de notre univers immédiat, que ce soient des résidus issus de la surproduction ou de la consommation de masse. Mon travail plastique permet de me situer dans le monde. Les objets que je fabrique sont autant des pistes pour comprendre notre environnement. Grâce à eux je parviens à me positionner, à prendre parti”. Fondées sur une expérimentation sans relâche, ses sculptures permettent de pointer la valeur-travail et la valeur-marchande de l’oeuvre. Conservant un moment donné et gardant la trace d’une mémoire, elles portent en elles un aspect critique saisissant. En effet, la démarche artistique de Benjamin Sabatier (Photo ci-dessous Crédit@DR) questionne l’oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique et interroge de manière récurrente le concept de travail. Le regardeur appréciera ces variations concrètes - via des assemblages au sol, des collages, des sculptures murales - associant le béton, le bois brûlé, l’encre de Chine, des billes et des papiers collés sur toiles. On aime tout particulièrement cette pratique révélant ces fragments déchirés de papier coloré industriellement que l’artiste a marouflé sur toile avec de la colle à tapisserie, puis recouvert d’encre de Chine à l’éponge. Mais aussi cette éthique du Do It Yourself fondée sur l’idée d’une autosuffisance économique !