MOUNIR FATMI
“Mon travail concerne avant tout le langage, l’écrit, les écritures que ce soit la philosophie, les textes religieux ou autres. Ce qui m’intéresse quand je travaille avec le Coran, c’est qu’il peut être aussi un livre d’histoire. Peut-être aussi un livre d’archives. Il n’y a pas que les religieux qui ont le droit de l’utiliser. Les historiens, les artistes, les journalistes peuvent le faire aussi…” a-t-il déclaré récemment. Et d’ajouter : “Ma démarche est liée à plusieurs sujets mais si je résume on peut dire que c’est un travail sur trois éléments : le langage, l’architecture et la machine. La machine représente beaucoup de choses, ce n’est pas seulement l’industriel, c’est aussi la politique, la religion et tous les systèmes qui s’installent et qui font en sorte de nous contrôler”. Avant de poursuivre ainsi : “On est artiste mais aussi citoyen, aussi père de famille et aussi critique. Le changement ne vient que dans la mesure où il y a une pensée critique qui repoussera les limites que l’on a posées nous-mêmes”. Questionnant les mécanismes illusoires qui nous lient à la technologie et aux idéologies, ses oeuvres saisissantes interrogent le statut de l’oeuvre d’art entre archive et archéologie. Elles s’appuient sur les matériaux en cours d’obsolescence ou à l’avenir incertain. En effet, la démarche artistique de Mounir Fatmi (Photo ci-dessous Crédit@CéciliaGarroniParisi) remet en question le transfert des connaissances et relève un intérêt pour la fabrication d’images-messages ainsi que les notions de perte et de transmission. Le regardeur appréciera ces travaux épris de liberté traitant de la désacralisation de l’objet religieux et de la fin des dogmes. On aime tout particulièrement cette pratique tournée vers l’exploration des rapports entre l’individu et le groupe. Et cet éveil artistique marqué par la gestuelle de Brion Gysin sur la calligraphie ou encore le regard de Paul Bowles. A ce titre, l’artiste confiera ceci : “Je suis quelqu’un en déplacement permanent, même mental. Je n’ai pas de nostalgie, pas de lien avec un lieu, je peux être ici aujourd’hui et ailleurs demain, je sais que tout est fragile, rien ne peux résister au temps et aux changements qui arrivent autour de nous. Je me présente toujours comme un travailleur immigré. Je travaille, je voyage, j’expose là où on m’invite” !