PHILIP-LORCA DICORCIA
“Je ne cherche pas à prendre un cliché sur le vif ni à créer des mises en scène cinématographiques comme sur un plateau de tournage. Je cherche à éliminer les clichés. Je cherche à savoir comment on peut comprendre les gens. Dans mes photographies, les gens ne sont pas eux-mêmes, ils sont représentatifs d'un état du genre humain” a-t-il- confié un jour. Et d’ajouter ceci : “Quand j'arrive dans un lieu, je détermine l'angle de vue. A partir de là, je place une batterie de flashs sur des lampadaires ou des façades d'immeubles. Ils sont synchronisés avec mon appareil photo par un radio-transmetteur. Je teste un instant les lumières avec un Polaroid. Puis je photographie tout ce qui se passe”. Avant de poursuivre ainsi : “Je capture les moments où rien ne se passe, je ne m'intéresse pas aux événements”. Dans une attention aigüe portée aux détails, ses oeuvres expriment une narration se traduisant par des images instables et non fixées qui pointent dans certaines directions mais ne fournissent jamais une carte définitive. Elles associent une impression d’immobilité totale au sentiment apparemment contradictoire d’être témoin d’un moment fugace. En effet, la démarche artistique de Philip-Lorca diCorcia (Photo ci-dessous Crédit@NorbertMigulet-SchirnKunsthalleFrankfurt2013) nous parle d’une photographie qui n’est pas nécessairement un artefact documentant une tranche de temps spécifique. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants nous informant qu’une photographie doit plutôt résulter d’une planification et d’une orchestration minutieuses. Sans avoir à propager une vérité morale ou susciter un changement social. On aime tout particulièrement cette pratique revigorant le genre et cet aspect cinématique dénonçant - via le regard triste d’une passante dans la foule ou la posture désabusée d’un gigolo pris dans une bousculade - les mensonges d’un rêve américain prostitué !