JOACHIM BANDAU
Ses dessins au graphite hachurés répétitifs, ses aquarelles noires et ses mers de plomb révèlent des séances de travail herculéennes s’écoulant parfois sur plusieurs mois ou de longues années. Nous tenant à distance d’un état de conscience éloigné, ses sculptures récréent des murs, des ombres, des sols et des fenêtres, gris sur gris, évoquant cette idée de collision visuelle en cours et à venir. Chargées de symbolismes, ses oeuvres nous invitent, dans leur fragilité et leur troublante liquidité - à un décodage à l’envers. Se soumettant à la somme focale d’un champ noir uni, chacune des couches de ses peintures livre des balayages profonds se chevauchant dans une inégale irrégularité. En effet, la démarche artistique de Joachim Bandau (Photo ci-dessous Crédit@DR) mêle des divisions d’espaces et des interruptions sculpturales dans l’addition constante de lavis rectilignes transparents de gris sur un autre. Elle nous parle, dans les creux d’une fausse opacité, de “photographies” accidentelles en accéléré. Le regardeur appréciera, ces travaux marqués par la forme du contour impliquant l’oeil dans des types de détails très disparates faisant du profil extérieur de chaque pièce un ingrédient actif. Mais aussi cet effort inouï consacré aux sculptures dans des variations abstraites comme dans un exercice permanent de reconstruction exagérée. On aime tout particulièrement ces éclats de grisailles, ces cocons en acier, ces empilements sombres saisissants - dans une utilisation de l’uniformité accrue - nous confrontant à des concepts structurels et spatiaux parcourus d’indices noyés dans des paysages apparemment vides. Et cette densité née de la conception de plans aléatoires faisant par moment autant écho aux compositions suprématistes de Malévitch qu’à de vaines tentatives d’orchestration d’idéaux s’exprimant dans des jaunes diaphanes bercés de décalages infimes !