BRÛLER

A la Médiathèque du Carré d’Art au 2, rue des Bois 91230 Montgeron /// Jusqu’au 1er février 2020 /// Exposition : BRÛLER

De plus en plus, je conçois une exposition comme un paysage mental. Ce paysage est lié à une période de ma vie ou de celles de mes aïeux ainsi qu’à un endroit : une maison, un appartement, un village. Cet endroit intime se rapportant à mes souvenirs se confond alors au public, à la cité, à la banlieue, à la ville, à la Pologne…” nous confie-t-elle. Et d’ajouter ceci : “Il se mêle alors aussi, par porosité, à la question politique, à la place d’un HLM dans une ville ou encore à la violence de l’Histoire polonaise”. Ses pièces et ses installations portent toutes en elles ces éléments disparates dans leur matière et leur densité narrative en évoquant régulièrement les énoncés de Bachelard dans sa “Poétique de l’espace”. En effet, la démarche artistique d’Alicia Zaton (Photo ci-dessous Crédit@MaximeMassare) nous parle d’une recherche constante de la justesse dans une multiplicité de médiums et de formes réunis dans un langage très personnel baigné d’histoires où l’artiste se projette. Son rapport empirique à la matière révèle des oeuvres hybrides fonctionnant comme des reliques. Le visiteur appréciera ici - au coeur de cette remarquable exposition - un “retour aux sources” avec le feu comme rite de passage et les flammes réminiscentes de l’amour adolescent. Mais aussi cette “porte des enfers” médiévale ou foraine renvoyant à la ville de l’enfance d’Alicia. Le paysage est d’un coté une ligne d’horizon brûlé et de l’autre une transparence abordée à travers les rideaux de fenêtres d’une tour d’habitation. On aime tout particulièrement ce traitement de la matière revenant comme des souvenirs ou des visages ; où la cire signifie quelque chose lié à l’intime et au mystique ; ou encore le plâtre qui dit la douceur tandis que le verre lui nous renvoie à l’ordre de la conservation, de la larme. La dureté du monde elle revenant au métal et au bois brûlé. Cependant que l’artiste nous glisse ceci au sujet de ses dites reliques : “Elles sont des matières, des textes, des objets dont les formes importent peu finalement. Elles incarnent un passé retrouvé, imaginé, voir fictif. Mes pièces permettent leur incarnation. Elles sont ‘l’âme’ de mes sculptures, ce qui signifie également dans le langage de ce médium : l’ossature !

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GRAND MAGASIN

A la galerie Laurent GODIN au 36 bis, rue Eugène Oudiné 75013 Paris /// Du 21 janvier au 21 mars 2020 /// Exposition : GRAND MAGASIN

Ses oeuvres révèlent une utilisation méthodique d’objets manufacturés liés à la production ou à la consommation et sont habitées par la réalité sociologique du monde. Renversant le rapport traditionnel de l’homme à ses machines, dans leur capacité à s’activer de manière autonome, elles emploient des matériaux sans qualité particulière trouvés dans des lieux ordinaires. L’artiste nous parle d’une société d’abondance pour mieux appréhender la dimension essentielle du monde. En effet la démarche artistique de Delphine Reist (Photo ci-dessous Crédit@DR) s’incarne dans des sculptures abordant la question de l’obsolescence programmée tout en ouvrant des conjectures aussi pessimistes que cinglantes. Le visiteur appréciera ici - au sein de ce solo show incontournable - ce regard critique non dépourvu d’humour qui offre parfois de drôles de parallèles dans des détournements célébrant une forme de révolte des objets standardisés. Mais également cet acte de contestation consistant à montrer ces situations communes échappant souvent à la visibilité convenue de l’art. On aime tout particulièrement ce travail engagé ouvert sur un public de la rue et de non-initiés - selon les voeux de l’artiste - qui questionne les lieux institutionnels et les commandes publiques via une boucle incessante du recyclage. Et qui nous livre des “manoeuvres” traitant indirectement de l’”autonamatisme psychique” en enjambant le vide dans un équilibre précaire et des rapports de force évitant les affrontements dissymétriques !

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NOUS DANSERONS UN JOUR…

A l’Aparté, Lieu d’Art Contemporain - Lac de Trémelin 35750 Iffendic /// Du 31 janvier au 27 mars 2020 /// Exposition : NOUS DANSERONS UN JOUR ENSEMBLE

Je m’intéresse à révéler le potentiel pictural de ces espaces publics, de ces urbanités, de ces architectures là où même le laid n’est flagrant, à travers le grand jeu de la peinture figurative…” avait-il expliqué il y a quelques années. Et d’ajouter : “De plus en plus, je m’éloigne du réel pour composer mon propre paysage”. Il s’attache à exprimer le beau là où ce dernier n’est pas une évidence en mettant en image ces “apparitions” nées de son imaginaire urbain. Ses compositions urbaines, elles, abordent la périphérie des villes et les grands ensembles dans l’anachronisme d’une image peinte de tradition classique. En effet, la démarche artistique de Dorian Cohen (Photo ci-dessous Crédit@JulienCresp) à ce pouvoir unique de nous parler avec la plus grande justesse de bretelles d’autoroutes mais des arbres aussi. De leur capacité à échanger entre eux dans une forme de plaidoyer fait autant de rêverie que d’humanité. Le visiteur appréciera ici, au sein de cette exposition majeure, des instants de communion dans lesquels les récits se croisent en révélant différents langages mais également le” banal” à partir de la photographie. On aime tout particulièrement ces travaux porteurs d’une harmonie diffuse faite du chaos de la cité postmoderne entre réalisme cru et fantasmagorie de l’ “entre chien et loup” opérant dans la scène de genre. Mais surtout ce caractère maniaque cultivé dans la nature morte nocturne. Celui qui nous renvoie invariablement à la peinture du XIIème siècle qui a fait dire à Dorian ceci au sujet de cette dramaturgie opposant urbanisme et végétal : “Il m’arrive de fantasmer une scène afin de la peindre et de la rendre le plus réel possible pour le spectateur. Mon travail, c’est de donner du sens !

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SOLEIL VERT

A la NEW Galerie au 2, rue Borda 75003 Paris /// Jusqu’au 15 février 2020 /// Exposition : SOLEIL VERT

En désaccord avec l’attitude techno négative, les écosystèmes que je produis portent toujours la marque d’une certaine guérison…” explique-t-elle. Et d’ajouter : “Le bien-être que je souhaite transmettre passe souvent par la diffusion en temps réel de flux corporels tels que la respiration, la circulation des liquides et les transformations chimiques”. Se concentrant sur la création d’espaces physiques et virtuels, son travail accueille des machines et des installations faisant coexister sculptures électroniques et images numériques. En effet, la démarche artistique de Salomé Chatriot (Photo ci-dessous Crédit@OliviaSchenker) nous parle de cette façon dont la science traite les corps à travers l’objectivité orientée des données dans une gestuelle où le processus est aussi important que le résultat. Le visiteur appréciera ici, dans cette belle exposition collective, ces travaux à la sensualité organique dans une extraction du vivant circulant au sein d’images digitales tout en utilisant les potentiels de demain et les nouvelles technologies. Mais aussi tout particulièrement “Fertilization”, cette imposante impression sur plexiglas, évoquant des sculptures-organes - à la façon de chair en gestation de la machine - dans un état de nymphose. On aime cette approche laissant place au data, à des installations immersives et à des projets tentaculaires, à partir de données biométriques nous renvoyant aux textes de A.H. Weiler et au film d’anticipation de Richard Fleischer aptes à rompre toute nos certitudes dans l’après catastrophe. Et sous des charges virales à l’intensité magnétique traversant un monde ayant fait depuis longtemps le deuil de son humanité !

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THINGS FALL APART…

A la galerie Jocelyn WOLFF au 43, rue de la Commune 93230 Romainville /// Jusqu'au 25 mars 2020 /// Exposition : THINGS FALL APPART (INTERIM REPORT)

Le réel commence là où le sens s’arrête…” avait-il un jour affirmé au sujet de son travail en citant les mots de Lacan. Ses oeuvres proposent plusieurs systèmes de représentation du savoir et de la connaissance mêlant des questions d’ordre philosophique à des modes de transmission visuels. Elles mettent en lumière l’identification des symptômes et des contradictions qui affectent les corps social. Les dispositifs du plasticien, associant images et textes, sous forme de storytelling poétiques suscitent souvent des états d’hypnoses troublants. En effet, la démarche artistique de Zbynek Baladran (Photo ci-dessous Crédit@DR) chahute notre imaginaire politique à travers des montages videos et des assemblages d’images à forte portée dialectique. Le visiteur appréciera ici des propositions méthodologiques dans des distorsions temporelles saisissantes mais aussi ce caractère d’allusion, de discrépance et d’abstraction comme des métaphores de la réflexion filmique. On aime ces travaux, à la gravité empathique, qui sont comme une conscience de la nécessité de la recherche du réel symbolisée dans un agencement narratif fait parfois d’une grande mélancolie. Et se présentant comme le résultat d’une lutte face au capitalisme !

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LE CIEL AUSSI EST UN FRACAS

A la galerie ETC au 28, rue Saint-Claude 75003 Paris /// Du 31 janvier au 21 mars 2020 /// Exposition : LE CIEL AUSSI EST UN FRACAS

Ma peinture entre en résonance simultanément avec le modernisme de l’abstraction américaine et la tradition de la peinture chinoise et estampes japonaises . De cet équilibre se dégage une grande liberté, chaque peinture étant un fragment d’une étendue plus grande, une profondeur légère de couleurs et de temps…” avait-elle confié un jour. Passerelle tendue entre la lumière et l’encre, ses oeuvres nous parlent d’un processus de “revoilement” faisant naître des lieux de brumes et d’ombres saisissants. En effet, la démarche artistique de Claire Chesnier (Photo ci-dessous Crédit@YgeGou) révèle des trainées ascendantes faites d’immatérielles présences à la manière de miroirs qui ne renverraient plus d’images. Le visiteur appréciera ici, ces toiles se déployant dans des temps d’arrêts aussi subtils que troublants. Mais aussi cette gestuelle à travers laquelle l’horizon et le rivage sont soustraits comme par pur enchantement. On aime tout particulièrement ces travaux qui parviennent à nous montrer dans un scintillement sourd un champ de rythmes et de vibrations résonnant dans l’écoulement. Les macules affluent et s’étendent de halos vagues en contours imprécis. Au sujet de son dialogue avec la matière se vivant dans l’inattendu et ne tolérant aucun repentir, l’artiste nous livrera ceci, après avoir confessé un certain amour pour les textes de Pascal Quignard et de Philippe Jaccottet : “ Quelle énigme que cette effusion excentrique : non seulement dans le mouvement de chute mais également dans le transport par capillarité vers le haut, les épanchements en tous sens…” Nous montrant le papier en train de boire, de s’imbiber et de se gorger, alourdissant son corps du poids de l’eau, d’une masse noire, d’une densité de couleurs !

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PULSE

A la galerie l’ Axolotl - Cabinet de curiosités au 23, rue Nicolas Laugier 83000 Toulon /// Du 1er février au 2 mai 2020 /// Exposition : PULSE

En guise d’introduction, il souhaite citer d’une seule traite ces propos de Gaston Bachelard : “Une matière qui n’est pas l’occasion d’une ambivalence psychologique ne peut trouver son double poétique qui permet des transpositions sans fin. Il faut donc qu’il y ait double participation…” La citation en effet trempe le décor au sujet de sa nouvelle série d’oeuvres qui nous renvoient sur l’histoire suivante : Depuis 2012, un groupe de chercheurs tente d’identifier un certain type d’étoiles présentant une anomalie dans son oscillation lumineuse. Cette fréquence de vibration marquante interrompt la linéarité de la variation lumineuse. Et l’artiste d’ajouter ainsi : “Les étoiles présentant cette anomalie sont appelées étoiles déprimées en opposition aux étoiles riantes, elles, normales“. La démarche artistique de Léo Fourdrinier (Photo ci-dessous Crédit@ClaireGuetta) nous parle donc de l’identification et de la classification de ces étoiles permettant de déterminer les conséquences d’une telle anomalie sur leur fonctionnement et leur durée de vie. Mais aussi en posant la question de la probabilité d’émotion des objets et sur la matière poétique que ceux-ci contiennent. Le visiteur appréciera ici - dans cette passionnante exposition personnelle - cette “chimie de la rêverie “ en parallèle du lancement d’une édition sonore. On aime particulièrement ces travaux au modus operandi rigoureux qui pose la question suivante : l’imagination est-elle un obstacle fondamental à la connaissance scientifique ? En nous invitant à regarder plus loin vers une multiple réalité constituée d’oeuvres-mondes !


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CARAMBOLAGE AU MARCHÉ...

A la galerie Espace A VENDRE au 10, rue Assalit 06000 Nice /// Du 25 janvier au 5 avril 2020 /// Exposition : CARAMBOLAGE AU MARCHÉ D’ANVERS

Mon travail est à la fois très inspiré de mouvements picturaux qui proposaient un point de vue critique sur le monde, de même qu’il se situe un peu dans un certain héritage des recherches surréalistes…” avait-il confié. Et d’ajouter : “Puisant aussi bien dans l’histoire de l’art que dans la culture populaire, les dessins que je réalise peuvent par ailleurs renvoyer à des iconographies assez éloignées telles que le dessin satyrique et à l’imagerie fantastique”. Mêlant réel et merveilleux, ses réalisations livrent un terrain d’expression à ses propres obsessions avec décalage et humour. En effet, la pratique artistique de Quentin Spohn (Photo ci-dessous Crédit@DR) revisite un certain nombre de genres traditionnels comme le portrait, les scènes de guerre ou le paysage. Elle nous parle aussi, dans une dimension burlesque parfois, de compositions aux allures de fresques composites et polyphoniques du temps présent. Le visiteur appréciera ici - au coeur de ce splendide solo show - ces grands formats fourmillant de personnages et de détails dans des scènes qui s’automatisent dans une frénésie saisissante. On aime particulièrement ces derniers travaux à la pierre noire où le réalisme le dispute à l’étrange sans redite ni minauderie !

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KIKI SMITH

A LA MONNAIE de Paris au 11, quai de Conti 75006 Paris /// Jusqu’au 9 février 2020 /// Exposition : KIKI SMITH /// Commissariat : Camille Morineau et Lucia Pesapane avec la collaboration de Marie Chênel

“La fin des années 1970 et 1980 a été une période d’envoûtement romantique pour le sexe, la drogue et le rock and roll, mais aussi l’époque des agressions militaires, masquées et déclarées, des Etats-Unis en Amérique centrale… “ avait-elle déclaré en 2015. Et d’ajouter : “C’est à ce moment là que j’ai commencé à utiliser des images de corps pour essayer de trouver un langage à travers lequel exprimer mon propre mal-être et mon angoisse”. Le corps humain, les figures féminines et la symbiose avec la nature composent les motifs récurrents de son travail dans une exploration des matières embrassant le plâtre, le verre, le bronze, la porcelaine, le papier ou encore la cire. Se nourrissant symboliquement de souvenirs, ses oeuvres explorent le rôle politique, social et culturel des femmes dans une gestuelle narrative faisant se côtoyer les héroïnes de contes à la croisée de l’ univers fantastique et de la culture populaire. S’apparentant à une quête de l’union des corps avec la totalité des êtres vivants et du cosmos, la démarche artistique de Kiki Smith (Photo ci-dessous Crédit@GalerieLelong&Co.Paris) nous parle des grands mythes des origines dans un décryptage de la relation entre les espèces et les échelles. Le visiteur appréciera ici - dans cette première exposition personnelle de l’artiste américaine dans une institution française - ces pièces, où la sculpture et le dessin occupent une place centrale, allant d’animaux étranges, à des corps nus , des organes en passant par des substances. On aime ces travaux profondément féministes soulevant - comme un terrain de combat - des questions existentielles et traitant de légendes ou de mythes. Dans une intuition établissant des analogies nous renvoyant à son enfance dans le New Jersey !

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THE NE'ER-DO-WELLS SET OUT...

A la galerie Nathalie OBADIA au 3, rue du Cloître Saint-Merri 75004 Paris /// Jusqu'au 25 janvier 2020 /// Exposition : THE NE’ER-DO-WELLS SET OUT FOR A DUBIOUS PILGRIMAGE

Ses oeuvres s’appuient sur un large spectre de techniques qu’il a mises au point : gravure, aquarelle, néon, collages, instruments de musique recyclés, installations en cire, vidéo, dispositifs sonores… Au sein de cette expérimentation plastique sans concession, il met en oeuvre une pratique performative où se mêlent dérive absurde, excès, travestissement, musique populaire et vision apocalyptique de la folie. Entre figuration classique et culture rock s’expriment iconographie traditionnelle et références populaires. En effet, la démarche artistique de Joris Van De Moortel (Photo ci-dessous Crédit@JorisVanDeMoortel) nous parle d’un univers mental fait de multiples ramifications souterraines où rituels ésotériques, magie noire et culte vaudou viennent évoquer des modes de vie alternatifs et spirituels. Le visiteur appréciera ici - au coeur de cette réjouissante exposition de janvier - cette tournure carnavalesque en filigrane livrant un monde parodique, transgressif et alternatif dans une inversion totale aussi saisissante que déroutante. Mais aussi ces références à la pensée médiévale et aux écritures via des dessins aux traits inquiets et rigoureux. On aime tout particulièrement ces derniers travaux liés à une expérience sociale de la musique qui nous fait penser de temps à autre à un certain Hans Holbein. Tout en livrant, en arrière fond, la vision d’un navire peuplé de fous et voué au naufrage !

www.nathalieobadia.com

TRAVERSÉES

Point d’infos et accueil pour les visites au 8, rue des Grandes Ecoles 86000 Poitiers /// Jusqu'au 19 janvier 2020 /// Expositions : TRAVERSÉES /// Direction artistique : Emma Lavigne et Emmanuelle de Montgazon

Mon projet questionne les ressorts du voyage, du déplacement et du déracinement avec Poitiers comme terre d’accueil. Comme artiste, c’est formidable d’avoir autant de liberté, c’est une proposition fantastique. Je ne pouvais pas la refuser, même si ce n’est pas le plus simple des challenges : c’es beaucoup de responsabilités, de travail et d’investissement personnel…”avait-elle confié dernièrement. Et d’ajouter au sujet de cette grande promenade : “Je n’étais jamais venue à Poitiers ni dans la région avant. Quand j’ai découvert la ville, je l’ai trouvé à la fois intimiste et impressionnante : il y a une telle richesse sur les plans historique, politique et culturel ! J’ai été impressionnée par les trésors cachés et les monuments historiques, notamment l’ancien palais de justice, les églises Notre-Dame-la-Grande et Sainte-Radegonde ou les chapelles des Augustins et Saint-Louis”. Son oeuvre se découvre après une traversée de la ville où les chemins se rencontrent, se croisent, bifurquent et se mêlent. Ayant fait de l’exil et du voyage son fil rouge, elle prend comme corollaires du mouvement la contemplation et l’immobilité. Faisant raisonner l’histoire et l’architecture des lieux, autour de travaux d’artistes complices, la démarche artistique de la sud-coréenne Kimsooja (Photo ci-dessous Crédit@YannGachet) nous parle de migration. Le visiteur appréciera ici notamment la grande table en bois que la plasticienne a choisi d’installer où chacun est invité a laissé une trace de son passage et un instant de méditation en pétrissant une boule de glaise qui sera ensuite déposée sur le plateau. On aime cette gestuelle venue du coeur qui fera dire à l’artiste en mot de la fin : “C’est un moment très individuel, mais à la fin de l’installation, devant l’accumulation de toutes ces boules, on pourra ressentir la puissance du collectif !

www.traversées-poitiers.fr

LE MECANICIEN ROI

A la galerie EC’ARTS - INSPE au 153, rue de Saint-Malo 35000 Rennes /// Du 10 au 30 janvier 2020 /// Exposition : LE MECANICIEN ROI /// Commissariat : Damien Simon

Je ne cherche pas à fabriquer des objets acoustiques. Je ne cherche pas à produire des illustrations musicales. Je ne cherche pas non plus à établir un système de correspondances sonores. Je cherche à penser le son par son contraire. Sa présence par son absence. Aussi, mes objets sont silencieux…” avait-il précisé un jour. Et d’ajouter : “Tenter de représenter le son par un objet ou une image est toujours une sorte d’échec. Car le son est immatériel et que l’évocation du son par la vue exclura toujours l’ouïe”. Ses objets sont des enigmes sensorielles comme des “notions” qui n’ont pas d’équivalence. A travers ses oeuvres, les formes, les matières et les volumes sont lisibles mais leur hypothèse sonore est insaisissable. En effet, la démarche artistique de Félix Pinquier (Photo ci-dessous Crédit@SalimSantaLucia) mesure sans cesse ses distances avec le réel dans un équilibre instable où l’oeuvre n’est ni descriptive ni expressionniste. Il est alors possible de comprendre pourquoi le mouvement des machines, les rouages, les chenilles mécaniques le fascinent autant. Le visiteur appréciera ici - dans ce beau duo show - ces expressions de la synesthésie, ces stimuli reliant l’oeil à l’espace dans une grammaire spontanée générant des vibrations bien particulières. On aime ces travaux d’où émerge une dimension imperceptible capable de décrire le silence et où les images mentales se font. En nous remémorant - entre craquements, battements, accents, échos et alternances - l’avertissement d’un certain Albrecht Dürer : “Tout l’informe vient de lui-même s’entrelacer à notre ouvrage…

www.cnap.fr

LE SANG ET LA NUIT

A la galerie Jean BROLLY au 16, rue de Montmorency 75003 Paris /// Du 4 janvier au 8 février 2020 /// Exposition : LE SANG ET LA NUIT

Dans la manière dont je conçois les choses, je peins sur un tableau qui existe déjà lorsque ma toile est tendue et qui affirme finalement dans sa révélation objective toute l’histoire du tableau lui-même. C’est-à-dire qu’il y a une grille qui dit déjà le plan, une couleur, un geste, la tension du châssis. Et finalement toute l’histoire du tableau moderne est racontée là-dedans…” avait-il expliqué il y a cinq ans au coeur de son vaste atelier. Et d’ajouter : “Certes, je suis tributaire de cette grille, même si elle n’est plus tout à fait orthogonale, c’est toujours une grille. Et j’arrive avec les couleurs qui sont les plus simples en un sens, qui disent le moins sur les couleurs déjà présentes”. L’artiste ramène ainsi à une forme de neutralité, l’usage des couleurs présentes sur les tissus en leur laissant toute la place qu’ils doivent avoir. Le tissu visible sur la tranche fait alors doublement cadre. En effet, la démarche artistique de Nicolas Chardon (Photo ci-dessous Crédit@JeanPaulRobin) nous parle de pas de cotés et d’écarts qui font le sens même de sa peinture tout en se méfiant du caractère optique de ce médium en restant à la limite lui préférant le mouvement réel de la toile et des figures. Le visiteur appréciera ici des couleurs qui soulignent une relation ou font un clin d’oeil historique parfois sans être jamais dans la reprise littérale. On aime ces derniers travaux saisissants qui convoquent l’ensemble de l’aventure moderniste pour la faire entrer dans le langage commun !

www.jeanbrolly.com

AS YOU GO

Au Centro BOTÍN - Muelle de Albareda, Paseo de Pereda, s/n 39004 Santander, Cantabria - ESPAGNE /// Jusqu’au 3 mai 2020 /// Exposition : AS YOU GO (CHÂTEAUX EN ESPAGNE) /// Commissariat : Benjamin Weil

Au départ mon intérêt pour la musique est survenu comme une réaction au langage et à l’opacité que je percevais du rapport entre contenu et syntaxe…” avait-il confié il y a cinq années déjà. Et d’ajouter : “ L’idée n’est pas de tracer un parcours ou d’offrir un possible scénario mais de synchroniser les oeuvres entre elles comme s’il s’agissait d’une partition musicale”. Ses créations numériques transformatives jouent avec des interactions entre les images, l’architecture et le son en explorant les ruptures dans la langue, la syntaxe et la musique. L’artiste provoque des “dislocations” permettant des réinterprétations de l’histoire par le remplacement des anciens modes narratifs dans des dialogues moins implicites et plus nuancés. En effet, la démarche artistique d’Anri Sala (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous propose une nouvelle façon de regarder l’image en mouvement vers des territoires formels inédits. Elle invite le public à se déplacer en lui livrant un sentiment d’immersion fait d’incertitudes et de prises de risques. Le visiteur appréciera ici notamment All of a Tremble (Encounter1) ce mur tapissé de papier qui barre la vue sur la ville et dont les motifs semblent avoir été imprimés par une boîte à musique. Mais aussi ces trois paires de vidéos synchronisées entre elles par la musique se déplaçant le long d’un écran biface de 30 mètres dont la forme évoque directement celle du bâtiment. On aime tout particulièrement ces temporalités soigneusement assemblées ouvrant une multitude de prospectives tout en confirmant ces mots d’Anri : “Ces perspectives singulières et le continuum dans l’espace ainsi produit, par le biais de l’ouïe, confèrent au son un potentiel sculptural” !

www.centrobotin.org

MARE NOSTRUM

A l’Espace Monte-Cristo - Fondation Villa DATRIS au 9, rue Monte-Cristo 75020 Paris /// Jusqu’au 12 janvier 2020 /// Exposition : MARE NOSTRUM : IDENTITÉS MÉDITERRANÉENNES /// Commissariat d’exposition et scénographie : Pauline Ruiz et Jules Fourtine

Cette pièce met le spectateur dans une position à la fois d’empathie et d’effroi car on ne sait pas si la bête va bondir ou si elle va s’écrouler… “ expliquait-il face à ses sculptures faisant écho aux mythes de Niobé et de Calydon. Et de poursuivre ainsi : “J’accumule des notions poétiques et je reprends les mythes dont nous sommes issus en les réinterprétant par l’utilisation de références populaires. On retrouve en l’occurence dans cette recherche la sculpture antique et les larmes aux couleurs de l’arc-en-ciel…” Les oeuvres du plasticien s’appuient sur des objets issus de notre environnement, de la grande distribution utilisés par la suite dans l’emploi de formes. En effet, la pratique artistique de Laurent Perbos (Photo ci-dessous Crédit@DR) joue du contre-emploi autour d’un solipsisme affirmé semblant nous dire que l’esprit est la seule chose qui existe réellement et que le monde extérieur n’est qu’une représentation. Le visiteur appréciera ici - au coeur de ce grand group show - ces sculptures saisissantes anthropomorphiques opérant une personnification du sujet dans une gestuelle aussi symbolique qu’allégorique. On aime ces travaux faisant entrer le regardeur dans la légende en lui faisant voir les larmes de l’arc-en-ciel ruisselant sur le sol. Celles de cette figure de la mythologie grecque pleurant la mort de ses nombreux enfants !

www.fondationdatris.fr

UN GRAIN DE MOUTARDE

A la galerie SEMIOSE au 54, rue Chapon 75003 Paris /// Jusqu’au 11 janvier 2020 /// Exposition : UN GRAIN DE MOUTARDE

En tant qu’artiste, je ne sais pas raconter des histoires et je ne crois pas au storytelling. Je crois à la manière…” avait-il confié lors d’une interview. Et d’ajouter : “En fait, je crois assez fort aux collages des situations dans la vie et dans l’art”. Ses oeuvres font prospérer le dessin sur son support à travers une imagination semblant inépuisable et ses aquarelles déploient la mémoire du monde dans un lexique de formes foisonnant. Ses derniers travaux livrent en majesté une malléabilité s’exprimant dans des couleurs acidulées faisant éclore des destinées aussi heureuses que complexes. En effet, la démarche artistique de Guillaume Dégé (Photo ci-dessous Crédit@RenaudMontfourny) explore les possibles dans une réunion du regard, de l’esprit et du coeur nous faisant penser de temps en temps à de savoureux instants décrits dans les textes de Sylvia Plath. Le visiteur appréciera ici - au coeur de solo show - ces formes d’extensions oniriques et imprévisibles qui caressent la rétine en la laissant libre de toute interprétation tout en nous renvoyant à la lecture des ouvrages de l’artiste-auteur : L’indigeste, Images parallèles ou encore L’antipodiste… On aime cette pratique suggérant des traits lents et appliqués où l’image se révèle dans ses contrastes et ses méandres !

www.semiose.com

NEW DAY

A la galerie XIPPAS PARIS au 108, rue Vieille du Temple 75003 Paris /// Du 11 janvier au 15 février 2020 /// exposition : NEW DAY

La peinture à la main incarne toujours une humanité qui semble importante pour notre société d’aujourd’hui” avait-il confié un jour au sujet de ses associations synesthésiques de couleur, de forme et de sens. Les expérimentations calligraphiques et les “voyages dans le temps” sont au coeur de ses oeuvres proposant une bascule constante entre le “voir” et le “lire”. Ces dernières viennent explorer la relation entre les mots, les noms et l’image dans des structures linguistiques aussi foisonnantes que fertiles. La peinture s’incarne alors dans des entités linguistiques proches d’un exercice cathartique. En effet, la pratique artistique de John Phillip Abbott (Photo ci-dessous Crédit@DR) entre dans une recherche de souvenirs et de mots associés. Le visiteur appréciera ici - au coeur de ce magistral solo show - un détachement progressif de tout sens dans des formules visuelles faisant resurgir le passé. Mais aussi cette place accordée à l’intuition qui se formalise notamment dans les travaux saisissants ‘“In the Pines” et “Black and White Tennis” tournés vers l’accès à un état de pleine conscience. On aime ces pièces offrant une division de l’espace en zones ouvertes singulières mais compartimentées qui imposent une pause grâce à des outils de méditation renvoyant à la lecture des textes de Timothy Gallwey ou de Robert M. Persig !

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MATIÈRE NOIRE

A la galerie MAUBERT au 20, rue Saint-Gilles 75003 Paris /// Jusqu’au 1er février 2020 /// Exposition : MATIÈRE NOIRE

Quand on ferme les yeux, les fleurs dansent. Tout s’endort après la danse, même le ciel. Les ancêtres se réveillent, maintenant. Quand on ouvre les yeux, le mirage apparaît” avait-il exprimé un jour. Ses oeuvres se présentent comme l’empreinte d’une expérience où le geste se fait acte en laissant place au sensible. En quête de l’âme de la substance, l’artiste évoque cette trace invisible dans une dialectique mettant en évidence la pensée de la matière. Il nous invite à une appréhension du monde mettant en dialogue les mondes du visible et de l’invisible dans une énergie matricielle saisissante. En effet, la démarche artistique d’Atsunobu Kohira (Photo ci-dessous Crédit@DR) s’appuie sur des intercesseurs aptes à accrocher les bons esprits et à révéler un univers pris dans le mouvement ininterrompu du temps. Du microcosme au macrocosme, elle dessine les métamorphoses d’une énergie nourrie d’une infinie variation du “corps spatial” invitant à éprouver des moments de communion pérennes. Le visiteur appréciera, ici au sein de ce beau solo show, ces travaux à travers lesquels l’immédiateté est restituée dans un ajustement troublant de notre perception. Mais aussi renvoyant à cette double temporalité : celle du lieu et de son devenir. On aime tout particulièrement “Sarcophagus/Chrysalis”, cette pièce énigmatique conjuguant charbon, câble électrique et métal - réalisée en tandem avec Bumpei Kunimoto - semblant faire le récit d’une action héroïque, vécue et performée !

www.galeriemaubert.com

OPERIRE#5 COUVRIR…

A la galerie Paris-BEIJING au 66, rue de Turbigo 75003 Paris /// Du 30 janvier au 15 mars 2020 /// Exposition : OPERIRE#5 COUVRIR, RECOUVRIR, CACHER, DISSIMULER

Mon obsession des plantes, m’a conduit à les rechercher partout, mais lors de ma résidence au Liban, je n’ai vu que des rideaux de fer et j’ai alors développé un projet initié par ces rideaux de fer criblés de balles…” avait-il expliqué dans le passé. Et d’ajouter : “Peindre est quelque chose de résolument charnel, avec ses odeurs, sa saleté et son inconfort. Je me sens parfois comme un boucher”. Les jeux de lumière, dans un geste qui s’entête, offre à l’oeil une vision proche de la réalité où se matérialise un espace médian. Le motif se dilate pour faire du sujet initial le support représenté tout en multipliant les fines strates à l’oeuvre. Recherchant l’accident, l’artiste crée des ouvertures vers des espaces intermédiaires où les clairs-obscurs et les jeux d’ombres dictent leurs lois. Au coeur de son obsession, la lumière prend appui entre encre de Chine, blanc de Meudon et autres matériaux déployant l’image dans son épaisseur. En effet, la pratique artistique de Justin Weiler (Photo ci-dessous Crédit@JustinWeiler) perce la surface d’un halo de lumière dans une vibration intense célébrant le geste de recouvrement. Le visiteur appréciera ici, au coeur de cette superbe exposition de janvier, les résonances itératives de la sublime série “Screen” substituant des plaques de verres au papier Arches mais aussi les sculptures “Mapp” réalisées au Mortier Adhésif pour placoplâtre. On aime particulièrement cette serre-couveuse “Ad Rétro” qui accueille des microcosmes et cette vanité contemporaine qui nous rappelle, contre toute attente, cette phrase lointaine de Justin : “Si j’avais su ce que peindre signifie, je veux dire, ce que faire corps avec la peinture veut dire, je pense que face à l’ampleur de la tâche, je ne l’aurai jamais affrontée. J’ai donc commencé la peinture avec une grande incompréhension et je m’y suis jeté !

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L'AIR DES INFORTUNÉS

Au Frac Franche-Comté Cité des Arts au 2, passage des Arts 2500 Besançon /// Jusqu’au 12 janvier 2020 /// Exposition : L’AIR DES INFORTUNÉS

A l’origine je produisais des images silencieuses, déjà fortement marquées par ma cinéphilie, en parallèle je pratiquais la musique traditionnelle d’Argentine au sein d’un quintette de tango et je m’intéressais à la musique baroque…” expliquait-il. Et d’ajouter : “La figure de l’usurpateur m’intéresse pour ce qu’elle perturbe dans l’ordre entre véracité et fiction. Elle vient ébranler nos certitudes et questionner ce que l’on croyait authentique. L’instabilité dans laquelle elle nous plonge est, certes, synonyme d’inconfort mais est aussi fascinante pour l’attention renouvelée qu’elle provoque.” Alliant cinéma, musique et art contemporain, ses oeuvres cristallisent l’équilibre entre une écriture visuelle et une écriture musicale autour de réminiscences religieuses dans le folklore vénézuélien. En effet, la pratique artistique de Nino Laisné (Photo ci-dessous Crédit@MagaliPomier) est empreinte d’une certaine étrangeté. L’artiste se détache d’une narration linéaire et cherche des points de correspondances entre photographie et mise en scène video. Le visiteur appréciera ici les travaux d’une résidence qui s’est prolongée pour donner corps à deux oeuvres : un mécanisme horloger et un film. On aime cette porosité entre réalité et fiction qui devient prétexte à une narration fantasmée et qui fait dire à Nino au sujet de ses lectures : “J’ai découvert une romance baptisée Plainte d’une femme auprès du berceau de son fils d’Arnaud Berquin, que Marie-Antoinette chantait à ses enfants pour les endormir…”

www.frac-franche-comte.fr