STÉPHANE COUTURIER

Je suis photographe mais je suis beaucoup lié aux arts plastiques. Je m’interroge sur la façon dont on regarde une photo, ce qu’on regarde. Une oeuvre, ce n’est pas forcément une photo encadrée. On peut dire que je suis photographe plasticien, mais je fais aussi de la video, alors je suis vidéaste ? Ou auteur ?” a-t-il confié récemment. Et d’ajouter : “Quoi qu’il en soit, ce qui m’intéresse, c’est d’être au carrefour de différentes pratiques…”. Conçues comme la captation d’un possible, ses oeuvres se font le vecteur du pouvoir exploratoire de la fiction en nous parlant de transformations via des paramètres, un vocabulaire et un protocole théâtralisant les lieux qui vont être représentés. Elles nous rappellent qu’une photographie n’est pas la vérité mais une vérité et que le magma de couleurs et d’effets est là pour être activé par le spectateur. En effet, la démarche artistique de Stéphane Couturier (Photo ci-dessous Crédit@DR) est construit sur une adéquation du fond et de la forme à travers laquelle les notions de flou, de fluidité et d’ondulation viennent renforcer le sujet traité. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants conçus toujours dans l’ambiguïté où l’artiste expérimente le regard en tentant de savoir comment on peut altérer l’authenticité et la manière dont on va regarder les images. On aime tout particulièrement cette pratique associant un traitement proche du all-over pictural dans une abolition des repères perspectifs où la photographie n’atteste pas mais invente. En faisant dire à l’artiste ceci : "La photographie, hier comme aujourd’hui, est toujours dans la compensation, dans le compromis. Il faut qu’elle se rapproche le plus possible de ce que l’on a vu, mais il persiste toujours un petit décalage “. Sans doute car une photographie tourne le dos à la réalité et qu’elle ne peut pas rivaliser avec l’oeil !

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GAËL DAVRINCHE

J’ai souvent une quinzaine de pinceaux dans les mains, un pour chaque couleur, ça me permet de jouer un maximum sur le mélange des couleurs. Car ce qui m’intéresse, c’est la texture de la peinture, le grain. C’est vraiment un travail de teintes assez riche…” a-t-il expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “La peinture doit être efficace de loin et on doit pouvoir prendre un vrai plaisir à la saveur du toucher, de la touche de près. J’aime quand le regard ne s’arrête jamais. Il y a donc toujours des allers-retours qui se font entre le sujet - qui est finalement le portrait, qui est l’essentiel même - et cette lutte simultanée avec l’accessoire. L’oeil est attiré par le fond et par un détail du vêtement contrairement à ce qui a pu se faire dans l’Histoire de l’Art classique du genre du portrait où le fond était très sombre et où on regardait juste la figure”. Résidant dans les états transitoires liés à l’idée d’éducation et à la recherche du guide, ses oeuvres nous parlent autant d’exemplarité que d’émancipation. Elles nous disent aussi que peindre ses proches revient peut-être à se peindre soi et que la pudeur s’amenuise à mesure que les images de soi se multiplient et se diffusent. En effet, la démarche artistique de Gaël Davrinche (Photo ci-dessous Crédit@FannyGiniès) porte cette idée qu’un artiste qui touche par son oeuvre ne peut que provoquer une nostalgie future. Le regardeur appréciera ces toiles saisissantes questionnant l’auto-fondation du sujet, l’abolition du discours de la limite et la destitution des figures séparatrices de l’Autorité. Et nous révélant que trop de patience emmène l’artiste vers une gestualité brutale qui à son tour l’épuise et lui impose un retour au calme. On aime tout particulièrement cette pratique libérant des portraits jonchés d’attributs incongrus - entre dérision et accusation - prenant une étrange tournure. Où l’oeil est traversé de ces images ruisselant dans un mouvement à la fois vertical et oblique. Telles ces fleurs épuisées et bousculées - restées dignes - qui semblent avoir été mises à rude épreuve. Et dont les pétales - encore accrochés à la calice - se dirigent inéluctablement vers leurs fin !

MATHIEU BONARDET

Des paysages de mes débuts, ne sont restées, comme par un effet de concentration, que des lignes : celles de l’horizon, celles qui délimitent des formes ou encore qui scindent et fragmentent. La représentation de l’horizon s’est dissipée dans une pensée de l’inatteignable…” a-t-il déclaré dernièrement. Et d’ajouter : “ Cette expérience des limites s’est faite dans une exploration du geste et de l’espace, à travers des dessins-actions et des dessins-volumes”. Suivant un processus protocolaire où la ligne se fait surface et où le sujet se fige couche sur couche, ses oeuvres troublantes nous parlent autant de la souplesse des textures que de la vibrance des effets conjugués. Se rapportant à des forces régulièrement contraires, elles dressent le dessin au-delà de ses limites propres. En effet, la démarche artistique de Mathieu Bonardet (Photo ci-dessous Crédit@DR) évoque des corps heurtant des murs mais également des failles abruptes faites de ruptures et de scissions radicales. Dans une conscience absolue du poids et de l’équilibre, elle explore l’amplitude fragile du bras porteur de la mine du crayon. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants nous renvoyant à la bordure de la feuille dans un déploiement subtil du corps investi de sentiments. Mais aussi soulignant des clivages irrémédiables dans la linéarité d’un itinéraire parcouru par la frénésie, l’effort et l’endurance. On aime tout particulièrement cette pratique où les dilutions s’emparent de la profondeur de la feuille. Dans des mouvements extrêmement précis, quasi chorégraphiques, que l’on retrouve dans la fascinante vidéo Lign(e)s livrant une série de 25 photographies numériques où le corps trace son passage à l’aide d’une mine graphite. Alors qu’il accélère progressivement et qu’il perd de plus en plus le contrôle de la ligne. Semblant être en expansion sur une surface sans limite !

FRANCK SCURTI

L’idée de la transformation de la matière, m’amène à penser les oeuvres entre elles. Il y a une histoire commune, celle des mythes et comment ces choses-là s’articulent, comment on passe d’un bas-relief en fermeture éclair - qui semble évoquer la double hélice de l’ADN - à cette forme très serpentaire qui évoque beaucoup de choses dont notamment la forme de la méduse, sa tête avec les serpents …. “ a-t-il expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “ Tout mon travail fonctionne comme ça, à des degrés très différents bien sûr. Aussi, je me qualifie souvent en toute modestie de matérialiste conceptuel car je pense effectivement que les deux sont très liés. Il n’y a pas une matière sans une pensée. La manière dont sont créées les pièces suivent des flux liés à des idées qui se matérialisent ou a des matériaux parfois qui se conceptualisent. Je suis plus un joueur qu’autre chose. Il y a dedans de l’humour, du dérisoire, du peu mais aussi des retournements de situations qui nécessitent parfois des jeux d’esprit pour être intéressantes”. Nivelant les valeurs en interrogeant la symbolique, ses oeuvres forment des suites de sens à partir de formes trouvées ou de choses dépourvues de valeurs redéfinies ensuite à partir de leur logique d’apparition. En effet, la démarche artistique de Franck Scurti (Photo ci-dessous Crédit@CristelScurti) nous parle d’une gestuelle consistant à perdre les objets en eux-mêmes puis à les réévaluer dans une perspective libératrice d’improvisation. Le regardeur appréciera ces travaux jouant avec des codes articulés et manipulés à l’échelle quotidienne de la rue. Mais aussi ces agrandissements de formes saisissants ajustés sur des objets à taille réelle fonctionnant comme gabarit. On aime tout particulièrement cette fusion subtile des éléments donnant à l’oeuvre son unité. Et renvoyant toujours au caractère public de sa réception !

VIRIYA CHOTPANYAVISUT

Le mouvement des particules de lumière, l’accident d’un reflet, l’éphémère des choses fragiles, je considère cela comme une respiration, un souffle de lumière. Ce phénomène peut être ressenti à travers la température, l’humidité de l’air, les particules de poussière…” a-t-il expliqué dernièrement à son retour de Bangkok. Et d’ajouter cette précision supplémentaire : ”L’appareil photographique peut rendre cela possible en arrêtant des instants, en changeant la couleur, en saturant l’espace à montrer, comme des choses qui naissent du rien”. Cherchant à exercer le regard, à capter l’invisible et l’éphémère, ses oeuvres à l’aura fantomatique suspendent le temps, rendent perceptible le passage d’un monde intérieur à un monde extérieur. Elles créent un espace sensible - cultivant l’étrangeté et l'obsession - à la jonction entre le rêve et la réalité. En effet, la démarche artistique de Virya Chotpanyavisut (Photo ci-dessous Crédit@DR) nous parle des limites floues de l’immatériel dans le creux du visible en dessinant des ambiances et des apparences brumeuses souvent saisissantes. Le regardeur appréciera ces travaux révélant le pouvoir d’attraction d’objets désuets et parfois ineptes pris sur le vif. On aime tout particulièrement cette pratique personnelle consacrant les forces mystérieuses et insondables de la lumière dans les manifestations les plus modestes du quotidien dans des univers que nous semblons connaître à priori. Mais aussi tournée vers les phénomènes infinis de la lumière. Prise, en somme, comme source et finalité de l’oeuvre !

MILTOS MANETAS

Je voulais réaliser des portraits des figures de la haute société actuelle, les princes et les princesses. Mais cette haute société n’existe plus, au profit d’une société des machines. C’est l’ère du Powerbook et de Quick Take. Curieusement, travailler avec les ordinateurs a renvoyé mon attention sur la peinture à l’huile. Parce que la peinture à l’huile est une invention, une machine….” a-t-il expliqué il y a quelques années déjà. Et d’ajouter ceci : “La tempera et la peinture à l’huile ont été à la disposition des hommes depuis le début. Dans les cavernes , il y a des signes sur les parois mais quand vous essayez d’effacer quelque chose sur le mur , vous n’y parvenez jamais réellement. La marque préliminaire laisse toujours un signe sur sa présence. Avec la peinture à l’huile, si vous souhaitez changer quelque chose, il est possible de la changer entièrement. L’huile est comme la mémoire de l’ordinateur”. Abordant l’impact d’internet et le développement des nouvelles technologies liées à la communication et aux relations humaines, ses oeuvres sont portées par une esthétique relationnelle saisissante. En effet, la démarche artistique de Miltos Manetas (Photo ci-dessous Credit@DR) repose sur une thérorie esthétique consistant à juger les oeuvres d’art en fonction des relations interhumaines qu’elles figurent, produisent ou suscitent. Le regardeur appréciera ces travaux - sous forme de peinture, de câbles électriques, d’installations interactives utilisant les jeux videos - nous disant qu’en dehors de l’internet, il n’y pas de gloire. On aime tout particulièrement cette pratique qui nous rappelle le tournant décisif amorcé à la fin des années 90 et qui fait dire à l’artiste : “D’une certaine façon le monde est déjà sans fil lorsqu’en 1998 je décidais de peindre des câbles. 1988 devient l’année où le théâtre de la réalité accueille de nouveaux acteurs. Je tentais de les représenter : équipement de jeux videos, disques-durs externes, joysticks et caméras digitales. Tout cela existait déjà mais c’est en 1988 qu’on admettait qu’ils faisaient partie intégrante de notre environnement” .

SARAH JÉRÔME

“Le corps est aujourd’hui une forme de territoire qui est à la fois un objet intime et un support de communication, d’auto-célébration. Nous sommes dans une ère de la surveillance où l’on montre ce qu’on fait, ce qu’on est sous forme d’avatar, et en même temps, on a besoin d’intimité, de se recentrer dans une cellule restreinte. Je trouve intéressante cette dichotomie qui caractérise l’homme…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter ceci : “Dans mon travail, j’ai tendance à vouloir réparer, rassembler, faire cohabiter des choses qui ne sont pas faites pour cohabiter ensemble. J’utilise des matières qui sont contradictoires, illogiques : je peux juxtaposer de la céramique avec de la cire ou de l’huile avec du calque”. Suspendant le temps de l’action, ses oeuvres évoquent, telles des saillies pointées vers nous des perceptions distendues du sujet mais aussi des relations humaines prenant forme autour de la danse et de la chorégraphie. Elles dressent des identités réduites souvent à des archétypes saisissants. En effet, la démarche artistique de Sarah Jérôme (Photo ci-dessous Crédit@DR) est portée par des filiations nées de dessins et de peintures sur papier calque mais également de travaux autour de la céramique qui revisitent le registre symboliste. A partir desquelles opèrent des compositions erratiques ambigües et complexes révélant la force du geste pictural. Le regardeur appréciera ces histoires visuelles et ces ramifications où échangent allègrement les médiums protéiformes de la sculpture, de la peinture ou de l’installation pour mieux exprimer ces zones grises tapissées de dissonances. On aime tout particulièrement cette pratique conduite par une réflexion plastique troublante questionnant la dimension montueuse du corps autour de l’idée de privation, de guérison, de cicatrices fossiles et de doutes meurtris. Et cette beauté crépusculaire, aux paupières closes, engagée dans une course effrénée contre le temps. Ce fameux Tempus Fugit taillant à vif dans les chairs et les âmes !

AURÉLIE DE HEINZELIN

Dans mes tableaux, je vis une autre vie, libre de toute morale et affranchie de la réalité. Si je suis bien élevée dans la vraie vie, je suis peintre dé-polie ou dé-policée. Mon père spirituel est Otto Dix. Ma mère spirituelle, Paula Rego. Peindre pour moi, c ‘est pouvoir être à la fois une bonne soeur et une mère maquerelle sans que cela ne pose problème…” a-t-elle déclaré récemment. Et d’ajouter : “C’est créer des êtres hybrides, un homme qui a des seins, une femme qui a trois jambes. C’est escalader à mains nues une montagne infranchissable sans être alpiniste. C’est avoir tranché une tête et se balader avec un bout de bras sans risquer la prison”. Réconciliant la dichotomie de l’existence humaine, ses oeuvres nous parlent - dans des agissements carnavalesques - des états de la psyché révélant un territoire caricatura. Elles percent la sphère de l’intime habituellement tenue secrète. En effet, la démarche artistique d’Aurélie de Heinzelin (Photo ci-dessous Crédit@DR) évoque des vies à deux, le monstre-siamois, l’homme-cheval mais aussi le répertoire de la métamorphose via des titres sombres saisissants. L’artiste livre des visages grimaçants dans une violence et un effroi contenus dans un temps revêtant une forme sauvage. Le regardeur appréciera ces toiles gorgées de vices, de maladresses, de honte et de postures cocasses. Mais aussi ces hypothétiques au-delà grouillants comme des boyaux et ces couples perdus s’enlaçant comme pour la toute dernière fois. On aime tout particulièrement cette pratique où la force tellurique côtoie la grâce céleste et une juvénilité à la force guerrière nous renvoyant régulièrement à Faust. A la vision de petits singes souriants sur une branche ou encore plus concrètement à des portraits plus terrifiants de Cranach l’Ancien !

MYRIAM MECHITA

Quand je dessine je pense à de la sculpture, à de l’espace, à du volume et à des choses dans l’espace. Et quand je fais de la sculpture, je pense au dessin. C’est à dire que l’un est toujours en relation avec l’autre. Dans une sorte de complémentarité, je dirais…” a-t-elle expliqué l’année dernière. Et d’ajouter ceci après avoir marqué un court silence : “Je crois que je n’ai aucune limite, si je pouvais couler de la porcelaine ou fondre de l’or, tailler des rubis je le ferai, tout est utilisable, tout est matière”. Ses oeuvres révèlent une tendresse pour la céramique et un amour pour sa douceur. Elles nous parlent d’oeuvres non coulées mais venant directement d’une main “ayant les doigts dedans” et éveillant des gestes, des mouvements ou des intuitions très enfantines. L’artiste nous dit alors que le geste est celui qui définit le vocabulaire, permettant qu’une chose apparaisse. Ce dernier peut se transformer en fonction des besoins, résister, se refuser aussi. En effet, la démarche artistique de Myriam Mechita (Photo ci-dessous Crédit@DR) témoigne d’un travail qui commence longtemps en amont comme une sorte de récolte d’informations jusqu’au jour où “ça” arrive, comme une nécessité. Ses pièces sont de l’ordre de la vision. Il n’y a aucune discussion sur la forme ni le fond. La plasticienne ne cherche pas à modifier ce qui advient, ayant le sentiment de travailler à une pièce qui n’a pas de fin. Le regardeur appréciera ces dessins, ces sculptures, ces videos et ces pièces sonores saisissantes qui sont pensées comme une seule et même installation. Myriam y voit un corps en mille morceaux qu’elle aimerait idéalement rassembler. On aime tout particulièrement ces animaux présents dans les travaux comme des facettes sensées représenter tout ce que l’on rêverait d’être et symbolisant des moments de “super pouvoir” et de “super possible” comme des sortes d’autoportraits. Et ces obsessions à la fois mélancoliques et amoureuses - comme "Les Décapités” - permettant de “revenir à ce qui est dit en ajoutant un mot à la phrase”. Nous conduisant à l’endroit le plus tendu, le plus dessiné, le plus juste. Enfin “ce féminin” dans les gestes les plus bruts qui existent, dans des positionnements noirs, maltraités, violentés, réduits à des corps qui se contorsionnent . Afin de trouver la bonne et meilleure façon d’être au monde !

PIERRE CLERK

A Paris tout au début, je faisais encore quelques choses figuratives mais très vite, je me suis rendu compte que ça ne m’intéressait pas tellement la nature, le paysage et les portraits qui me paraissaient un peu trop anecdotiques. En 1956, je me suis arrêté à New York où j’ai décidé d’acheter un atelier à Soho. Et j’ai vendu ensuite mon atelier en 2000, je crois, et me suis installé dans le sud de la France à Villeneuve-sur-Lot dans un ancien monastère où une grange a été transformé en atelier…” Et d’ajouter ceci : “En jouant, enfant, sur des tapis orientaux que nous avions chez nous j’admirais beaucoup les couleurs et les formes et je crois que j’ai été beaucoup influencé par cela quand j’avais peut-être deux ans”. Avant de poursuivre : “J’ai un ancêtre écossais qui était un grand homme dans le monde des sciences. Il s’appelait Clarke Maxwell. L’architecture et les mathématiques ont toujours été très présents dans ma famille. Mon père était architecte. Et bon, voila…” S’appuyant sur une mécanique de la couleur - à travers laquelle les tonalités sont autant de pièces d’une étrange machine, sans cesse réajustées - ses oeuvres nous parlent d’une abstraction géométrique où les couleurs franches épousent des formes simples. Mais aussi où la géométrie n’est jamais ordonnée et où les formes et les silhouettes ne cessent de s’affronter. En effet, la démarche artistique de Pierre Clerk (Photo ci-dessous Crédit@CourtesyGalerieThomasBernard) nous rappelle que les angles sont toujours infinis, qu’ils ont de la profondeur et de la substance. Ces derniers, selon l’artiste, se remplissent de couleur ou sinon la couleur peut également rester sur le contour. Le regardeur appréciera ces travaux saisissants à prendre comme “les diagrammes de l’entrelacs qui enserre dans une même boucle le corps du sujet percevant et le monde”. On aime tout particulièrement cette pratique où le médium de la sculpture suscite, comme celui de la peinture qui le nourrit réciproquement, cette capacité du sens quand elle ne semble être qu’un fantôme extrait du réel. A ce propos, le plasticien lâchera ceci : “Dans ce cadre de la peinture, on a une toile blanche, un tableau et il faut faire quelque chose… Et je crois que c’est tout de même incroyable la variété que l’on peut y trouver. Il y a toujours quelque chose à découvrir !

STÉPHANE CALAIS

Le coté “atypique” qui est accolé soit à ma personne professionnelle soit à mon travail, m’a surpris longtemps. Je n’envisage les pièces, leur mises au point que d’’une façon efficace par rapport à mes engagements, ambitions ou buts…” a-t-il confié un jour. Et d’ajouter : “Mais j’ai réfléchi depuis peu à ce que supposait cet adjectif : il s’agit d’un malentendu. Je ne recherche en rien la marge mais trouve mes “sujets” sur les cotés. Entendons-nous bien, il n’y pas d’équivalence, pour ma part, entre marges et cotés". Ce que j’entends par “cotés” est plutôt d’un ordre non dominant. Un chemin de traverse plus qu’une autoroute”. Son dessin, son outil premier, lui permet de naviguer dans les différents champs qu’il traverse : c’est à dire tous. Se jouent ensuite - dans le réunion des différents médiums utilsés du collage d’objets, de la peinture, du dessin mural, des ellipses fracassantes et des tensions saisissantes. En effet, la démarche artistique de Stéphane Calais (Photo ci-dessous Crédit@BlaiseAdilon) défie les hiérarchies de goûts et de genres en mariant des disciplines pas toujours enclines à cohabiter. Traitant de la façon dont on peut jouer des formes, elle sauve de l’indifférence les expressions désavouées de l’esthétique pour en faire surgir leur essence de fétiche. Le regardeur appréciera ces travaux où le geste élastique s’étend à l’infini et où le trait trouve son autonomie propre. On aime tout particulièrement cette pratique libre convoquant parfois de manière simultanée l’installation, la sculpture, la sérigraphie dans des combinaisons visuelles déroutantes couronnant le mouvement et une peinture “bougée”. On pense alors à cette acrylique et encre de chine sur toile monogramme Avril au Nord réalisée en 2006. Et où nous est démontré que le cadre est finalement autant une fenêtre qu’une section !

ROXANE DAUMAS

Au Maroc, j’ai retrouvé des architectures à la fois inattendues dans le paysage et mortifères. Il en existe en Roumanie, en Croatie, en Grèce et plus proche de nous à Aix-en-Provence. Elles suscitent un sentiment d’inachevé avec cette question immédiate de se demander ce qui a pu se passer, est-ce que des gens sont morts, quelles sont les circonstances qui ont contribué à l’abandon des chantiers…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Ma conception du dessin n’est pas un travail sur le trait mais sur la valeur. Quand je dessine je ne pense qu’à la lumière”. Interrogeant les espaces en transition, son dessin fantasme les noirs en retravaillant et en sculptant chaque zone de l’image pour extraire l’essence. Révélant l’empreinte de l’activité humaine dans des sites singuliers, ses oeuvres qui renvoient au médium de la photographie nous parlent de l’impact de la désindustrialisation et des stigmates du temps. En effet, la démarche artistique de Roxane Daumas (Photo ci-dessous Crédit@OlivierMonge/Myop) renvoie à une image photographique toujours “triturée” par l’artiste dans le sens du dessin afin de la détériorer complètement. Elle aborde la question de l’intériorité de lieux à l’état d’abandon dans une définition de la ruine saisissante. Le regardeur appréciera ces travaux dans lesquels la plasticienne projette sa propre expérience des espaces et où opère une forme d’appropriation troublante. On aime tout particulièrement ces picturales gommes bichromatées dévoilant des colosses de béton qui viennent offrir une double lecture à la fois sociétale et esthétique. Dans un double jeu d’attraction et d’angoisse, d’ouverture et d’enfoncement !

ELINA BROTHERUS

Mes photos n’existent pas tant qu’elles ne sont pas tirées et exposées. Je me considère comme une faiseuse d’images ou peut-être quelqu’un qui trouve des images. La trouvaille visuelle est très importante. Le travail vient après, dans le laboratoire…” a-t-elle confié récemment. Et d’ajouter : “Le public a souvent tendance à penser qu’une photo est quelque chose de donné. Les couleurs existent, sont déjà dedans, et il suffit de procéder au développement. Mais il y a, à ce stade, des milliers de possibilités. Je ne travaille qu’en argentique ; avec des filtres, on peut faire la même chose qu’avec Photoshop. C’est une question de choix. Je décide de faire de mon ciel un bleu, un jaune ou un gris neutre. Il reste une grande responsabilité dans le travail après la prise de vue”. Révélant un oeil distancié bercé par un jeu ambigu entre des êtres et des présences, des vies et des représentations, ses oeuvres nous parlent de la synthèse de lieux et de situations marquées par une saisissante intériorité. En effet, la démarche artistique d’Elina Brotherus (Photo ci-dessous Crédit@PaavoLehtonen) suit un déroulement à la temporalité musicale via des correspondances troublantes. Le regardeur appréciera ces travaux - sur les médiums de la photographie et de la video - qui nous rappellent que l’artiste doit avoir quelques lignes directrices et “choisir des règles qui lui conviennent et jouer avec”. Mais aussi ces motifs de la “Rückenfigur” faisant rayonner la mélancolie. On aime tout particulièrement cette pratique livrant une esthétique réduite où la figure du double opère face à une nature puissante. Nous faisant voir autrement la forêt d’Aïtone, le massif de Bavella et le cimetière corse de Piana et comprendre davantage les écrits d’un certain W.G. Sebald !

FABIENNE AUDEOUD

Je n’oserais pas définir le goût populaire, je ne sais pas ce que c’est. Je suppose que c’est quand un objet se définit non par sa forme mais par sa réception. Cette sensation de gêne m’intéresse, je n’arrive pas à voir pourquoi c’est ringard. C’est la crainte de quoi en fait …? “ A-t-elle déclaré il y a environ cinq ans. Et d’ajouter dernièrement ceci : “Si mon travail est critique, ce n’est pas par dénonciation mais toujours par une prise de responsabilité jouée et si certaines des pièces sont “dramatiques” la plupart sont basées sur une logique de l’humour, d’émotions perturbées et perturbatrices plutôt qu’un commentaire ironique”. S’articulant autour des notions de relations de pouvoir - en particulier à travers le langage - son cheminement interdisciplinaire aborde la question de l’impuissance de l’art comme action dans la société. Ses oeuvres et ses pièces, elles, s’inscrivent dans des actes performatifs et traitent de la place politique des femmes dans l’interprétation d’un “possible” où interfèrent des injonctions sociales positivistes mais aussi des connotations religieuses et culturelles. En effet, la démarche artistique de Fabienne Audeoud (Photo ci-dessous Crédit@Fabienne Audeoud) se pense - via les médiums de la vidéo, de la sculpture et de la peinture - en terme de situation de ce qui se joue. Le regardeur appréciera ces plaisirs visuels désespérés et volontaires exprimant une vulnérabilité retranscrite autant dans le geste que dans l’action. Mais également ces éléments lyriques du registre sonore pris souvent comme des marqueurs sociaux livrant une intensité propre à la pratique musicale où la projection d’affects dévoile des sculptures vivantes saisissantes. On aime tout particulièrement cette pratique - jamais cynique et sans jugements moraux - révélant ce caractère conceptuel renvoyant fréquemment à la pensée de Robert Garnett, de Graham Harman ou encore de Daniel Harris. Comme pour mieux nous dire que l’improvisation sur laquelle est fondée la recherche de l’artiste est “un moyen pratique et théorique de trouver et/ou de créer un espace dans lequel elle peut intervenir, où une action est possible, où un geste peut être testé, joué, incarné”. Où peut être inventé finalement une forme d’”empowerment” !



SOLDIER OF LOVE

Sur la Viewingroom de la Galerie TEMPLON /// Jusqu'au 30 mai 2020 /// Exposition : SOLDIER OF LOVE

Si j’ai choisi ce titre pour cette exposition, c’est que je crois qu’en ce moment précis de l’histoire, l’amour, universel et personnel, est la seule chose pour laquelle on doit véritablement se battre…” a-t-elle déclaré dernièrement. Et d’ajouter dans la foulée ceci : “Je ne me définis pas autrement que comme un soldat de l’amour”. Porteuses d’un message d’espérance et de liberté, ses oeuvres nous parlent de son affection particulière pour la gravure mais surtout de ces surfaces brillantes et ces textiles riches comme la soie qui évoquent régulièrement ces années passées à Grahamstown en Afrique du Sud. Ses collages et ses expérimentations sur broderies de coton expriment invariablement les pensées d’une femme africaine triomphante questionnant avec acuité les stéréotypes de genre et les préjugés raciaux. En effet, la démarche artistique de Billie Zangewa (Photo ci-dessous Crédit@CaroleDesbois) est portée par une réflexion politique sur l’identité nourrie de longs récits nés du coté du Malawi et de Londres aussi. Le regardeur appréciera ces compositions figuratives saisissantes embrassant des scènes domestiques mais aussi des thèmes d’ordre plus universel. Mais également ces tapisseries et ces “tableaux” de soie cultivant - à travers l’agitation de mégalopoles urbaines prise pour fonds hyper réalistes - l’illusion des médiums de la peinture et de la photographie via des images à portée satirique et à forte charge politique. On aime tout particulièrement ces travaux perturbés par des textures et des fils laissés apparents. Et ces scènes apiécées dévoilant les subtilités mais aussi les contradictions portées par la gente masculine sur le corps féminin objet de désir, dans un cheminement allant de l’innocence à la volupté. Jusqu’à la reconquête de soi !

https://www.templon.com/new/exhibition.php?la=en&show_id=665

MATHIEU DUFOIS

La trace d’un individu absent de l’image est une obsession récurrente dans mon travail. Souhaitant réactiver l’implicite tapi dans des images récupérées, je leur donne une nouvelle dimension, une substance régénérée par le langage du dessin…” a-t-il déclaré un jour. Et d’ajouter : “Tel un archéologue, je ne cesse de chercher des images-reliques, qu’elles soient issues d’oeuvres cinématographiques, de films Super 8, d’archives ou de mes propres photographies prises lors d’errances nocturnes dans des lieux inhabités”. Considérant que le dessin figé sur le papier n’est qu’un corps restreint, ses oeuvres nous parlent de traits, de traces et d’empreintes mais aussi de clair-obscur inscrits dans un continuum relevant de l’instant. En effet, la démarche artistique de Mathieu Dufois (Photo ci-dessous Crédit@BenjaminJuhel) s’empare de la force rémanente de la mémoire pour dire l’irréversibilité d’un temps porté tantôt par des terrains vagues, des murs recouverts d’affiches, des sites dévastés ou encore des décors urbains faits de dédales saisissants. Le regardeur appréciera ces travaux puissants à la pierre noire livrant des points de vues habités par l’altération et la prospérité. Mais également ces procédés de réalisation plastiques et cinématographiques où les bribes d’un dialecte nouveau puisent leur subjectivité dans des arrêts sur image troublants. On aime tout particulièrement ces matières sonores complexes et ces unités filmiques nous offrant des saynètes mentales - qui traitent avec subtilité du dessein des ombres - aptes à nous faire entrevoir d’énigmatiques fenêtres dont les rideaux sont balayés par le vent mais aussi cette mystérieuse silhouette de femme dansant seule sur fond lugubre de drive in !

CONSTANCE NOUVEL

Dans mon travail, la photographie pourrait se résumer à cette phrase : un monde, une histoire, un jeu. Si je commence à faire résonner l’idée d’un monde, d’une spatialité, l’idée d’une histoire, émerge immédiatement la question du spectateur amenant avec lui une forme de temporalité, une narration et un récit…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Je remets toujours en question le spectateur et la manière dont il se projette dans les images. La sémantique est comme une forme de troisième dimension qui aide la photographie à prendre forme.” Prenant pour point de départ l’analyse critique des caractéristiques de la photographie, ses oeuvres s’appuient sur des sujets pouvant réunir par analogie différents espaces : le photographié, la photographie et le photographique. Douées d’une qualité performative, elles dévoilent les éléments mimétiques de l’image dans un questionnement renvoyant à la non-reproductabilité technique. En effet, la démarche artistique de Constance Nouvel (Photo ci-dessous Crédit@DR) interroge les mécanismes d’assimilation du réel en “conscientisant” le regard. Elle révèle également cette opération saisissante faisant passer la photographie d’une forme de signification à une opération de transition vers l’imagination. Le spectateur appréciera ces superpositions des plans troublantes qui multiplient les échelles pour les rendre complémentaires et perdre finalement les repères. On aime tout particulièrement ces travaux marqués par la préparation préalable d’un terrain lexical et ces prises de vues qui arrivent généralement dès que l’artiste peut sortir du quotidien et avoir un oeil neuf sur ce qui l’entoure. Et qui nous disent en substance que la fresque ou l’art du trompe l’oeil - dans leur approche de la réalité - sont un peu la même chose que la photographie !

MIREILLE BLANC

Je travaille avec une matière épaisse, une patte et j’aime bien être justement à l’entre-deux avec une matière qui pourrait presque être un peu à la limite de l’admissible dans le sens où c’est pas une peinture lisse et il y a là quelque chose qui pourrait tendre vers la croute ou comme les sujets peuvent être à limite d’une forme de mauvais goût avec des objets volontairement kitsch et désuets…” a-t-elle confié dernièrement. Et d’ajouter : “Pour moi l’un des enjeux de la peinture c’est que tout ne se livre pas immédiatement et qu’un doute persiste, qu’il y ait une retenue des images et que le regardeur ne sache pas immédiatement de quoi il s’agit.” Habitées par un sentiment de perte et de sujet qui échappe, ses oeuvres épuisent l’image et fonctionnent dans un processus de plusieurs mises à distance successives par rapport à un objet ou une photographie pris comme point de départ. Puisant leur sens dans la quotidienneté et la banalité du quotidien dont ils extirpent les détails, ses travaux nous parlent d’objets porteurs de failles qui fascinent autant qu’ils dérangent l’artiste. En effet, la démarche artistique de Mireille Blanc (Photo ci-dessous Crédit@VincentFerrane) livre une forme d’étrangeté des objets qui vont être un moment repeints et où un élément en céramique très chargé et très dense peut être “rejoué” avec l’huile avec une matière à la fois épaisse, pâteuse et crémeuse. Elle aborde la question de la finitude avec des objets en proie à leur propre disparition. Le spectateur appréciera ces toiles où le sujet peine à apparaître dans des zones d’indiscernabilité créant des doutes et une tension saisissante. Mais aussi ces récurrences non préméditées appartenant au registre du “passé commun” dans la tonalité du gris prise comme tonalité affective de la mémoire. On aime tout particulièrement cette approche nous renvoyant à cette forme d’image-mémoire dans une peinture indicielle et des univers fragmentaires. Où les indices ne posent pas la question du récit mais célèbrent plutôt des formes de “suspend” soulevant la question du sens à travers la monstration !

CYNTHIA CHARPENTREAU

Je ne me considère pas comme photographe, je suis jamais vraiment à l’aise lorsque je prends des photographies, mais c’est mon médium, mon moyen d’expression. Je ne me sens moi-même que dans le laboratoire, dans la chambre noire, avec la lumière rouge et ces ombres qui surgissent sur le papier photosensible…” a-t-elle confié récemment. Et d’ajouter : “Je ne suis pas passionnée par le réel, ni la question de la vérité. Ni les histoires, ni les scènes, ni les corps, ni les visages… Ce qui me touche c’est ce qui ressort de la lumière, des ombres et de leurs mélanges.” Ne cherchant pas à diriger l’oeil du spectateur mais plutôt à l’interroger, ses oeuvres se penchent sur des trajectoires et des corps dans des jeux de substances et de matériaux entre eux. Elles épuisent l’image en quelque sorte pour faire sortir son essence. En effet la démarche artistique de Cynthia Charpentreau (Photo ci-dessous Crédit@MarieSophieLeturcq) rend palpable ce sentiment d’impossible déjà réalisé via le pouvoir magnétique des images renvoyant à notre propre fragilité. Mais aussi ce trouble naturel face au réel évoquant la permanence de la pierre et ce rapport de l’Homme à ce qui l’entoure. Le regardeur appréciera ce vocabulaire racontant la lente construction du monde, rendant hommage aux textes de Roger Caillois et nous montrant un espace qui se creuse, s’excave et se vide. On aime tout particulièrement cette approche et ces travaux saisissants - se présentant sous la forme de subtiles tirages uniques argentiques sur papier Ilford Baryté - témoignant d’un amour des carrières, des strates géologiques et des roches indivisibles où la poussière de marbre se fait actrice silencieuse des opérations !

PIA RONDÉ & FABIEN SALEIL

Le plus souvent c’est la déambulation ainsi que la pérégrination qui fabriquent notre accumulation. Une rencontre avec un paysage, une situation, une architecture ou encore un corps animal. On parle souvent de ce terme qui est le “paysage hurlant”, sans être dans une documentation directe….” ont-ils expliqué récemment. Et d’ajouter ceci : “Le travail de fond reste toujours le dessin avec la sculpture axée énormément sur le travail du verre. Tous nos processus de fabrication s’inscrivent dans une stratégie d’expérimentation ou d’une nouvelle intention”. Révélant un vocabulaire et une plasticité sacrificiels, leurs oeuvres capturent les énergies du visible dans des visions noires où la spectralité rencontre le miroitement de la forme et l’animalité. Révélant le paradigme inscrit au coeur de leur réflexion, elles nous parlent d’empreintes brumeuses et de manipulations rétiniennes saisissantes. En effet, la démarche artistique de Pia Rondé et de Fabien Saleil (Photo ci-dessous Crédit@HervéHôte) exprime une logique faite de totems, de dédoublements statutaires et d’échos faisant appel au domaine de l’inconscient. Mais aussi d’espaces utopiques où se profilent des structures abstraites fonctionnant en archipels. Le regardeur appréciera ces travaux concentrant des éléments composites qui circonscrivent la représentation. On aime tout particulièrement cette approche semblant être régie par des forces souterraines qui interrogent - dans des techniques inspirées souvent par la gravure - la faculté des images à faire naître la latence. Et cette multiplicité de points de vue dévoilant autant des cités fantômes, des mondes déconstruits que des campagnes noircies par le soleil !